Audrey Cordon-Ragot : « C’est ce qu’il me manquait »

Crédit photo Thomas Maheux

Crédit photo Thomas Maheux

C’est une victoire marquante qu’elle ne risque pas d’oublier. Vendredi dernier, Audrey Cordon-Ragot a remporté le Drentse Acht van Westerveld et décroche ainsi, à 29 ans, son premier succès UCI hors du territoire français. La Bretonne n’avait plus levé les bras sur une course de ce niveau depuis sa deuxième victoire à Cholet-Pays de la Loire, en 2015. “Enfin ! Je l’attendais !”, se réjouit-elle auprès de DirectVelo, heureuse et fière de ce succès. “Quand on gagne des chronos, on n’a pas la possibilité de lever les bras. Là, j’ai pu savourer et c’était un grand moment”, rappelle la quadruple Championne de France du contre-la-montre en titre.

« SUR LE COUP, CA ME FAISAIT CHIER D’Y ALLER »

Quelques jours avant l’épreuve, pourtant, la sociétaire de la formation Trek-Segafredo ne risquait pas de se rêver en lauréate sur les terres bataves, elle qui ne devait même pas participer. “J’ai été appelée en remplacement car plusieurs filles étaient malades. Sur le coup, ça me faisait chier d’y aller”, admet-elle avec sa franchise habituelle. “Sur ces courses-là, c’est toujours pareil : il ne fait pas beau, il y a du vent, des bordures, et si tu ne prends pas le bon wagon, tu passes une journée de merde… Tu ressors toujours cramée de ces courses-là, il n’y a pas moyen de passer deux heures tranquille dans les roues”. Mais cette fois-ci, tout s’est bien passé pour celle qui a fini par se retrouver dans la bonne offensive de huit concurrentes, parmi lesquelles sa coéquipière néerlandaise Ellen Van Dijk. Une aubaine. “Elle a tenté mais elle était très surveillée. Puis quand j’ai essayé d’y aller et personne n’a pris ma roue. J’ai profité de mon statut de second couteau”.

Sur le coup, Audrey Cordon-Ragot regrette alors de se retrouver seule à l’avant, par crainte de ne pas pouvoir tenir sur les dix derniers kilomètres de course. “Il y avait tellement de vent que ce n’était pas facile”. Mais les autres concurrentes finissent par s’enterrer à l’arrière, grâce notamment au travail d’Ellen Van Dijk pour contrôler la fugue de sa coéquipière française, finalement triomphante en solitaire. “Quand je regarde les autres sports, je suis toujours pour le petit poucet. J’adore quand les « petits » battent les « gros ». Cette fois, c’est moi le petit poucet qui a battu les meilleures”, sourit-elle.

« L'ÉMOTION D’UNE VICTOIRE FAIT OUBLIER TOUS LES MOMENTS NÉGATIFS »

Évidemment très satisfaite, la Costarmoricaine dit avoir reçu beaucoup de messages de félicitations, notamment de la part de quelques-unes de ses habituelles adversaires. “Je ne m’attendais pas à ça, mais ces marques d’attention m’ont touchée. Je pense que beaucoup ne s’attendaient pas à ce que je gagne une course comme celle-là”. Elle promet pourtant ne pas être restée longtemps dans l’euphorie de cette victoire. “Dès le soir même, je pensais déjà à la course de dimanche, comme je me sens très bien en ce moment. Je voulais surfer sur cette vague”. Encore très en jambes au Tour de Drenthe, en WorldTour, elle a vu Ellen Van Dijk prendre la troisième place. “On aurait pu faire mieux”, lâche-t-elle, malgré ce nouveau podium pour son équipe.

L’ancienne lauréate du Tour de Bretagne 2013 est ressortie de ce week-end néerlandais le moral gonflé à bloc. “Cette victoire, c’était le moyen pour moi de montrer que l’on finit toujours par être récompensée de ses efforts. Si on m’avait dit, le matin-même, que j’allais gagner, je n’y aurais pas cru. Mais j’ai travaillé dur pour ça. L’émotion d’une victoire fait oublier tous les moments négatifs qu’il a pu y avoir auparavant”. Audrey Cordon-Ragot sait aussi qu’elle a sûrement marqué les esprits, notamment des membres de son propre staff. “C’est vraiment le point positif de cette victoire, ce qu’il me manquait ! Ils ont vu que j’étais forte et capable de gagner. Tout le monde sait maintenant que ça peut valoir le coup de me protéger quand je marche bien. Parler, c’est bien, mais montrer sur le terrain, à la pédale, que l’on peut faire de belles choses, c’est mieux”.

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