Provence : À l’hôtel aussi, les coureurs s’adaptent

Crédit photo DV

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Jeudi, 20h15. Dans un hôtel excentré d’Aubagne, Jérôme Cousin descend à la réception. Le temps d’un échange rapide avec le photographe James Startt, le baroudeur de Total Direct Energie se fait servir son repas du soir, à la carte, et repart plateau à la main, au soir de la première étape du Tour de la Provence (2.Pro). La scène se répète très vite avec Ruben Fernandez et José Herrada, les Espagnols de la Cofidis. Tous repartent aussi vite qu’ils sont venus dans le hall d’entrée de l’hôtel. Dans ce qui sert habituellement de zone dédiée à la restauration, des étiquettes “Bahrain Victorious” sont posées ici et là. Zone réservée. Au staff de la WorldTeam, seulement. Des rubalises entourent les tables réservées pour l’équipe cycliste. Défense d'approcher. Les autres clients de l’hôtel, quant à eux, sont invités à se restaurer dans leurs chambres.

UN PETIT DÉJEUNER DANS LA CHAMBRE

Et les coureurs ? “Il n’est pas possible de manger tous ensemble aux mêmes endroits que d’habitude, avec les autres équipes etc. On va chercher notre plateau repas puis on se retrouve, entre coureurs, dans une grande pièce de 70m2 où il n’y a que nous. On est tous espacés de deux-trois mètres les uns des autres”, explique Fabien Grellier pour DirectVelo, lui qui avait déjà connu la même chose lors de sa course de reprise au Grand Prix La Marseillaise (1.1).

Chez Cofidis, Nicolas Edet a vécu une situation identique, la distance à table en moins. “Ce n'est pas comme d'habitude, c'est sûr, avec le service à table etc. Là, il faut se contenter d'un plateau repas. C'est un poil contraignant mais il faut simplement s'habituer. C'est forcément un peu moins convivial, on n'est pas avec le staff etc. Mais on reste dans la bulle équipe comme c'est demandé, tout simplement”. Samuel Leroux et ses coéquipiers de l’équipe Xelliss-Roubaix Lille Métropole ont connu, eux aussi, une adaptation et des règles sanitaires strictes tout au long de la semaine et il leur est même arrivé de “prendre le petit déjeuner chacun dans la chambre”. Habituellement, malgré tout, les Nordistes se restaurent avec le staff, comme du côté de St-Michel-Auber 93. Adrien Guillonnet l’analyse ainsi : “Les ProTeam ou les WorldTeam ont un grand nombre de coureurs et d’autres personnes autour. Nous, en Conti, sommes bien moins nombreux. Alors on prend les repas tous ensemble. C'est moins difficile à gérer, j'imagine, car il y a moins de monde qui rentre et sort sans arrêt de la bulle. On tourne sensiblement avec le même groupe entre les courses”.

L’ENVIE DE RELATIVISER

La situation change suivant les équipes donc, mais avec à chaque fois des habitudes différentes à prendre suivant l’hôtel en question. Dans tous les cas, la convivialité est difficilement la même qu’en temps normal. “L'an passé, sur la fin de saison, on mangeait dans le camion équipe. Il y avait un espace nutrition exprès et c’est toujours le cas pour les courses WorldTour. On était déjà isolé sur le Tour des Flandres, les Classiques ardennaises ou le Tour. Là, on sent que c'est de plus en plus drastique. J'espère que ça ne va pas finir avec la contrainte de devoir manger, chacun, dans notre chambre. Mais en même temps, s'il faut le faire, on le fera, admet Fabien Grellier. Après tout, il faut relativiser. Les amateurs ont du mal à courir... Si on peut courir dans ces conditions-là, c'est toujours ça de pris”. Nicolas Edet - notre photo - tient lui aussi à relativiser cette situation. “On s'adapte au plan de chaque hôtel. Chacun a ses propres règles, il faut faire avec. L’hôtel, la restauration, ce n’est pas le plus important. Tant qu’on peut prendre le départ le matin, c’est l’essentiel”

Ce privilège de pouvoir épingler un dossard fait aussi passer d'autres frustrations“Ce qui fait drôle c’est qu’on ne peut pas aller voir les gens que l'on connaît sur le bord de la route, le matin. C'est cette vie-là, les à-côtés, qui sont un peu gênants. Mais encore une fois, on fait avec. On est d’abord là pour courir”, rappelle Nicolas Edet. Fabien Grellier, lui aussi, se contente de ce qu'il a. “Encore une fois, on n'a pas le choix et ça reste mieux que rien", avant d'espérer que "ça passera le plus vite possible”.

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