Valentin Madouas : « Prendre des risques »

Crédit photo Nicolas Gotz - Groupama-FDJ

Crédit photo Nicolas Gotz - Groupama-FDJ

Champion de France au terme d’un remarquable numéro puis lauréat à Plouay, sur ses terres bretonnes, Valentin Madouas semble avoir franchi un nouveau palier l’an passé. Le puncheur de la Groupama-FDJ n’a désormais plus qu’une marche à franchir : celle d’un succès sur un Monument du cyclisme - 3e du Tour des Flandres il y a deux ans - et/ou d’une victoire d’étape sur le Tour de France. En attendant, c’est en Drôme-Ardèche qu’il compte bien lever les bras une première fois en 2024. Entretien avec un coureur plus serein et confiant qu’il ne l’a jamais été.

DirectVelo : Tu as lancé ta saison avec un Top 5 au Tour de Murcie puis une chute au Portugal…
Valentin Madouas : Globalement, ça va, tout se passe bien. Les jambes répondent bien, je ne suis pas mécontent. Je suis malheureusement tombé sur la première étape du Tour d’Algarve (2.Pro) mais ça allait quand même de mieux en mieux au fil des étapes puis je suis retombé le dernier jour. J’ai été touché au niveau du sacrum. J’ai fait des radios en début de semaine, il n’y a rien de cassé.

Tu reviens sur les Boucles Drôme-Ardèche pour la première fois depuis 2020. Dans la peau de l’un des favoris ?
Je suis ambitieux. Si je viens ici, c’est clairement pour faire une très bonne performance. L’idée, c’est d’essayer d’en gagner une des deux. Ce sont des courses qui me correspondent et que j’apprécie, même si c’est vrai que je n’y suis pas venu depuis quelques temps. Pour autant, il n’y a pas trop de pression. Je veux gagner mais il ne faut pas oublier que je reste en phase de préparation pour les Classiques qui arrivent. J’ai voulu venir en Drôme-Ardèche car j’ai décidé de courir un tout petit peu plus cette année, même si l’idée est d’arriver en top forme un peu plus tard. La météo ne sera peut-être pas folle, surtout dimanche, mais ça ne sera pas pire que l’an passé. Je n’étais pas là mais j’avais bien suivi les courses à la télé. Je connais ces deux parcours.

« GAGNER PLUS SOUVENT »

Comme l’an passé, tes apparitions en France seront rares en compétition…
Il y aura aussi le Dauphiné, normalement, et peut-être quelques manches de Coupe de France. En plus du Tour de France, bien sûr. J’aime courir en France. Ce sont des courses avec beaucoup de mouvements.

Après ta victoire à Plouay, et avec ce maillot tricolore sur le dos, te sens-tu prêt à assumer encore plus de responsabilités que tu n’en avais déjà ?
Totalement. Ma victoire sur le Championnat de France a libéré pas mal de choses en moi l’an dernier. Bizarrement, je me sens beaucoup plus serein qu’avant. J’ai moins de pression. Je me sens bien, tout simplement. Je sais ce qu’il faut que je fasse pour arriver au haut-niveau. Je connais mes temps de passage et ça me permet de construire une base solide et de moins me stresser en début de saison. Je sais que quand tous les voyants sont au vert, je peux performer sur les plus belles courses du calendrier. Le fait d’avoir gagné un Championnat de France et Plouay, ça m’a permis de créer des repères et d'emmagasiner de la confiance. C’est important.

Que faut-il encore travailler pour monter la toute dernière marche, celle qui doit te permettre de gagner un Monument, une étape du Tour, un titre Mondial… ?
Je considère que quand tu fais 2 des Strade Bianche, 3 des Flandres, 4 à Montréal, 5 à Liège, tu as déjà le niveau pour les gagner. Mais il manque forcément un petit quelque chose, que ce soit physique ou dans la façon d’aborder les compétitions, tactiquement aussi. Je sais que je ne fais pas partie des plus grands champions qui gagnent régulièrement sur les plus belles courses. Je ne peux pas gagner quatre ou cinq énormes courses dans l’année mais je peux en gagner une ou deux et ce serait déjà beau. Plus généralement, je veux gagner plus souvent. Pour ça, il faut que j’arrive à bien cibler et que je cherche à être encore plus fort. C’est à moi de courir plus juste pour faire la différence.

« JE ME DEMANDAIS CE QU’IL ME MANQUAIT »

Cette sérénité, cette confiance en toi que tu évoquais précédemment, c’est aussi peut-être ce qui va faire la différence ?
Je l’espère. Je sais que la base, je l’ai désormais. Je l’ai montré l’année dernière. Je peux le faire et le refaire, j’en suis convaincu. Avant, j’étais sans cesse dans le doute, en train d’essayer de me prouver que j’en étais capable, que je pouvais gagner des Classiques. Je me demandais ce qu’il me manquait. Plus maintenant.

Tu évoquais le fait de vouloir gagner plus souvent mais avec un calendrier fait quasi exclusivement de courses WorldTour, c’est forcément plus compliqué ! 
Ça c'est sûr ! Pourtant, j’ai une très bonne pointe de vitesse mais quand tu te retrouves face à des Pogacar, Van der Poel ou van Aert, il faut y aller pour les battre (rire). Si je veux les battre, je dois devenir encore un peu plus fort mais aussi prendre des risques. J’en reviens à ce que je disais précédemment : je dois courir plus juste, sentir la course et donc prendre des risques, je dois passer par là. Peut-être que je vais me planter quatre fois sur cinq, mais si ça passe une fois… En tout cas, c’est mon état d’esprit et la façon dont je vois les choses pour 2024.

Physiquement, quels petits détails travailles-tu encore ?
Tous les à-côtés, notamment. Le physique et le mental sont liés, déjà, donc si tu te fixes des objectifs plus élevés, si tu es plus serein, tu t’approches naturellement d’une progression. Pour le reste, ça passe par faire encore plus le job. Attention, je ne dis pas que je ne le faisais pas jusqu’à maintenant. Mais je peux toujours essayer d’aller chercher encore plus loin. Des petits détails, comme le fait d’aller au lit encore 20 minutes plus tôt, de manger encore mieux… Je fais déjà tout très bien mais je vise encore plus haut. Et là, je pourrai peut-être battre les plus grands.  

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