Tour de Savoie Mont-Blanc : « Soyons contents d'être là »

Crédit photo Christian Cosserat - DirectVelo

Crédit photo Christian Cosserat - DirectVelo

C’est l’une des courses de Classe 2 montagneuses qui reste au calendrier et qui va donner une bonne occasion aux grimpeurs qui souhaitent faire parler d’eux de briller. Le Tour de Savoie Mont-Blanc (2.2) démarre ce mercredi, pour quatre jours de compétition dans les montagnes alpestres. Nouvel organisateur de l’épreuve, Pierre-Maurice Courtade explique à DirectVelo toutes les contraintes pour organiser une course dans les conditions actuelles. Entre la joie de pouvoir donner le coup d’envoi, et les inquiétudes pour l’avenir.

DirectVelo : Dans quel état d'esprit es-tu avec tout ce qui s'est passé ?
Pierre-Maurice Courtade : Déjà c'est une satisfaction d'être là. Beaucoup de confrères auraient aimé que leur épreuve se tienne. Nous, on est là. Le contexte est très particulier. Mais il aurait été impensable de ne pas partir cette année.

As-tu hésité quand même ?
Bien sûr, depuis cinq mois. Il n'y a pas un jour où je ne me suis pas posé la question de savoir s'il fallait partir ou non. Quand on est organisateur, on peut attendre de nos instances, mais on doit contribuer aussi au futur. Ce ne sont pas que les équipes et les coureurs. Je ne pense pas forcément à des ProTeams qui courront quoiqu'il en soit. Mais je pense aux N1 surtout. Si on avait annulé le Savoie, que leur aurait-il resté comme grandes courses ? Je pense aussi aux Espoirs, avec le Tour de l'Avenir qui ne part pas. On est donc satisfait, nous, de pouvoir partir.

« CROISER LES DOIGTS POUR LES QUATRE JOURS »

Quelles ont été les principales difficultés ces derniers jours ?
C'est l'évolution de la situation. Depuis une semaine, on voit que les problèmes reprennent. On voit ce qui se passe dans l'actualité. Alors on se dit "est-ce que ça va exploser vers chez nous ? Est-ce qu'on va pouvoir partir ?". Maintenant on y est, et il ne reste plus qu'à croiser les doigts pour les quatre jours à venir. Qu'il n'y ait pas de problèmes pendant les étapes.

Gérer tous ces soucis a dû être une première pour toi ?
C'est un peu particulier car on a une autre épreuve qui s'est tenue cette année. On est passé proche de la catastrophe avec le Tour de la Provence. Quand on a repris l'organisation du Savoie, si ça n'avait tenu qu'à moi, je me serais posé la question de tenir l’épreuve. Après il y a un travail de 25 ans de Nathalie et Patrice Pion, il fallait se battre pour eux.

Que change le covid, notamment au niveau du budget ?
C'est plus de budget bien sûr. Deux partenaires qui ne s'engagent plus, dont une institution. Ce sont des contraintes de dépenser plus, avec des recettes qui baissent. On sait qu'on sera déficitaire. Ma société Live For Event - PMC Consultants veut le prendre en charge. Parce que c'est une obligation pour le cyclisme de contribuer à ça. Ensuite on espère que tout le monde s'en souviendra l'année prochaine.

« DES ANNONCES DANS PEU DE TEMPS »

Tu es à la tête de deux courses, le Tour de la Provence nécessite beaucoup de préparation et la situation est inconnue pour l'année prochaine, tu penses au jour le jour ou tu réfléchis déjà à la suite ?
On a deux courses de vélo, mais on a aussi d'autres événements. On a d'ailleurs dû en annuler un. On travaille sur le Grand Prix de France de Formule 1. On n'a pas eu le choix d'annuler. On a un concours de pétanque dans trois semaines, avec 3000 participants. Donc les contraintes vont être aussi lourdes. Pour en revenir au vélo, le Tour de la Provence, c'est un an de préparation. C'est aussi un journal qui porte l'événement. Avec le Covid, ils ont d'autres problèmes à gérer que la course. Donc on a trouvé un accord avec l'actionnaire et le groupe pour pérenniser la course, il y aura des annonces dans peu de temps. Ma société va encore plus s'impliquer dans l'organisation. On travaille dès maintenant car il faut trouver les villes d'abord, trouver les partenaires qui sont pour certains en difficulté dès début août. Puis qu'est-ce que deviendra le vélo d’ici février ?

Au Tour de Savoie Mont-Blanc, il y a des choses que tu n'as pas pu mettre en place ?
Bien sûr, on fait un Savoie à 50% de ce qu'on aurait aimé. Ce n'est pas une déception car pouvoir partir est déjà un soulagement. Mais on ne fait pas la moitié de ce qu'on voulait. Soyons contents d'être là. On voulait plus communiquer, faire plus de réceptif. On voulait apporter notre touche. On va sauver les meubles cette année car c'est primordial. On doit réussir à ce que tout se passe bien.

« S’INTERROGER SUR 2021 »

On imagine que ça ira mieux samedi soir...
Je ne sais pas si c'est samedi soir que ça ira mieux (rires). Mais on va tâcher de donner du plaisir à tout le monde. Je pense que là on est parti. Mais il ne faudrait pas qu'il y ait un gros problème. Tout le protocole est mis en place pour respecter les règles de l'UCI, mais on a en plus ajouté des éléments. Tout notre personnel a été testé. On a la chance de travailler avec la F1 qui nous a apporté des idées de mesures supplémentaires. Dans une ou deux semaines, il faudra s'interroger sur 2021. L'épreuve sera toujours là, mais il y aura sans doute des formats retravaillés.

À quel niveau ? On a entendu parler d'un passage en Classe 1...
Clairement, ma vision a été de faire un clône du Tour de la Provence dans les Alpes. Mais une chose qu'on n’a pas maitrisée et qu'ont fait Nathalie et Patrice pendant des années, c'est le côté dénicheur de talents. J'ai une passion du vélo, je suis collectionneur. Je connais l'univers pro, mais l'univers amateur, c'était un néant. Je connais le CC Etupes car je suis originaire de Franche-Comté et l'AVC Aix parce que c'est un club à côté de chez moi. Sans davantage de notions. Mais quand je vois le poids et le rôle qu'a cette épreuve pour les amateurs et les jeunes, ça a complètement changé notre philosophie. Et je pense qu'on va rester en Classe 2. On a des idées, mais on va voir comment va se passer la rentrée et l'avenir du cyclisme. Beaucoup de choses peuvent se passer tant que le Tour n'est pas terminé. Cette année, on perd de l'argent, mais ça ne pourra pas durer trois ans. On va rester sur quatre jours mais réfléchir au format.

Qu'appelles-tu "format" à faire évoluer ?
C'est que ce Tour se tient sur deux départements. Car il y avait un partenariat avec Savoie Mont-Blanc. Ce partenariat n'a pas été renouvelé cette année, donc on doit trouver un partenaire qui va les remplacer. Ça peut être d'autres secteurs qu'eux. On a eu un gros soutien de la région qui a joué le jeu. Laurent Wauquiez est venu nous soutenir. Il a reconnu le chrono du Revard avec Patrice et moi. Ça fait chaud au cœur, et ça n'est pas par rapport à la politique. Mais quand un élu prend le temps de venir faire un repérage, nous soutient financièrement, et dit dans une interview qu'il est avec nous, ça fait vraiment plaisir. Le format peut évoluer sur d'autres départements limitrophes. On a une idée... On va voir si elle peut se tenir ou pas. Et on souhaite ajouter deux épreuves de vélo, dont une qui serait avec le Tour de Savoie Mont-Blanc.

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