Arnaud Pfrimmer : « Une autre vie qui commence »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

La saison sur route touche à sa fin pour laisser place au cyclo-cross et Arnaud Pfrimmer fera de même, mais sans son vélo. S’il aidera une équipe pour la saison de cyclo-cross, le coureur de 25 ans qui évoluait cette saison avec Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme a décidé de poser pied-à-terre en laissant de côté la compétition en N1. Le Franc-Comtois, qui avait commencé le vélo il y a plus de dix ans, a eu le temps de voir son sport changer et fait, pour DirectVelo, le bilan de ses années vélo.

DirectVelo : Qu’est-ce qui t’a donné envie de mettre fin à cette aventure ?
Arnaud Pfrimmer : Alors, c’est surtout le haut-niveau que j’arrête mais je vais rester dans le milieu, de l’autre côté de la barrière. J’ai 25 ans et mon but premier était de passer professionnel. J’ai tout mis en place pour mais je n’ai pas réussi. Il est temps de laisser la place aux jeunes. Je ne me voyais pas faire du vélo, avec tous ces sacrifices, jusqu’à 30 ans. Je voulais déjà arrêter en 2020 puis je me suis laissé une dernière chance avec Bourg-en-Bresse. Le Covid a changé beaucoup de choses et je ne voulais pas m’arrêter sur une saison en demi-teinte. Et maintenant c’est un autre vélo qui prend place. Je ne le reconnais plus trop…

Qu’entends-tu par « un autre vélo » ?
Il y a quelques années, la physionomie de course et la mentalité des équipes étaient différentes. Ce n’est pas une mauvaise chose mais ça se professionnalise beaucoup, même au niveau des scénarios de course. Je me rappelle encore de mes années au CC Etupes ou avant le Covid, c’était des courses où ça attaquait souvent de loin et même des courses qui étaient à priori pour des sprinteurs pouvaient arriver en échappée. Maintenant quand on dit que c’est sprint, ça sera sprint. Ça ressemble de plus en plus aux professionnels. C’est une bonne chose pour les jeunes qui se forment à des schémas de course typés professionnels mais ça me plait moins.

« ÇA M’A MIS UN GROS COUP DE FREIN »

L’objectif initial de la saison était justement de passer professionnel, comment vis-tu le fait de ne pas avoir réussi ?
Le passage chez les professionnels serait peut-être un échec ou un regret mais pour l’instant je pars vraiment l’esprit tranquille. Je n’ai jamais été dans la démarche d’une vie de moine. Je me suis fait plaisir et j’ai fait ce qu’il fallait, au niveau mécanique, staff et nutrition. J’ai toujours été dans la limite du raisonnable et c’est ce qui m’a permis de trouver mon équilibre. Chaque cycliste est différent. Je n’aurai pas de regrets je pense. Beaucoup de coureurs qui ont eu de plus gros résultats que moi ne sont jamais passés professionnels non plus. C’est simplement une autre vie qui commence.

Il faut dire que tu n’as pas vraiment eu de chance non plus avec ta chute et l’opération qui s’en est suivie (lire ici). Est-ce que cela a joué dans ta décision ?
Oui ça joué aussi parce que je revenais en forme à ce moment-là. Je me suis fait opérer mi-août. Ça m’a mis un gros coup de frein. J’étais très motivé pour revenir mais contrairement à une clavicule qu’on voit souvent avec un trait de fracture, la mienne était en cinq morceaux donc la convalescence a été plus longue. Je n’ai pas pu me ré-entraîner correctement pour la fin de saison. Ça n’aurait pas été raisonnable. Tout va bien mais j’ai quelques complications au niveau de ma cicatrice. Je voulais finir cette année sur le Championnat Auvergne-Rhône-Alpes de contre-la-montre pour tourner la page et je ne peux pas y aller.

« JE NE VAIS GARDER QUE LES BONS SOUVENIRS »

Après tout cela, est-ce quand même le positif qui prime ?
Oui. Après tous ces sacrifices, je ne vais garder que les bons souvenirs. J’ai eu quatre années magnifiques à Etupes. J’ai connu beaucoup de coureurs là-bas. Quand on parle de bons souvenirs je pense au titre de Champion de France d’Hugo Hofstetter, au chrono par équipes qu’on avait gagné en DN1. Ce sont de gros moments collectifs que je retiens. C’est pareil pour mes deux années à Nogent, on avait une super équipe et une super entente. 2019 était une des années où j’ai le plus rigolé et où je me suis fait le plus plaisir je pense. Le vélo m’a apporté beaucoup de choses comme la maturité, la confiance en moi, ça m’a appris à me relever après un échec. J’en profite d’ailleurs pour remercier ma famille, mes amis et tous les clubs où je suis passé. C’est un tournant dans ma vie et je vais me diriger vers le monde du travail.

Et le monde du travail graviterait aussi autour du vélo ?
J’ai un bagage au niveau professionnel et scolaire, je ne suis pas non plus sans rien. J’ai fait une licence de commerce et là je vais terminer mon master 2 au CESNI de Chambéry. Je garde un œil sur le milieu du vélo. Ça restera une grande passion et je pense travailler dans le sport, et j’espère dans le vélo. Pour l’instant, je m’occupe de la communication d’AS Bike Cross Team donc dans le cyclo-cross. Les week-ends, je pars en compétition avec eux avec un rôle multitâches d’assistant et de dépannage.

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