Geoffrey Coupé : « C’est là qu’on se dit que la vie est belle »

Crédit photo Nicolas Berriegts - DirectVelo

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Manager du Team Matériel-velo.com en Belgique, jusqu’à la saison dernière, Geoffrey Coupé a trouvé un autre projet avec lequel fusionner pour continuer son aventure en Continental. Et l’ampleur n’est plus la même, puisque le Belge s’est accordé avec Philippe Wagner, pour monter une structure commune en cette année 2024. Loin les problèmes de budget, Geoffrey Coupé est un homme heureux et très confiant avant d’aborder ce nouvel exercice. De la naissance du projet, ses difficultés dans le passé à la construction de l’effectif actuel, en passant par les ambitions de l’équipe, l’ancien coureur a fait le point avec DirectVelo avant d’entamer la reprise.

DirectVelo : Comment te sens-tu avant la reprise ?
Geoffrey Coupé : Je suis très heureux. Quand on a la chance d'avoir une personne comme Philippe Wagner, avec sa rigueur, sa façon de faire et son cœur, on a envie de se surpasser. Il y a toute une équipe compétente derrière donc on prend un plaisir énorme humainement comme sportivement. C'est là qu'on se dit que la vie est belle (sourire).

Comment en es-tu venu à collaborer avec Philippe Wagner ?
Je suis un passionné de cyclisme, c'est ma vie. Quand j'ai vu que Philippe faisait son équipe en N1, il a fait du bruit. Donc j'ai pris contact avec lui, je me suis présenté et je lui ai demandé s’il voulait être partenaire de mon équipe en Belgique. Il m'a dit pourquoi pas, donc je l'ai rencontré dans les Vosges, on a fait connaissance et on s'est lié d'amitié. Je lui ai expliqué ma vision et on avait la même, donc on s'est dit pourquoi pas travailler ensemble. Avec cette complémentarité entre l'homme d'affaires et le passionné, on arrive à faire du bon travail. On a crée une société, on a réuni d'autres partenaires donc on a un budget important avec un bus, des véhicules, des camions, du super matériel et un budget annuel pour faire le programme qu'on va faire. L'équipe fonctionne comme une société, tout doit être à sa place avec des personnes compétentes dans leur job, et passer des bons moments ensemble.

« DANS MES PRÉCÉDENTES ÉQUIPES, IL FALLAIT TOUJOURS RÉGLER DES CONFLITS »

Dans tes précédentes équipes, tu as parfois connu des difficultés financières…
De mon côté, les choses ont toujours été claires. J'ai des Conti depuis dix ans, avec des budgets plus que limités. C'est simplement pour donner la chance à des jeunes de rouler avec des pros. Donc les jeunes venaient, je leur disais « je n'ai pas de budget, c'est très limité, je mets même de l'argent de ma poche, mais je veux que vous ayez l'opportunité de rouler avec les pros, et peut-être que vous serez repérés ». J'ai toujours dit que le jour où je rencontrerais le partenaire idéal, on évoluerait ensemble. Et comme disait Philippe, il faut rencontrer les bonnes personnes au bon moment, et c'était le cas pour lui et moi.

Tu as forcément dû laisser des coureurs sur le carreau…
C'est malheureux, on ne peut pas faire d'équipe avec 70 coureurs avec l'effectif de Philippe et le mien. On doit faire des choix. On a privilégie les coureurs très motivés, qui ont une éducation, des objectifs, et qui croient en nous. On a donc réussi et on est content de notre recrutement. Autre que les moyens, c'est surtout humain. Les coureurs, on savait qu'on voulait travailler avec eux, et le staff est exceptionnel. Quand on est ensemble on n'a pas l'impression de travailler, on partage, on s'éclate. Ça m'a choqué de rencontrer autant de bonnes personnes, car dans mes précédentes équipes, il fallait toujours régler des conflits. Il y a toujours le mécanicien qui se chamaille avec le soigneur, un coureur qui parle sur un tel. Mais ici ça n'existe pas. Notre mécanicienne, d'ailleurs, a perdu sa maman. Elle nous a dit qu'elle se sentait très bien avec nous, et que sa maman serait très heureuse pour elle, donc qu’elle serait avec nous au stage dès le mercredi, après les obsèques. Ça fait chaud au cœur...

« CE N’EST PAS LE DÉSESPOIR »

Quel est l’objectif pour cette première année ?
On veut gagner. Ce n'est pas par prétention, mais si on fait de la compétition c'est pour gagner. On nous verra dans les échappées, mais en recrutant les frères Barbier qu’on voulait réunir… Un équipier qui amène le sprinteur c'est bien, mais un frère qui amène un frère... Surtout qu'ils ont une vraie relation. C'était le premier recrutement. Ensuite quand on a l'opportunité d'avoir un Alexis Guérin, on s'est dit que c'était jackpot pour nous. On sait les qualités qu'il a, des mecs comme Alan Boileau aussi. Ils ont tous un potentiel. Jacques Decrion est là comme entraineur, on a de quoi faire progresser les coureurs.

Il y a plusieurs coureurs à la relance. N’est-ce pas risqué ?
Les frères Barbier, je ne les vois pas comme à la relance. Quand on voit le passé de Rudy, et Pierre qui est l'avenir du sprint français. Il ne lui manque qu'un déclic, d'avoir des gens qui lui font confiance. Je me rappelle de Pierre à 20 ans qui fait 3e sur une étape de l’Etoile de Bessèges avec Roubaix (en 2019, NDLR), j'étais là avec lui. Après il y a une succession de choses qui l'ont empêché d'exploiter son potentiel. Mais on n'a pas non plus des mecs de 40 ans. On n'a peu d'Espoirs, mais ce n'est pas le désespoir non plus (rires).

« ON POURRAIT DIRE QUE LES BELGES NE FONT PAS RÊVER PAR RAPPORT AUX FRANÇAIS »

Comment as-tu choisi tes Belges ?
Dans mon équipe, j'avais Théo Bonnet, Tristan Scherpenberg, et Enrico Dhaeye que je voulais garder absolument. Ils ont toujours été présents pour moi, je sais qu'on peut compter sur eux, et en plus ils ont bien sûr un potentiel et une marge de progression. Il y a Kasper Saver qui était déjà là l'an dernier, il s'est passé des choses avec lui mais il a eu une prise de conscience. Alors on s'est dit qu'on ne pouvait pas le laisser comme ça. Il y a Stefano Museeuw qui a une génétique, il est fait pour rouler à vélo, il a besoin qu'on lui donne la confiance. J'ai Jens Vandenbogaerde que je veux depuis sept ans. Il y a cinq-six ans il gagnait 30 courses sur l'année, c'était un monstre. Il devait passer dans une WorldTour mais ça ne s'est pas fait, il a travaillé et quand j'ai eu l'opportunité je lui ai dit de venir avec nous. Il y a aussi Mathias Vanoverberghe. Il a gagné des courses l'année passée. Les gens disaient « comment ça se fait qu'il gagne des courses alors qu'avant on ne le voyait pas ». En fait, le gars a perdu 32 kilos, il fait le job maintenant. Sur le papier on pourrait dire que les Belges ne font pas rêver par rapport aux Français, mais c'est un mélange qui va faire que l'équipe va gagner.

Quel serait le rêve à réaliser ?
On va à Sharjah pour gagner, dès la première course. Maintenant on sait que ça roule vite partout. Ça ne rigole pas. Mais à chaque course on ira pour gagner. Il y a forcément des courses qui font rêver... Les 4 Jours de Dunkerque, le Baloise Belgium Tour, les manches de Coupe de France, les ProSeries en Belgique… C'est fort d'être avec les WorldTour, maintenant on est dans la cour des grands. C'est comme si on jouait la Champions League à chaque course, il n'y a pas de niveau plus haut donc c'est fort.

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