Guillaume Bonnet : « Mon défouloir, ma récréation »

Crédit photo DR

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Guillaume Bonnet a remis le pied à l’étrier. Après avoir arrêté le vélo au printemps 2017, l’Héraultais a repris une licence en 2021 à Béziers Méditerranée Cyclisme. “Je me régalais à faire du vélo. Mais j’ai voulu avoir un emploi stable et construire quelque chose avec ma famille. J’ai déménagé vers Béziers, à Cazedarnes, et je roulais très ponctuellement. Je ne faisais pas plus de 30-50 bornes. Je croisais parfois les coureurs de Béziers. Le manager Benjamin Lopez me titillait avec le fait que le club passe en N3. Il m’a recontacté mi-décembre. Au début, je pensais un peu intervenir dans l’encadrement et partager mon expérience. Mais il préférait que je sois sur le vélo en tant que capitaine de route. Ça me trottait à l’esprit de revenir dans le vélo. Ça me manquait, je suivais toujours de loin. Je me suis donné 15 jours pour voir si l’envie revenait“, explique-t-il à DirectVelo.

Pour sa première sortie collective avec le club fin décembre, l'Occitan qui fêtera bientôt ses 32 ans a été victime d’une fringale au bout de 30 kilomètres. “Mais en l’espace d’un mois, j’ai retrouvé des sensations. On voit que le corps n’oublie pas. Dès que j’ai regoûté à l’entraînement régulier, c’était reparti“. Il a eu l’occasion de participer à deux épreuves Toutes Catégories, le Grand Prix d’Ouverture de Carlus et le Grand Prix de Bourg-de-Péage. “Je me suis un peu surpris même si j’étais très loin du niveau où j’étais avant. J’étais échappé dans le final à Carlus. À dix bornes de l’arrivée, j’ai eu des crampes, je me suis arrêté au bord de la route. Je me suis encore plus fait plaisir à Bourg-de-Péage. Ça roulait un peu plus vite, ça allait un peu mieux. J’ai retrouvé quelques copains d’avant qui sont plus dans l’encadrement maintenant“.

« DROGUÉ AU VÉLO »

Avec son expérience de plus de neuf ans en DN1 au VC Vaulx-en-Velin, au SCO Dijon et à l'EC Saint-Etienne Loire, il aiguille les plus jeunes. “Je suis le relais du directeur sportif pour les jeunes. Beaucoup de coureurs de l’effectif n’ont pas trop connu le haut niveau amateur. Je les aide à se préparer pour ceux qui ont envie et qui viennent vers moi. Je ne force personne. Je ne suis pas là pour prendre leur place ou qu’ils travaillent pour moi“. Il revient pour le plaisir. “Je ne fais plus du vélo pour performer comme avant où c’était pour passer pro. C’est mon défouloir, ma récréation“. Durant ces quatre années, il s’était également mis au footing. “J’avais besoin d’évacuer mais je n’arrivais pas à retrouver les sensations que me procure le vélo. Je suis drogué au vélo“.

Après le faux départ d'une équipe Continentale fin 2016 et l’arrivée de son deuxième enfant, Guillaume Bonnet a commencé à penser à sa reconversion. En parallèle, il a commencé à avoir des problèmes au genou. “J’avais fait un gros hiver et il avait fait très froid à Saint-Étienne. Je n’ai pu terminer que deux courses en février, j’avais toujours mal au genou. Je suis allé voir pas mal de spécialistes dont le docteur qui a opéré Chris Froome et Djibril Cissé. J’avais une fragilité au ligament, mais je ne voulais pas me faire opérer“. Habitué par le passé aux trajets en train, l’idée de postuler à la SNCF a germé en lui. “J’avais vu qu’ils cherchaient du monde. J’avais lancé un CV comme une bouteille à la mer. Ça s’est fait beaucoup plus vite que je le pensais. J’avais l’opportunité aussi de revenir dans ma région Languedoc-Roussillon. J’ai eu pas mal de chance mais j’ai aussi bossé pour y arriver. J’ai commencé une formation très intensive d’un an à partir d’avril 2017. Je pensais pouvoir continuer le vélo mais la formation a trop pris le dessus“, indique celui qui est désormais conducteur de trains TER.

« ÇA RESTERA UNE DÉCEPTION »

Dimanche dernier, il lui a été proposé de rejoindre la sélection d'Occitanie pour le Tour du Gévaudan. “Quand la Coupe de France N3 là-bas a été annulée, ça nous a mis un coup. Quand j’ai su que je pouvais participer à la course Élites, j’étais content de pouvoir remettre un dossard. On va en chier quand même, il y a pas mal de N1, je sais le niveau qu’il y a“, avoue celui qui avait pris part à l’épreuve lozérienne il y a plus de dix ans quand elle était en 2.2. Le même dimanche, il a roulé 200 bornes pour la première fois depuis très longtemps. “J’ai ressenti encore une petite gêne au genou“. Quand il travaille, il doit se lever à 3 heures du matin, mais il finit à midi ce qui lui permet de rouler l’après-midi. “Mon métier me prend pas mal d’énergie mentalement. Le fait de rouler me booste, sinon tu as plus envie de faire la sieste (rires)“.

Sélectionné plusieurs fois en Équipe de France Espoirs et sur des épreuves professionnelles, Guillaume Bonnet regrette de n’avoir jamais pu franchir le Rubicon. “Ça restera une déception à vie. Depuis tout petit, c’était ce que j’espérais faire. J’y ai touché du doigt. Quand je vois que ceux avec qui je rivalisais chez les Espoirs font partie des meilleurs mondiaux, je me dis que j’aurais quand même pu me faire plaisir. Au fond de moi, je savais que j’avais encore une marge de progression. En ayant eu un entraîneur, j’aurais eu une motivation supplémentaire. Je n’aurais jamais eu de lassitude, j’aime tellement ça. Je garde de bons souvenirs d’avoir côtoyé des Démare, Barguil, Bardet ou Alaphilippe. Je me suis fait une raison. C’est un monde assez compliqué et pas forcément très équitable. C’est comme ça“.

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