Océane Mahé titrée dans la confusion

Crédit photo Elise Chauveau

Crédit photo Elise Chauveau

Ambiance un brin surréaliste ce dimanche à Cusset. Julia Aubry passe la ligne la première après 79 kilomètres de course sur le Championnat Auvergne-Rhône-Alpes Élites Femmes, devant Sophie Almeida. Personne ne s’attend alors à voir un groupe de sept filles arriver pour la victoire. À la cloche, la Chambérienne et l'Ambertoise figuraient dans un contre d’une dizaine d’éléments à près de deux minutes des quatre échappées : Océane Mahé (VC Annemasse), Lison Vulliet (UC Seyssel Frangy), Victoire Joncheray (Lyon Sprint Evolution), et Dilyxine Miermont (VC Ambert), distancée dans la bosse du circuit dans le dernier tour. “Dans la montée, on avait encore 1’40’’ d’avance puis c’est passé à 50’’. J’ai été surprise de les voir revenir sur nous”, reconnaît Océane Mahé, passée en 3e position sur la ligne avant d’être déclarée vainqueur. Mais rapidement, des clubs font part de leur mécontentement. Pour eux, les concurrentes revenues sur la tête ne sont pas rentrées à la régulière. Sur une vidéo montrée aux commissaires, l’une d’elles apparaît dans la roue… du peloton des garçons.

C’était la particularité de ce Championnat Auvergne-Rhône-Alpes, les filles ont pris le départ quelques instants après les hommes, sur le même circuit long de 15,7 kilomètres. Ce que tout le monde redoute arrive dans le dernier tour de la course femmes. Les hommes rentrent sur les filles et le chaos commence. “Le final a été houleux, sourit Océane Mahé. Avant la descente, il y a eu regroupement avec quatre filles et les garçons qui nous ont doublées. Les commissaires ont ensuite demandé aux garçons de ralentir pour que le sprint se fasse. On n’a pas tout compris mais on a pu faire un sprint”.

« JE SUIS DÉGOUTÉE »

Mais le résultat n’est pas officialisé. Les commissaires se regroupent dans les locaux du Stade Jean-Moulin et une bonne demi-heure après l’arrivée, le verdict tombe : quatre filles sont déclassées. Le président du Chambéry CC est convoqué pour se voir informer du déclassement de deux de ses protégées. “Les commissaires ont pris une décision qui est, à mon sens, à l’encontre de toute équité sportive. Il faut s'incliner devant une décision que Chambéry n’accepte pas. Il y a un résultat officialisé qui n’est pas celui à l’arrivée”, souffle à DirectVelo Selim Abbad, à la sortie de la salle où les arbitres sont réunis. Un peu plus loin, Julia Aubry a dû mal à cacher sa déception. “Je suis dégoûtée d’être déclassée. C’est une injustice. Je n'ai pas pris de roues. Je ne vois pas pourquoi je suis déclassée. J’ai sauté dans la descente, je suis revenue toute seule sur le plat. Pour moi, en passant la ligne, il n’y avait pas de questions à se poser sur le résultat. Je ne comprends pas. Je suis finalement classée 4e, ce n’est pas mon résultat sachant que j’ai fait le travail derrière l’échappée”.

Le comité Auvergne-Rhône-Alpes refuse d’afficher les filles déclassées. “Cette décision ne présume en rien de la probité ou de leur volonté de tirer avantage de la situation”, indique ce lundi matin le comité dans un communiqué. Une question était dimanche après-midi sur toutes les lèvres. Pourquoi avoir organisé les deux épreuves au même moment sur le même circuit ? Dans son cahier des charges, le comité impose que les deux courses se disputent sur un site identique. “On ne ferait pas un Championnat de France ou du Monde sans les femmes ou les hommes, estime la présidente Christelle Reille au micro de DirectVelo. On a voulu améliorer une situation pour les femmes en les faisant courir avec un départ décalé. On sait que si elles courent le matin, les spectateurs et les médias ne viennent pas. On voulait que la fête soit plus importante. On est encore à la recherche de la meilleure solution pour que ce Championnat soit le plus motivant possible”. Le Chambéry CC ne veut pas blâmer l’AC Cusset, l’un des clubs moteurs de la région pour organiser des courses dans un contexte sanitaire difficile. ”Ils ont fait du mieux possible. On aurait pu supposer que ça allait arriver avec ce délai mais c’est facile de le dire à la fin”, dit Selim Abbad.

« QUE DU BONHEUR »

Pour Christelle Reille, la décision des arbitres était la meilleure des solutions. “Le résultat sportif est questionnable mais à partir du moment où le résultat était faussé, il n’y avait plus de bonnes solutions. Les arbitres ont pris une décision et je les supporte là-dessus. Si j’avais encore été arbitre, j’aurais pris la même. Les filles sur le podium ne sont pas totalement satisfaites, celles reléguées non plus. Ce n’est pas une bonne journée. Je regrette qu’on n’ait pas pu voir une vraie bagarre dans le dernier tour”. Mais s’il y en a une qui avait le sourire au moment de quitter l’Allier, c’est bien la nouvelle Championne régionale. “Ce n’est que du bonheur”, promet Océane Mahé. Et si le résultat aurait peut-être été différent si les trois premières s’étaient jouées le titre, personne ne pouvait dénigrer la lauréate.

“On avait à cœur de finir à trois mais quand les filles sont revenues, je me disais que j’avais encore mes chances. Ça se termine bien pour moi”, sourit la cycliste de 20 ans malgré... une chute en compagnie de Marie-Louise Biard (Chambéry CC) au moment de passer la ligne. La Haute-Savoyarde a débuté la compétition en 2019. “Je ne connais pas encore mes qualités, reconnaît l’étudiante en prépa. J’aime les bosses, c’est là où je prends du plaisir. J’avais fait quelques courses il y a deux ans pour découvrir la compétition. Je voulais faire une saison complète l’an passé mais mes plans sont tombés à l’eau avec le Coronavirus”. La voilà enfin lancée.

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