Alan Boileau : « J’ai fait une croix sur le passé »

Crédit photo Nicolas Berriegts - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Berriegts - DirectVelo

Le 14 mai dernier, à Orléans, au soir de la dernière étape du Tour du Loiret, Alan Boileau pose son vélo après en avoir terminé avec l’épreuve par étapes Elite Nationale. Outre une 2e place au Grand Prix de Saint-Etienne Loire et un Top 10 sur une épreuve des Boucles du Haut-Var, celui qui porte alors les couleurs du VC Rouen 76 conclut une nouvelle course sans grands éclats. Alan Boileau ne reviendra alors plus en compétition de toute l’année. Après un passage en Martinique où il a été empêché de courir, c’est vers l’athlétisme et le semi-marathon qu’il s’oriente, pensant bien mettre un point final à sa carrière de coureur cycliste. Mais le quadruple vainqueur d’étape au Tour du Rwanda encaisse les coups, entre l’arrêt prématuré de B&B Hôtels et ce passage raté chez les amateurs, et lorsque son téléphone sonne, le garçon de 24 ans n’hésite pas. Le voilà de retour comme professionnel, sous les couleurs de Philippe Wagner-Bazin. Avant de reprendre au GP de Marseille-La Marseillaise, Alan Boileau s’est confié à DirectVelo sur ses galères des dernières années, jusqu’à son retour dans les pelotons, lui qui admet revenir avec un tout autre visage, plus mature et plus posé.

DirectVelo : Dans quel état d’esprit abordes-tu la reprise ?
Alan Boileau : C'était une reprise anticipée, j'ai repris ma préparation avant octobre. J'ai fait des premiers stages en juillet pour rencontrer le staff et faire quelques exercices, car j'ai eu une petite coupure. J'ai repris le vélo solide dès octobre, avant de partir en stage perso aux Canaries en novembre. La saison a été courte l'an dernier mais la prépa est dure l'hiver donc j'ai soufflé. Je suis gonflé à bloc, physiquement je me sens bien, moralement aussi, donc j'aimerais que ça soit le cas durant la saison aussi.

Comment es-tu arrivé ici ?
J'ai reçu un coup de fil un peu imprévu, à 22 ou 23h, pour me dire que le lendemain j'avais une réunion avec monsieur Wagner pour savoir si je pourrais faire partie de l'équipe. C'est un ami qui m'a parlé de ça. Ça s'est fait sur une semaine, on était d'accord. Je voulais faire du vélo, c'était une occasion inouïe pour remonter en selle. J'avais fait de bons résultats, je sors du milieu pro malgré mon escapade en amateur. Donc je dois être un profil intéressant pour l'équipe aussi. Je n'ai que deux ans chez les pros mais j'ai un peu d'expérience à apporter quand même.

« LE CUMUL A FAIT QUE MORALEMENT CE N’ÉTAIT PAS ÇA »

Justement, ce passage chez les amateurs a été très compliqué…
J'ai eu un premier contact avec le VC Rouen 76, puis un deuxième avec la N1 de Philippe Wagner. C'était un peu loin géographiquement pour moi. Je suis du fin fond de la Bretagne, donc je me suis rapproché de Rouen. C'est la première venue vers moi aussi, qui avait envie de me voir sur le vélo, donc j'ai dit oui tout de suite. Mais il y avait les séquelles de l'arrêt de B&B, des problèmes personnels aussi, des chutes, une saison pas incroyable... Le cumul a fait que moralement ce n'était pas vraiment ça... J'avais 4h30 de route chaque week-end pour courir. Je n'avais pas pensé à tout ça et c'est ce qui a fait qu'après le Tour du Loiret j'ai coupé à ce moment.

Que s’est-il passé pour toi ensuite ?
Je suis allé faire un mois plaisir en Martinique. J'ai voulu faire des courses là-bas mais je n'en ai pas eu l'occasion. Je suis donc rentré en me disant que j'allais raccrocher. Je suis alors parti dans l'athlétisme. J'ai fait deux ou trois mois et c'est là que j'ai eu l'appel de l'équipe qui a fait que j'ai posé les chaussures et que je suis remonté sur le vélo pour la préparation. Tout se passe bien donc on a envie de croire qu'on aura une bonne année.

Ton parcours est escarpé depuis deux saisons… Comment as-tu gardé le cap ?
C'est un peu comme un marteau et un pieu. On tape, on tape, on tape et au bout d'un moment c'est au fond (sourire). C'est une année que j'ai complètement oubliée. Dès que l'équipe m'a appelé, j'ai fait une croix sur le passé. Tout ce qui s’est passé avant, c'est le passé, je regarde devant. J'ai essayé d'oublier toutes ces mauvaises histoires et je n'ai que des ondes positives autour de moi pour que tout se passe bien. Et si on fait tout bien, on n'a pas de regrets derrière.

« J’AI PRIS CONSCIENCE DE PLEIN DE CHOSES »

Est-ce que ces galères t'ont finalement changé ?
C'est sûr. Je suis arrivé à 21-22 ans chez les pros, avec peut-être un léger manque de maturité pour ce niveau. Il faut être prêt. Le monde professionnel, c'est quelque chose. L'an dernier a été difficile mais en même temps c'est l'année qui m'a fait prendre conscience que c'était le métier que je voulais faire. C'est un beau métier, il faut travailler, être appliqué chaque jour. Pour l'instant je m'y tiens. J'ai pris conscience de plein de choses sur le vélo et en dehors. Tout doit être parfait pour réussir.

Quel est ton objectif cette année ?
Le Grand Prix de La Marseillaise me correspond bien, déjà. Je ne sais pas exactement où j'en suis, c'est difficile par rapport aux autres. Je me sens bien, j'ai envie de faire bien. J'aimerais être à l'avant. Je ne vais pas m'enflammer mais j'aimerais bien jouer devant. Le programme n'est pas trop défini, je sais que je fais la Provence après. Il y a certaines courses qui doivent encore être validées mais le calendrier se fournit tranquillement.

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