Corentin Ermenault découvre les crampes

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Corentin Ermenault a la classe sur le vélo. Bien posé sur la machine, les bielles qui tournent dans l'huile, alors quand il visse un peu, dès sa course de reprise, les jambes répondent. Samedi dernier, à la Ronde du Porhoët, en une relance à la sortie d'un virage, dans une longue ligne droite vent de face, il recreuse l'écart sur le peloton, avec Julien Souton son compagnon d'échappée.

"Je venais pour ma reprise car j'ai disputé une course en Italie (le Mémorial Mantovani, NDLR) mais c'est comme si je n'avais pas couru. Je voulais me situer et bosser car il faut quelques courses avant de récupérer un rythme. Vu la course que j'ai faite, le rythme va vite revenir avec trois-quatre compétitions dans les jambes", indique le coureur de l'AVC Aix-en-Provence à DirectVelo.

« COMME UNE VICTOIRE »

Après sa sortie en compagnie du coureur du SCO Dijon-Team Materiel-velo.com - "on a joué avec le peloton" -, Corentin Ermenault en remet une. "Je ressors avec Jérémy Leveau, ça m'a permis de bien bosser mais je savais que je me mettais des bâtons dans les roues car je n'ai pas beaucoup d'autonomie". Alors l'avion de chasse plie les ailes et retourne à la base, dans le peloton.

À partir de là, une autre course commence. "Au km 90, j'ai eu des crampes, ça ne m'était jamais arrivé dans ma carrière. J'ai découvert des muscles du corps humain, avoue-t-il. Je ne sais pas du tout comment on les enlève et à chaque coup de pédales, ça me faisait super mal". La classe ne fait pas tout et il faut aussi du courage. "Je pensais que j'allais bâcher mais tour après tour, j'étais là". Le compte-tours défile moins vite que dans les vélodromes. Mais l'ancien Champion d'Europe de poursuite se fait mal. "J'étais en mode Koh-Lanta (lire ici). J'ai rarement été aussi loin dans la douleur. Je prenais tour après tour, j'étais trop fier de faire un tour en plus à chaque fois.Je me suis impressionné, je suis content de moi. C'est comme une victoire". Non seulement il s'accroche mais il continue de faire la course. "À deux tours de l'arrivée, ça ressort et j'étais encore là mais on tape dans ma roue. Je saute dans la dernière bosse, les crampes ont eu raison de moi".

« J'AI ÉLEVÉ MON NIVEAU »

Pour ses deux échappées à Saint-Malo-des-Trois-Fontaines, le Picard était en tandem avec Julien Souton et Jérémy Leveau. Mais c'est avec un autre tandem qu'il veut participer aux Jeux paralympiques à Tokyo cet été en tant que pilote d'Alexandre Lloveras, dans la course en ligne, le contre-la-montre et la poursuite. "J'ai rencontré Alex en novembre. Depuis le mois de janvier, nous nous retrouvons en stage une à deux fois par mois, soit deux semaines par mois, pour rouler soit sur la piste ou sur la route. Plus les JO approchent, plus on va se voir régulièrement", détaille-t-il.

Les progrès du duo se traduisent déjà sur le chrono. "La préparation se passe super bien. On fait de bons temps, comme ceux des meilleurs mondiaux. Sur la piste j'ai retrouvé et même élevé mon niveau, chose qui me fait vraiment plaisir, apprécie le coureur de 25 ans. Je suis super content de faire partie de l'équipe de France de cyclisme handisport, de leur apporter, malgré ma jeunesse, mon expertise et l'ambiance dans le groupe. Je suis content de les retrouver à chaque fois, surtout qu'on a construit une belle amitié avec Alex".

« PAS ENCORE TOMBÉ MAIS JE PENSE QUE ÇA VA ARRIVER »

Dompter le tandem n'est pas simple. "Il faut être coordonné avec la personne derrière, se pencher en même temps, ça passe par une bonne communication. Se mettre en danseuse, ce n'est pas simple. Le tandem est plus lourd, plus long, moins maniable. Je suis assez à l'aise seul sur mon vélo, je zigzague de gauche à droite mais avec le tandem s'il y a un obstacle de dernière minute, on va en plein dedans. On a de la chance, on n'est pas encore tombés. Je pense que ça va arriver mais pour l'instant on est toujours sur le vélo", sourit-il.

Corentin Ermenault et Alexandre Lloveras ne sont pas encore qualifiés pour les Jeux paralympiques de Tokyo. "Il faut faire les minimas pour la poursuite, nous aurons bientôt le test. Pour la route, nous participerons à la Coupe du Monde (6-9 mai à Ostende, NDLR)", précise le pilote. Et pour le Championnat du Monde au Portugal, du 9 au 13 juin, ils pourront rouler sur leur tandem tout neuf qu'ils recevront d'ici trois semaines, monté spécialement pour le duo.

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