Team Vercors

Team Vercors : Mathieu Blanchin, profession poursuiteur

Crédit photo Team Vercors

Crédit photo Team Vercors

Comme les courses professionnelles sur route, la saison de cyclo-sport touche aussi à sa fin. Habituel « plume » du Team Vercors, Mathieu Blanchin a pris pour habitude de conter ses courses sur les réseaux sociaux. Mais cette fois, pour la dernière de l’année, au Raid des Alpilles, c’est la plume de DirectVelo que le coureur du Team Vercors a empruntée. Il raconte cet ultime week-end de course, de l’avant-course, jusqu’au passage de la ligne, l’ultime, avant une période de repos hivernal bien méritée.

« Salut DirectVelo,

Il y a une semaine se tenait le Raid des Alpilles, dernière manche du Cyclo'Tour Rotor 2021 et théâtre de la dernière course de ma saison marathon sous le soleil de Provence. Un week-end qui commençait dès le vendredi après-midi pour profiter un maximum des belles conditions malgré l'automne bien présent. Cette période de l'année nous offre toujours un beau dégradé de couleurs qui va du vert au rouge. Une petite sortie donc, dans l'arrière-pays nîmois pour se dégourdir les jambes après le trajet. Sur recommandation de mon solide Philippe Brocard, je grimpe une petite côte pour me faire une idée des sensations qui s'avèrent excellentes. Pourvu que ça dure !

Le contingent Team Vercors pour la der s'agrandit avec l'inénarrable Gaspard qui nous rejoint dans la soirée. Le lendemain, nous prenons la route en direction de St-Rémy-de-Provence, lieu de départ et d'arrivée du Raid, pour une reconnaissance du parcours à un rythme tranquille, bien entendu, afin de garder du jus pour la course. Tout juste quelques accélérations en bosse en guise de déblocage pour confirmer que la force est bel et bien avec moi ce week-end. Nous profitons au maximum du reste de la sortie : papote, contemplation du paysage et photos car le dimanche sera consacré à contempler la roue arrière de mon prédécesseur avec la tête du peloton comme horizon.

Nous voilà donc le dimanche dans le sas de départ peu avant 9h. Provence ou pas, l'automne fait la loi avec ses températures bien fraîches : manchettes et gants longs sont de nouveau de sortie. Alex et Romain viennent renforcer les rangs du Team Vercors qui aligne une belle équipe ! Avec plus de 700 participants, l'épreuve a fait le plein et je ne suis pas idéalement placé au moment de s'élancer, (autour de la 150-200e place).

LE DÉBUT DES HOSTILITÉS

Nous sommes d'emblée dans le vif du sujet avec un faux-plat montant dans les artères de St Rémy et qui se prolonge à la sortie du village avant que la pente ne s'incline un peu plus autour de 4,5% sur 3,5 km. Un effort maximal d'entrée de jeu, comme celui sur la Vache qui Rit deux semaines auparavant, me permet une grosse remontée et de doubler un flux ininterrompu de concurrents. Remontée où je croise successivement Alex et Gaspard avant de m'engager comme un beau diable dans une première courte descente aux belles courbes. La tête de course, dont fait partie Philippe a quant à elle pris la poudre d'escampette.

Tout juste le temps de remonter à l'avant d'un deuxième peloton en formation que nous obliquons à droite pour le court mais intense col de la Vayède. Je dois m'arracher sur le gros plateau dans les derniers hectomètres pour lâcher le moins de temps possible. Je bascule en troisième position et me lance à bride abattue sur la tête de course, mes deux acolytes de devant ayant capitulé rapidement dans cette entreprise. S'en suit une longue poursuite en solitaire sur un terrain vallonné. Une courte bosse, la mal nommée côte de l'Escargot, passée de nouveau "sur la plaque" dans un style peu académique, et je relance.

Malgré l'intensité de l'effort les sensations sont bonnes et, au bout d'une vingtaine de minutes pendant lesquelles le doute a eu sa place, je perçois enfin l'arrière-garde du groupe de tête qui a temporisé. Boucher ce dernier écart demandera néanmoins quelques minutes et quelques gouttes de sueur supplémentaires mais, peu avant le village d'Aureille, le doux bruit du peloton revient à mes oreilles ! Romain a connu le même début de course, non loin devant moi. Une débauche d'énergie dont je suis coutumier, ce fut le cas sur la Vosges GranFondo, la Drômoise et la Vache qui Rit. À tel point que je pourrais peut-être ajouter une ligne "poursuiteur" à mon CV de cycliste.

LE TEAM VERCORS À L’AVANT

Seulement 40 minutes de course à cet instant qui m'ont paru le double, la route est encore longue ! Nous sommes donc trois représentants du Team Vercors en tête de course et c'est un Philippe remuant qui tente de s'extirper de la masse de coureurs dans la montée vers le Pas de la Figuière, point culminant de la journée à ... 244m d'altitude. Malheureusement pour lui, il ne parviendra pas à prendre plus de 30 mètres d'avance puis rentre dans le rang non loin du sommet.

Quelques ondulations de profil plus tard où rien de notable ne se produit, nous voici sur une large route départementale. Un des rares moments de répit que je mets à profit pour m'alimenter comme il se doit. Dans le village de Sénas, je dois slalomer avec sang-froid pour éviter un bidon perdu, la faute aux nombreux dos d'âne. À Eyguières, ce sont cette fois des équidés en balade qui nous contraignent à rouler au pas, leurs cavaliers tentant de maîtriser au mieux les chevaux apeurés. En peu de temps, nous voici de nouveau à Aureille pour grimper le Pas de la Figuière sur un rythme nettement plus soutenu.

Nulle question de s'échapper cette fois-ci, les 2km/h de différence entre les deux passages sont suffisants pour mettre les moins vaillants sous l'éteignoir et votre serviteur au rupteur. Une cassure d'une trentaine de mètres s'est créée mais les efforts combinés de mes compagnons de poursuite permettront de boucher cet écart avant le pied d'une nouvelle côte. Nous lâchons de nouveaux de précieux mètres sur les premiers mais nous persistons encore dans la descente. Nos efforts ne seront pas vains mais l'élastique peut casser à tout moment.

UNE DERNIÈRE PLACE D’HONNEUR

À l'arrière du groupe de tête, je me retourne et vois mon Philippe qui s'est accroché mais qui est moins fringant. Alors que nous fermons tous deux la marche, un ultime talus, celui de l'Escargot en sens inverse, a raison de lui alors que c'est au sprint, vaille que vaille, que je m'accroche. La route n'est pas très large et le faux-plat descendant me permet de me refaire la cerise, désormais bien abrité. De retour sur une départementale, je remonte petit à petit dans les premières positions alors que le profil ne présente plus de difficultés.

Les tentatives d'échappées se font jour dans les 15 derniers kilomètres, mais aucune ne sera décisive. Je prends même en main les rennes du peloton quelques minutes pour contrôler deux fuyards. C'est désormais acquis, tout se jouera au sprint et le placement va s'avérer essentiel car les 10 derniers kilomètres se feront sur une petite route. La reconnaissance de la veille prend ici tout son intérêt. Je fais de mon mieux mais pas simple de frotter avec des adversaires au moins 20 kg plus lourds que moi.

Etant donné la densité du peloton, je renonce à débrancher le cerveau sur l'emballage final et me contente d'un sprint assis pour achever ce Raid des Alpilles en 29e place au scratch et une 4ème place de catégorie. Inutile de risquer la chute alors que la saison des courses touche à son terme et que les objectifs ont été largement atteints. Philippe et Romain termineront dans le deuxième groupe, Alex dans un troisième alors que ce cher Gaspard finira éreinté un peu plus loin. Le Team Vercors finit au complet et aura montré le maillot !

VOILÀ, C’EST FINI !

Au final, ce fut une épreuve courte mais intense conclue pour ma part à près de 40 km/h de moyenne dans des conditions idéales pour une fin de saison. J'y reviendrai sûrement l'an prochain. Ainsi s'achève cette magnifique saison commencée seulement fin mai sur la grimpée du St-Eynard. 15 dossards accrochés en l'espace de 19 semaines (quelques courses UFOLEP et grimpées sont passées par là) et des résultats dont je ne me croyais pas capable il y a quelques mois encore sont venus conclure un gros travail hivernal.

Place maintenant au vélo plaisir jusqu'à ce que neige s'en suive, avec en tête les gros objectifs de 2022 : Marmotte, Etape du Tour, Tour du Mont-Blanc et les présidentielles ! Un grand merci à toutes et tous pour vos encouragements. Prenez soin de vous et à l'année prochaine ! ».

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