La cérémonie protocolaire du Tour de Luxembourg suit son ordre logique ce jeudi. John Degenkolb (Lotto-Soudal), vainqueur d'étape, Eduard-Michael Grosu (Nippo-Delko Provence KTM) pour le maillot jaune et le vert. En attendant l'arrivée de Vincenzo Albanese (Bardiani-CSF Faizanè) pour la tunique du meilleur jeune, le speaker de l'épreuve Ed Buchette appelle Jan Petelin sur le podium pour recevoir le prix du coureur le plus sympathique. Une première dans le vélo ? Non, ce genre de récompense, appelée le prix de l'amabilité, était également attribuée dans les années 70-80 au Tour de France. "Je me souviens l'avoir aussi fait il y a quelques années au Tour de Thuringe féminin", se souvient le commissaire UCI Erwin Kistemaker à DirectVelo.

D'ailleurs, l'épreuve luxembourgeoise n'en est pas à son coup d'essai. "On avait déjà remis ce genre de prix il y a quelques années. On a aussi fait le prix du plus élégant. Mais on trouvait que c'était important de réintroduire cette récompense", soutient Ed Buchette qui coiffe aussi la casquette de secrétaire général adjoint de l'épreuve. Ce prix est en effet lié à une oeuvre caritative. "Nous avons déjà soutenu les enfants atteints du cancer et l'UNICEF. Durant cette année covid-19, beaucoup de gens ont souffert et on trouvait normal de faire un petit geste". Nouveauté cette année : le coureur peut garder les 300 euros pour lui ou les remettre à une association de son choix. De plus, Ed Buchette estime que ce prix incarne des valeurs humaines essentielles. "Le vélo, ce n'est pas que des résultats. Il y a le respect mutuel, la chaleur humaine et c'est un peu la symbolique de cette récompense. Cela n'a rien à voir avec le déroulement sportif". 

LE LAURÉAT DÉSIGNÉ À LA MAJORITÉ

Reste à savoir quel coureur désigner. "Cela peut être très simple. Il suffit de parler avec un coureur avant ou pendant la course et cela ne va toujours plus loin que cela. Ce n'est pas comme si on donnait 3-2-1 points durant l'étape", souligne Erwin Kistemaker. Sur ce Tour de Luxembourg, l'organisation est en charge du prix. "Plusieurs membres du comité, dont moi-même soumettent une idée et le vainqueur l'emporte à la majorité. Si un spectateur vient me voir et me souffle : « Je viens chaque année pour voir un tel car il est toujours disponible », on peut le sélectionner et ainsi faire plaisir au public". Et donc ce jeudi, le prix est revenu au Luxembourgeois Jan Petelin. Le coureur de Vini-Zabu a vécu une journée difficile dans les bosses luxembourgeoises.  Il ne s'attendait pas aux honneurs de fin d'étape. "J'ai été en difficulté et cela se termine bien. A l'arrivée, un membre de l'organisation est venu me voir en me disant que je devais aller au podium. Je me demandais pourquoi". Un geste apprécié par l'ancien coureur de Differdange-Losch. "Une fois de temps en temps, c'est sympa pour le public. Dans une année spéciale, c'est toujours un petit souvenir".

Ed Buchette explique le choix de Jan Petelin pour ce jeudi. "Il s'est battu dans la vie. Il y a deux ans, il était chez Differdange-Losch. L'équipe a arrêté. Il a réussi à trouver une équipe en Italie. C'est un combattant sympathique. Dans la vie quand il y a un problème, il n'hésite pas à m'envoyer un message sur WhatsApp". Lors de la première étape, le prix est revenu à Philippe Gilbert. "Sans les champions, que sont les organisateurs ? C'est déjà en soi un geste pour le remercier d'être au départ. Après sa lourde chute au Tour de France, il est déjà de nouveau sur pied. Il pouvait faire l'impasse sur notre épreuve. Il vient souvent au Tour de Luxembourg, c'est presqu'un ami", glisse-t-il. Le lendemain, lors de l'étape en partie neutralisée pour des raisons de sécurité (lire ici), c'est son coéquipier John Degenkolb qui a été mis à l'honneur. "C'était tout à fait normal. Il a été notre interlocuteur durant toute l'étape. Le peloton a suivi l'engagement d'un grand coureur. C'était la moindre des choses".