Cédric Vasseur : « Le comportement a été parfait »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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Cédric Vasseur n’a pas été surpris par le scénario du Championnat de France. Le manager de la formation Cofidis avait imaginé une grosse échappée pouvoir résister au peloton jusqu’au bout sur le circuit vosgien d’Épinal. Malgré la présence de Victor Lafay puis de Rémy Rochas à l’avant, les rouge-et-blanc ne sont toujours pas parvenus à décrocher leur premier titre national sur route lors de cette 25e tentative. Mais Cédric Vasseur se dit satisfait du comportement de ses garçons, et rassuré par la condition physique de son leader Guillaume Martin, après un Critérium du Dauphiné qui avait de quoi inquiéter. Entretien pour DirectVelo.

DirectVelo : L’équipe a été particulièrement active, mais ce n’est pas suffisant pour décrocher le titre ni même un podium…
Cédric Vasseur : Comme souvent, j'ai envie de dire que le résultat ne reflète pas le comportement de l'équipe sur la journée. Aujourd'hui (dimanche), on avait mis Victor (Lafay) dans la première échappée. C'était peut-être trop peu de ne mettre qu'un seul coureur dans un groupe de treize. C'est léger. On a vu que Victor était costaud, mais ça nous a obligés derrière à être un petit peu offensifs. On a Rémy (Rochas) qui a fait un numéro exceptionnel en étant le seul capable de rentrer sur l'échappée. Lui, il a laissé sa cartouchière sur cet effort. À ce moment-là, on avait réussi à se repositionner assez bien au niveau numérique. Derrière, on a vu que Guillaume (Martin) était capable de rivaliser avec (Benoît) Cosnefroy, avec (David) Gaudu, avec (Julian) Alaphilippe... À un moment, ils se retrouvent à quatre devant le peloton. Il est toujours un peu à contre-temps, donc il met un petit peu plus de temps à revenir. Le problème, je pense, c'est que (Julian) Alaphilippe n'était peut-être pas dans une super journée. Il n'était pas sûr de lui et en plus, il avait (Rémi) Cavagna devant. Normalement, ce groupe-là ne doit pas être rejoint par le peloton. Finalement, ça revient quand même. À la fin, on voit que ça se joue au courage, parce que dans le dernier tour ils sont tous à la limite.

« CE TYPE DE COURSE SE FAIT À L'INSTINCT »

Victor Lafay a joué le podium jusque dans la dernière ligne droite…
Je pense qu'il a aussi un peu pêché par manque d'expérience. Autant sur la Vuelta il avait été passif, il s'était laissé endormir. Autant là, derrière Cavagna, on l'a senti être vraiment peut-être celui qui était le plus pro-actif. Il essayait, il allait chercher les coureurs... Même pour lancer le sprint, dans le rond-point, aux 200 mètres. Après, que tu finisses 2e ou 6e, à la limite, tu as moins de regret quand tu fais 6. Quand tu fais 2, tu es vraiment déçu. On ne démérite pas. On termine 6e et 8e. Le comportement a été parfait pour l'ensemble de l'équipe, mais ça reste le Championnat de France. Comme aujourd'hui, c'est souvent le meilleur qui gagne. Et le meilleur aujourd'hui, c'était Cavagna.

Guillaume Martin semble s’être grandement rassuré sur son état physique après une triste fin de Dauphiné !
On est rassurés avec Guillaume parce qu'à plusieurs reprises, il a été actif. Il est sorti avec les meilleurs. On l'a même vu souvent sortir à contre-temps et être capable de revenir quand même sur le devant. Je pense qu'au niveau physique, il n'y a pas à dire. Il est prêt pour le Tour de France. Évidemment, je pense qu'il est un peu déçu aujourd'hui, parce qu'il s'attendait à jouer la gagne. Mais quand il revient sur le groupe Victor Lafay, Cavagna a déjà levé les bras. Maintenant, je pense que le comportement qu'on a eu aujourd'hui est encourageant pour le Tour de France, parce que ça ressoude vraiment le groupe. Les quatre éléments qui étaient ici présents et qui seront présents sur le Tour ont répondu présent. Christophe Laporte, comme tous les sprinteurs, n'a pas passé la bosse. Ça, c'était vraiment la question du jour : est-ce qu'un sprinteur pouvait passer. Aucun sprinteur n'a réussi à le faire. On sort aussi sans casse. Parce que la crainte sur un circuit comme ça, c'est d'y laisser une clavicule, un poignet ou autre... Cap maintenant sur Brest.

« ON SAVAIT QUE L'ÉCHAPPÉE AVAIT VRAIMENT DE FORTES CHANCES D’ALLER AU BOUT »

Beaucoup de coureurs, en réaction d’après-course, font référence à l’absence d’oreillettes...
Je pense que ça perturbe tous les coureurs. Cavagna, il n'a pas d'équipier, il a juste Alaphilippe derrière. Il n'y a pas de stratégie de course. Ce type de course se fait à l'instinct. Quand tu es sur un Championnat de France, si tu es devant, il faut toujours en garder sous la pédale parce que tu peux toujours imaginer que tes collègues sont en train de revenir. Et quand tu es derrière, tu ne dois pas trop rouler parce que tu as un coureur devant. En général, il n'y a pas trop de questions à se poser. Et puis au final, ça reste les jambes qui jouent. On voit quand même parfois que sans oreillettes, on ne comprend pas trop les tactiques des équipes. Dans un cas comme ça, c'est souvent avantage à ceux qui sont à l'avant et à celui qui est le premier à dégainer. Aujourd'hui, c'était Cavagna.

Le fait que l’échappée matinale aille au bout est plutôt original !
Oui mais on sait que quand on a plus de dix coureurs devant, c'est toujours un peu spécial. Je pense que ce qui a cadenassé la course, c'est la présence de Julian Alaphilippe. On sait que Julian est peut-être le meilleur coureur de ce peloton, à forces égales. La volonté de toutes les équipes était de piéger Alaphilippe dans un premier temps. Il est clair que si on évite aux échappés de prendre du temps, on favorise Julian Alaphilippe. Et les équipes françaises n'ont pas intérêt non plus à favoriser un coureur d'une autre équipe. (Deceuninck) Quick Step a bien joué le coup. Ils ont mis le bon élément devant, c'était Cavagna. Derrière, Alaphilippe s'est dit que si AG2R, Cofidis ou les autres veulent gagner, ils ont intérêt à rouler. Et en réalité, l'écart est monté à plus de cinq minutes, ce qui est quand même beaucoup. Surtout sur un circuit où on ne peut pas vraiment s'organiser. On n'est jamais en point de mire, parce que c'est toujours sinueux. On l'avait évoqué hier au briefing. On savait que l'échappée avait vraiment de fortes chances d'aller au bout. Surtout si elle était composée d'éléments solides et en nombre conséquent. Aujourd'hui, quand on voit le nom des coureurs qui étaient devant et que tu sais qu'ils étaient treize, puis quatorze, tu comprends que le vainqueur se trouve devant.

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