On a retrouvé... Thomas Boulongne

Crédit photo Alexanne Bonnier

Crédit photo Alexanne Bonnier

Thomas Boulongne a tourné la page. Depuis six mois, il a fait le pari de prendre un nouveau départ et de s'expatrier aux États-Unis. Désormais installé à New York et développeur web, ses années vélo semblent loin. Lauréat d'une manche du Challenge national de cyclo-cross à Quelneuc en 2008, chez les Cadets, ou encore 3e du Tour Nivernais Morvan sous les couleurs du SCO Dijon, l'ancien coureur de 27 ans a définitivement raccroché fin 2014. Il a évoqué sa nouvelle vie auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Tu as totalement changé de vie depuis ta dernière course, en 2014 !
Thomas Boulongne : Oui, je vis à New York. Je suis développeur web. Quand j'étais coureur, j'étais encore en études. J'étais à Dijon pour suivre un DUT informatique. J’apprenais à être développeur. J'avais des aménagements horaires pour concilier les deux. Fin 2014, j'ai arrêté le vélo. J'avais trouvé ma voie professionnelle et j'en savais plus sur ce que je voulais faire. J'ai choisi de me spécialiser dans l'informatique et le développement web.

À quoi ressemble ce quotidien new-yorkais ?
Je suis arrivé à New York il y a six mois. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, mon quotidien ressemble assez à ce que l'on peut trouver en France. J'ai un job à plein temps, mais c'est surtout la culture qui change. C'est différent dans la façon dont elle fonctionne.

« UNE SORTE DE DÉMESURE »

Par exemple ?
Quand je pense à New York, c'est l'ouverture d’esprit des gens qui me vient à l'idée. Ils le sont plus qu'en Europe. Il y a également une sorte de démesure dans tout les domaines, que ça soit sur le plan professionnel avec les contrats ou dans la vie quotidienne. On dit souvent que New York est la ville qui ne dort jamais. C'est vrai. Là-bas, tout est possible. Tu peux croiser n'importe quel type de personne.

Comment t'es-tu retrouvé aux États-Unis ?
J'ai décidé de faire le ''jump'' vers les États-Unis après avoir obtenu mon master en design interactif, en 2018. Ça fait déjà un an et demi. Je me disais que je voulais bouger à l'étranger après mes études pour améliorer mon anglais et découvrir autre chose. C'est grâce à une banale recherche d'emploi que j'ai eu cette opportunité. En tant que Français, on a la chance d'être assez recherché dans ce milieu professionnel. C'est bien.

As-tu hésité à partir de France ?
Dans mon milieu, c'est de plus en plus répandu de voyager à l'étranger. Ça ouvre de nouvelles portes et ça donne un autre type d'expérience. En plus, le marché de l’emploi dans le domaine des nouvelles technologies est clairement plus avantageux aux États-Unis.

« AU JOUR LE JOUR »

Ta nouvelle vie te plaît ?
Ça me plaît. J'ai une chance énorme : celle de faire un métier qui me plaît vraiment. Quand je bosse, je suis content, c'est ce que j'aime faire. Je le fais dans une culture qui me plaît. Je découvre de nouvelles choses.

Comment imagines-tu ton avenir ?
Pour le moment, je vis cette aventure au jour le jour. Toutefois, la contrainte des visas existe. Actuellement, j'ai un visa qui dure encore un an. Après, il faudra voir si je change de visa ou pas. Ça met mon avenir en perspective. De tout façon, même si je ne reste pas aux États-Unis, j'irai ensuite découvrir un autre pays. Pourquoi pas la Norvège ou le Danemark. Je suis loin de me projeter sur du long terme. J'ai encore les yeux écarquillés quand je découvre de nouvelles choses. Là-bas, les gens disent que tu deviens un vrai New-yorkais en dix ans. Dans cette ville, tout se renouvelle en permanence. C'est impossible d'en faire le tour en intégralité.

Et le vélo dans tout ça ?
Je continue à suivre l'actualité, mais je ne pratique pas. À l'heure actuelle, je n'ai pas de vélo. Je réfléchis à l'idée d'en prendre un pour aller au boulot, mais également pour faire des petites sorties là-bas. Juste pour le plaisir.

« JE ME DEMANDE SI ÇA VAUDRAIT VRAIMENT LE COUP »

C'est possible à New-York ?
Il y a plusieurs possibilités. Si c'est sortir pour sortir, tu peux aller dans des parcs comme Central Park ou Prospect Park, à Brooklyn. Il y a des tours qui y sont aménagés. Un tour équivaut à presque dix kilomètres. Sinon, pour faire des sorties plus longues, davantage dans la campagne, c'est compliqué de sortir de la ville, mais j'ai entendu dire que ça peut se faire. Là-bas, les routes et les itinéraires sont directs. Tu suis un panneau et c'est tout droit pendant vingt kilomètres. Je n'ai pas eu encore l'occasion de sortir sur les routes de campagne depuis que je suis arrivé. Par contre, en ce qui concerne le cyclo-cross, c'est encore plus compliqué (rire).

Les compétitions et les pelotons te manquent-ils ?
Parfois, la compétition me manque, surtout quand je regarde les courses à la TV. Ce sont des sacrées sensations que d'être dans la course. J'ai toujours été compétiteur, mais quand je repense à tous les entraînements que ça nécessitait et que ça nécessiterait pour recourir, je me demande si ça vaudrait vraiment le coup.

Tu n'as donc jamais cherché à reprendre ?
J'ai fini pratiquement en burn-out. Une fois que j'ai arrêté, je n'ai pas retouché un vélo pendant trois ans. Puis, je suis remonté sur l'un de mes anciens vélos pour partir rouler à droite à gauche. Maintenant, c'est beaucoup moins facile de rouler sans les horaires aménagés.

« LE VÉLO M'A TELLEMENT APPORTÉ »

Tu parles de burn-out...
C'est vrai que ça ne s'est pas forcément bien fini. J'en étais arrivé à un point où j'évoluais au haut niveau amateur. Quand j'ai eu l'opportunité d'avoir des horaires aménagés, je me suis rendu compte que je ne me voyais pas forcément faire ça pendant dix ans. Dans le même temps, mes études me plaisaient de plus en plus, donc je ne savais pas trop où j'en étais. Comme ce glissement s'est produit en début de saison, je n'ai pas voulu laisser tomber le club. Je me suis forcé à rouler. À la fin, je ne me faisais plus vraiment plaisir. Ça ne s'est pas très bien terminé, mais je n'en garde pas un très mauvais souvenir. C'est arrivé et c'est comme ça.

Que gardes-tu de ton expérience dans le cyclisme ?

Le vélo m'a tellement apporté... C'est vraiment ce qui m'a fait grandir. Je me rends de plus en plus compte que le vélo m'a permis d'améliorer ma résistance au stress. J'ai appris à le maîtriser au fil des courses. J'ai compris que ça ne servait à rien de stresser en ce qui concernait des paramètres que l'on ne le maîtrisait pas. J'ai également appris la vie en collectivité. Avec le vélo, on apprend à vivre ensemble et à respecter les autres. Parfois, dans la vie active, je me demande comment certains collègues peuvent se comporter de la façon dont ils se comportent. Moi, je sais que si je me comporte comme je le fais, c'est parce que j'ai eu le vélo. 

Tu ne gardes donc aucun regret ?

C'était une très belle période de ma vie. Je ne remercierai jamais assez mes parents pour tous les sacrifices qu'ils ont faits et de m'avoir accompagné sur toutes ces courses. Au final, c'est ce qui m'a construit et c'est ce qui fait ce que je suis aujourd'hui. Le vélo, ça ne correspondait pas à ce que je voulais être comme personne. Pour autant, je n'ai aucun regret, ce n'était presque que du bonheur.



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