Mathilde Gros : « J'ai pris l'habitude de me prendre des claques »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Mathilde Gros repart du vélodrome de Roubaix sans médaille avec le ruban irisé. La médaillée de bronze du Championnat d'Europe de vitesse a été éliminée en quart de finale du Championnat du Monde de vitesse individuelle, et en demi-finale du keirin ce dimanche. Même si elle a tout donné, ce nouvel échec la pousse "à travailler deux fois plus" et à changer sa technique de course pour réussir son prochain objectif, le Championnat du Monde 2022 à Saint-Quentin-en-Yvelines, comme elle l'explique à DirectVelo.

DirectVelo : Comment analyses-tu ce tournoi de keirin ?
Mathilde Gros : En demi-finale, j'ai eu peur quand la Hollandaise est venue me doubler, on s'est touchées. Ça s'est joué là, je n'aurais jamais dû laisser passer les filles. C'est un Championnat du Monde et la demie, c'était comme une finale. Une fois qu'elles étaient passées devant, c'était un peu compliqué même si j'y ai cru jusqu'au bout. J'ai tout donné, même sur la petite finale (qu'elle termine 3e, NDLR) car ça me tenait à cœur de bien finir devant le public, ma famille et mes amis. 

« UN JOUR, J'AURAI UN DÉCLIC »

Qu'est-ce qui t'empêche d'aller plus haut ?
Malheureusement, ces dernières années, j'ai pris l'habitude de me prendre des claques. Il y a encore beaucoup de choses à travailler : le physique, la tactique, le psychologique. Je vais travailler deux fois plus et un jour j'y arriverai. Je sais que je suis en forme, que je matche avec les meilleures mondiales quand on voit les temps du 200m (4e temps, 10"533''', NDLR). Mais c'est à moi d'avoir un déclic et de ne pas surestimer à chaque fois les autres filles et d'arrêter de me sous-estimer aussi. Un jour, j'aurai un déclic. Maintenant, mon objectif, ce sont les Mondiaux à Paris dans un an. 

As-tu déjà commencé à changer des choses ?
Après les Jeux, j'ai beaucoup discuté avec d'anciens très grands champions comme Félicia Ballanger et Grégory Baugé. Le but est de changer ma technique de course. C'est vrai que je me prends des claques sur les matchs. Soit je continue dans mes schémas habituels et je serai une fois médaillée au Championnat du Monde mais jamais la Championne que je veux être, soit je change radicalement pour être au niveau des meilleures mondiales. 

« IL N'Y A QUE MOI QUI AI LES CLEFS »

Ce manque de confiance en toi est-il récent ?
Non, depuis toujours je suis comme ça. Je me remets souvent en question. Je me dis que rien n'est acquis. Les Jeux ont été vraiment compliqués pour moi. Comme je l'ai dit, j'ai été marquée au fer rouge (lire ici). Mais ce n'est pas plus mal car sur chaque course, à chaque coup de pédale, je me souviens de ces moments. Je me dis qu'un jour, ça sera moi et je veux continuer à y croire, même si c'est dans deux ans, dans quatre ans ou dans six ans... Je ne veux pas baisser les bras pour ne pas avoir de regrets quand j'arrêterai le vélo. 

Es-tu à un tournant de ta carrière ?
Je suis satisfaite de m'être remobilisée après Tokyo. Je suis allée à Cali (Coupe des Nations), au Championnat d'Europe, il y a eu des médailles. Là, au Championnat du Monde, je me fais éliminer de pas beaucoup en quart de finale. Il n'y a que moi qui ai les clefs. Je vais bien me poser pour être meilleure en début d'année et viser la plus haute marche. 

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