Les frères Barbier, enfin réunis

Crédit photo Nicolas Berriegts - DirectVelo

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Pour eux, "c’était une ambition commune". Alors qu’ils partagent cette passion du cyclisme depuis toujours, Pierre et Rudy Barbier n’ont jamais porté les mêmes couleurs. L’anomalie est réparée pour 2024. Les deux frères sprinteurs ont tous les deux rejoint Philippe Wagner-Bazin cet hiver, et vont faire leur rentrée commune au Tour de Sharjah. Et c’est d’abord Pierre qui a eu les sollicitations de la nouvelle structure Conti. "Geoffrey (Coupé, manager, NDLR) m'a expliqué le projet qu'ils avaient avec Philippe (Wagner). Il m'a dit assez rapidement que je serais privilégié et que je pouvais amener un coureur pour me lancer. Ça a fait tilt direct avec Rudy, je lui en ai parlé, et s'il était opérationnel pour partir d'où il était. Il m'a dit qu'il ne se serait pas vu poisson pilote de quelqu'un d'autre pour le moment. Il voulait voir autre chose. Je pense qu'il a de belles années au haut niveau encore. C'est venu comme ça".

Alors que Rudy, l’aîné, a 31 ans, le cadet Pierre, 26 ans, pense alors que c’est l’année ou jamais. "Au début je me suis dit que ça viendrait vite. Finalement les années passent et ce n'est pas le cas. Là je me disais que ça serait une belle opportunité pour Rudy de me rejoindre. Entre l'arrêt de B&B, lui à Auber, les chemins se sont croisés". Après quelques discussions, le binôme est réuni. "On a longuement échangé, je voulais qu'on soit sûr de nos billes. Tous les feux étaient au vert et maintenant on est très contents. Moi j'ai toujours voulu évoluer dans la même équipe que Pierre. Le parcours a parfois été différent, les ambitions aussi. J'avais envie de sprinter, maintenant c'est différent, je me sens dans une période où j'ai envie de voir autre chose, et tout donner pour Pierre et l'équipe", reconnait Rudy.

« LES AUTRES ANNÉES, ON ME VENDAIT DU RÊVE »

Car en effet, tout est déjà clair entre eux. Sauf exceptions, c’est Rudy qui emmènera Pierre. "Il n'y a aucune arrière-pensée. Pierre va plus vite que moi maintenant. C'est lui qui a les capacités d'aller gagner et moi la capacité de l'aider pour ça, c'est clair. Ça va être ça une bonne partie de la saison, voire toute la saison. On est parti sur cette idée et c'est la meilleure". Celui qui aura le leadership est bien d’accord avec son frère, mais il n’est pas sans ignorer que Rudy a encore quelques petites envies dans sa tête. "Je pense en effet que je vais plus vite que mon frère, sourit-il. Mais un sprint reste aléatoire. Il est moins tonique, peut-être, avec l'âge. Mais ça se calque bien sur le fait d'être poisson pilote, c'est un peu bourrin (rires). Il est hyper motivé, on va se donner chacun à fond. Je sais qu'il a quelques courses qui lui tiennent à cœur et où il aimerait faire le sprint, et ça ne me dérange pas. On peut être très complémentaires et faire une belle doublette".

Pierre Barbier est totalement prêt à assumer le rôle de leader. C’est d’ailleurs un statut qu’il cherche depuis de nombreuses années, lui qui n’a pas toujours eu l’impression d’avoir les actes après les paroles. "Les autres années, on me vendait un peu du rêve en me disant que j'aurai un train ou un poisson pilote. Puis au final tu te dis que les semaines et les mois passent et il n'y a rien de concret. Là c'est mon frère, il n'y a pas de question à se poser, à demander tous les quatre matins au mec s'il est toujours chaud pour te lancer. C'est inné. Il n'y a pas une journée où on n'est pas en contact". Ce nouveau rôle de lanceur plaît bien à Rudy. "Moi ça me dégage un peu de pression, ça me va bien, s'amuse-t-il. Mais il a prouvé qu'il pouvait gagner des sprints massifs à plusieurs reprises. Il s'est fait parfois voler des belles victoires, et je n'ai pas peur du mot. J'attends beaucoup de moi-même car j'ai envie de me faire plaisir et de rendre à Philippe et Geoffrey la confiance qu'ils nous ont donnée".

« ON NE SE PARDONNERA PAS BEAUCOUP D’ERREURS »

Mais dans l'univers du sprint où l'égo entre parfois en compte, cette relation privilégiée entre frères, sans arrière-pensée, apporte une certaine pression. Parce que l’équipe Philippe Wagner-Bazin doit faire ses preuves en tant que nouvelle arrivée dans le peloton, et qu’elle attend beaucoup de sa doublette. "C'est une responsabilité, on s'est engagé dans un projet commun et on veut tous les deux bien faire. On est exigeants envers nous-mêmes. On ne se pardonnera pas beaucoup d'erreurs donc on va essayer de ne pas trop en faire", sourit Rudy Barbier. Pierre aborde très sereinement la première à Sharjah, dès ce vendredi. "Je suis assez détendu et très content. C'est peut-être la première fois que je ressens une équipe qui veut fédérer autour de moi pour le sprint. Le programme m'a fait rester encore une année en Conti. J'aurais pu aller dans une ProTeam étrangère mais j'ai préféré adhérer à ce projet".

Chacun se sent bien à l’heure concernant la préparation. "Je suis dans les temps de passage. J'ai prévu d'être en forme dès le début de saison pour lancer Pierre dans les meilleures dispositions. L'équipe est derrière nous, elle met beaucoup de choses en place, on va être très reconnaissants par rapport à ça", note Rudy. Pierre utilise d’ailleurs la même expression, "dans les temps de passage". Après Sharjah, il y aura d’autres opportunités au Tour de la Provence, ou sur les semi-Classiques belges. "Elles m’ont toujours bien réussi, avec des arrivées à 30-40. Il y a aussi les 4 Jours de Dunkerque, le Tour de Belgique et d’autres grosses courses où l’équipe m’attend, ajoute l’ancien coureur de Delko. Je vois plus sur le long terme maintenant. Être ProTeam rapidement va résulter des performances de l'équipe, donc je suis hyper motivé à ramener des points, des victoires, et qu'on passe très vite à l'échelon du dessus". Et toujours bien accompagné, avec Rudy à ses côtés.

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