Denis Clément : « Il ne l’aurait pas cru »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Il en parlait depuis des années. Cette fois, il le promet, Denis Clément va arrêter d’organiser des compétitions cyclistes. Une page va se tourner pour lui et son équipe ce samedi. Mais ce passionné, capable de parler pendant des heures du peloton amateur des années 80, restera dans le milieu tout en pensant davantage à lui. À la veille du Trophée des Champions, disputé entre Thenay (Indre) et Usson-du-Poitou (Vienne), Dénis Clément se confie à DirectVelo.

DirectVelo : Il y a une semaine, un certain Filippo Baroncini est devenu Champion du Monde Espoirs…
Denis Clément : Ça m'a fait vraiment plaisir. J’étais ce jour-là chez moi, avec mon épouse, et je lui ai dit de venir voir car il était en train de faire la même chose que chez nous (l'Italien a remporté en juillet la 2e étape de l’Etoile d’Or, manche de la Coupe des Nations organisée par Denis Clément, NDLR). Ce qui est marrant, c’est que le Français qui a essayé de revenir sur lui est Paul Penhoët, qui gagne l’autre étape en ligne de l’Etoile d’Or.

Est-ce une fierté quand on est organisateur ?
Nous sommes contents quand un coureur fait carrière après être passé chez nous. Baroncini n’a pas attendu pour confirmer… Depuis sa victoire ici, il a été 2e du Championnat d’Europe puis vainqueur du Mondial Espoirs. Le Danois (Johan Price-Pejtersen), 3e du chrono, a remporté le Championnat d’Europe puis le Mondial. Ça nous donne beaucoup de plaisir de voir ce qu’ils font ensuite. On espère qu’ils vont continuer de progresser et réussir une belle carrière.

« M'ARRÊTER EN HAUT »

Dans quel état d’esprit es-tu avant de tourner la page ?
Je suis plutôt détendu (L'entretien a été réalisé ce jeudi, NDLR). Il y a toujours des choses à régler à la dernière minute mais on a bien travaillé en amont. Et puis une course d’un jour, c’est plus facile à gérer qu’une épreuve par étapes. Il n’y a par exemple pas les hébergements à gérer. On a tout fait pour que ça se passe bien. On organise depuis 22 ans, on sait où on va. On espère ne pas avoir d’accident ou d’incident le jour de la course, avoir une belle météo et bien sûr avoir un beau vainqueur après une belle course. On aura alors réussi et ça voudra dire qu’on a travaillé pour quelque chose.

Pourquoi arrêter alors que tes épreuves se portent bien ?
En 2017, on s’était posé la question sur l’avenir de nos organisations et on avait pris la décision de tourner la page. Les bénévoles qui m’accompagnent passent beaucoup de temps. Beaucoup sont vieillissants, ce sont des baby-boomers. J’ai parlé d’un projet pour finir en beauté. C’était la Coupe des Nations Espoirs. Ça avait bien fonctionné en 2019 sur une journée malgré une mauvaise météo. On voulait ensuite faire un gros coup, alors on a fait une course de deux jours. Ça devait être l’an passé mais ça a été reporté à cet été en raison du Covid. On a aussi fait cette année le Championnat de France Masters. Je veux m’arrêter en haut et en garder de bons souvenirs. On va tourner la page. Il faut savoir le faire.

« ALLER VOIR DES BELLES CLASSIQUES »

La tendance est de dire qu’il est de plus en plus difficile d’organiser…
Il y a la crise du Covid, l’âge des bénévoles, une société qui change… Ça tombe aussi pile poil car il y a une réorganisation dans mon travail depuis dix jours. J’aurais eu moins de temps pour mes organisations. Je ferai encore des choses dans le vélo mais plus à 300 % comme je l’ai toujours fait. Je vais par exemple donner des conseils à des clubs ou à des organisateurs. Mais je ne veux plus courir partout pour aller chercher de l’argent. Ça fait 20 ans que je pense au vélo du matin au soir. Je n’ai jamais pris de vacances en été. Je n’ai pas le temps de faire du vélo. Je n’ai jamais vu une étape de montagne du Tour de France. J’ai envie d’aller voir des belles Classiques en Italie ou en Belgique… Comme je l’ai dit, je resterai dans le vélo mais autrement. Une page se tourne.

Pourquoi n’avoir jamais organisé une Classe 1 ?
Avec mon père (Joël Clément, décédé en 2017, NDLR), nous y avons pensé il y a environ 12-13 ans. Mais on s’était dit qu’une Classe 2, c’était sympa ! Les courses ne sont jamais bloquées. Je suis un grand fan du vélo amateur. Au final, on aura fini dans le même calendrier que la Course de la Paix et le Tour de l’Avenir… C’est une fierté, notamment pour mes bénévoles.

Tu dois beaucoup penser à ton père cette semaine…
Qu’on organiserait un jour une Coupe des Nations... il ne l'aurait pas cru. Quand j’avais une dizaine d'années, il me parlait de la Course de la Paix et nous avons fini dans le même calendrier. J’espère qu’il l’aura vu de là-haut.

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