Mathis Le Berre : « Qu'est-ce que je fais là »

Crédit photo Tour de Normandie

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Après avoir lancé pour de bon sa saison il y a dix jours, en s’imposant sur le Souvenir Louison-Bobet, Mathis Le Berre confirme qu’il est bien dans le jeu. Ce lundi, sur la première étape du Tour de Normandie (2.2), le coureur de Côtes d’Armor-Marie Morin-U s’est glissé dans l’échappée matinale. Pour finalement s’imposer en solitaire à Vimoutiers (voir classement). De quoi mettre derrière lui, définitivement, ses problèmes personnels qui ont pollué son début de saison (lire ici). "Ça remet les choses en ligne, au clair, c'est sûr qu'il y a un ou deux mois j'étais au fond, donc c'est important. Je cours pour gagner maintenant, plus pour faire 2 comme l'année dernière". C’est forcément un coureur soulagé qui a pu savourer ce premier succès en Classe 2. "C'est super, je n'ai jamais gagné en Classe 2, ça fait bizarre, en plus je prends le maillot. Je n'ai jamais été dans cette situation, c'est pas mal de découvrir".

« C’ÉTAIT UN PEU SUICIDAIRE »

Mathis Le Berre n’avait pas du tout prévu son coup en allant aux avant-postes. "J'ai suivi la vague, je me suis dit « qu'est-ce que je fais là ? », ce n'était pas ma place, tout était vent de face, et au final je suis resté devant. Je me suis dit je vais faire les bonifs et les GPM s’il y a moyen. J'ai réussi à tout faire. C'était un peu suicidaire, on n'était que cinq. Par contre j'avais prévu de mettre mon attaque, c'était réfléchi. Je savais que 5-6 secondes pouvaient suffire avec la descente, je l'ai faite très vite, j'ai pris tous les risques". Joueur, même trop vu l’issue de la journée, le peloton a laissé une marge importante aux cinq, puis quatre hommes de tête lorsque Killyan Houcke a lâché prise. "Au dernier tour, je savais que ça irait au bout. On s'est bien organisé, quand on a vu que ça rentrait derrière, Florian (Rapiteau) a attaqué, j'ai contré, et ça s'est fait comme ça".

Dans la Côte de Camembert, unique difficulté répertoriée sur le circuit, à franchir à trois reprises, Mathis Le Berre s’est fait plaisir en jouant les points. Dès lors, il a montré à ses compagnons d’aventure qu’il était une jambe au-dessus. "Je sentais que ça allait bien mais il faut se méfier des apparences, c'est un peu trompeur. Je savais que Florian était costaud, j'ai bien géré pour en mettre quand il fallait. J'étais bien, j'étais en forme, je n'ai pas trop roulé la semaine dernière, j'ai fait un peu de jus pour le Normandie". Jusqu’à cet ultime suspense dans les derniers mètres, Florian Rapiteau basculant à une cinquantaine de mètres de lui. Mais jamais le Lavallois n’a pu reprendre ces quelques secondes. "Je n'ai pas trop réfléchi, j'ai été au bout de moi-même, les crampes n’étaient pas loin. L'arrivée était propice à un homme seul. J'ai 55 à l'avant en plateau, je pense que Florian avait 54 donc avec une dent de plus, je me suis dit que je mettais tout et je fais le point sur la ligne".

« IL FAUT BIEN RÉFLÉCHIR »

À l’arrivée, c’est donc une victoire prestigieuse, surtout avec la manière. "Réussir à aller au bout en Classe 2, c’est super. Une échappée comme ça, ça va au bout une fois sur dix". Si cette épopée n’était pas prévue, Mathis Le Berre a donc bien fait de bouleverser les plans. "J’essaye de courir plus intelligemment, c'est beaucoup de tactique. Sur une échappée comme ça, il faut bien réfléchir, tu as beau être le plus fort…". Mais pourtant, le Breton s’est jeté à corps perdu dans une entreprise qui avait des chances limitées d’aboutir. "C'est vrai, je me suis retrouvé devant en suivant la vague et ça a fait rideau, je me demandais vraiment ce que je faisais là, répète-t-il, en rigolant. Le DS m'a demandé si je me relevais ou pas, j'ai dit non, je vais essayer et on verra bien, si je pouvais faire les bonifs et prendre un maillot".

Et pas n’importe quel maillot. Le vice-Champion de France Espoirs s’est paré de jaune, en plus des sprints et des GPM. "Le général, c'est toujours compliqué, il peut y avoir des étapes avec du vent, il faut être concentré tout le temps. Même avec un peu d'avance, les autres vont essayer de me faire mal à la gueule. Les gars vont faire le boulot". Le futur coureur d’Arkéa-Samsic va devoir résister aux Continentales les prochains jours. "L'étape de mercredi est assez à découvert, et il y a aussi l'avant-dernière. Mais ici il y a toujours un peu de vent. Même aujourd'hui on avait un peu de vent de travers, il faut être attentif". Tout est parti d’un grand hasard, mais Mathis Le Berre a provoqué sa chance. Vainqueur d’étape et porteur du maillot jaune, le Tour de Normandie commence de la meilleure des manières.

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