Van Rysel-Arden Challenge : « Pourquoi changer une formule qui marche ? »

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Le Van Rysel-Arden Challenge s'est terminé dimanche dernier à Rouvroy, avec la victoire finale du Norvégien Martin Tjotta (Ringerikskraft). Le coureur de 21 ans, déjà lauréat du Tour de Saône-et-Loire la semaine précédente, a remporté l'épreuve wallonne disputée sous forme de cinq courses d'un jour. Un format de course particulier que nous explique l'organisateur Laurent Mars, qui en profite pour revenir sur l'édition 2022 de sa course.

DirectVelo : Quel bilan tires-tu de l'édition 2022 du Van Rysel-Arden Challenge ?
Laurent Mars : C'était une belle édition, sans trop de pluie, avec plusieurs nationalités qui ont gagné. Sportivement, nous avons assisté à cinq beaux jours de course, sans jamais un seul temps mort. Chaque étape se roule à bloc du début à la fin, peut-être parce que c'est court (environ 130 km par jour, ndlr). De plus, nous avons un beau vainqueur final avec Martin Tjotta. Je pense qu'il est promis à un bel avenir.

Cette course est particulière, dans la mesure où elle est inscrite au calendrier régional de la Fédération Cycliste Wallonie-Bruxelles et que le classement final se calcule aux points. Pourquoi avoir choisi ce format de course ?
Nous voulons continuer dans la lignée du fondateur de l'épreuve, Albert Bertrand. Son fils était étudiant et il trouvait que c'était difficile pour lui de faire des kilomètres en course. Il avait donc imaginé cette formule où chaque jour, on peut repartir. Si on n'est pas bien un jour, ce n'est pas grave, on peut quand même prendre le départ le lendemain. Je pense que c'est ce qui plaît aux équipes étrangères. Par exemple, l'équipe espagnole Essax fait le déplacement depuis Valence et sait qu'elle peut partir, chaque jour, avec six coureurs sans être pénalisée.

29 ÉQUIPES RETENUES SUR 84 CANDIDATURES

Les équipes, justement, ont l'air séduite par cette formule...
Nous avons reçu 84 candidatures. J'en suis le premier surpris ! Avant la pandémie, nous avions une majorité d'équipes néerlandaises car elles apprécient nos parcours. C'était assez difficile de convaincre les équipes belges, à l'époque. Mais depuis 2020, toutes les équipes sont venues, parmi les meilleures avec notamment EFC, Basso Team Flanders et Lotto-Soudal DT. Cette saison, ils ont malheureusement dû décliner à cause de leur participation au Tour de Bretagne, mais nous avions quand même un beau plateau.

Vous avez retenu 29 équipes sur 84 candidatures. Comment as-tu établi ce plateau ?
On a réduit de moitié le nombre de clubs néerlandais. La majorité des candidatures viennent de là-bas. On a gardé les plus fidèles. On prend un bloc belge, composé à la fois des meilleurs clubs et d'autres équipes plus petites, comme De Molenspurters Meulebeke, Steeds Vooraan Kontich, ou Sport en Moedig Genk. Ils viennent depuis des années et il faut quand même respecter ceux qui viennent depuis toujours. Pour le reste, quand on voit une candidature norvégienne, on est content de l'avoir... C'est pareil pour l'équipe espagnole Essax. On aurait pu avoir trois équipes norvégiennes mais il fallait faire des choix.

« NOUS NE VOULIONS PAS UN MASSACRE TOUS LES JOURS »

En ce qui concerne le parcours, on a pu assister à des étapes très difficiles et à d'autres qui se sont terminées au sprint. Comment as-tu organisé le tracé ?
On avait imaginé le parcours avec une étape moyennement dure à Erezée, puis très difficile à Wiltz, ensuite une autre avec 2 000 mètres de dénivelé positif à Neufchâteau. Le week-end, nous avions une étape relativement plate à Sainte-Marie sur le plateau gaumais et une dernière manche assez dure à Rouvroy. Nous ne voulions pas ressembler à d'autres tours où c'est un massacre tous les jours. Par ailleurs, il faut tenir compte des autres épreuves. Pour avoir un dispositif policier suffisant, il faut être dans le Sud de la Province le jour de Liège-Bastogne-Liège. C'est notre priorité d'assurer la sécurité des coureurs. Sans oublier les signaleurs fixes et mobiles que je remercie, le dispositif policier, pour une course régionale, se rapproche presque d'une course pro. Nous avons accentué notre investissement d'un point de vue sécuritaire cette année, notamment via l'achat de drapeaux "danger", et ça a plu aux équipes.

Une nouveauté, cette saison, est le choix de la date. Habituellement organisée à la mi-avril, tu as décidé de l'organiser une semaine plus tard. Pourquoi ?
C'est une demande compréhensible des équipes belges. D'habitude, nous étions en concurrence le samedi avec Liège-Bastogne-Liège Espoirs. Ces deux dernières années, à cause de la pandémie, nous avions dû reporter l'épreuve à la fin septembre, pendant les Mondiaux. La date plaisait aussi aux équipes, mais ça aurait été compliqué d'enchaîner avec la Famenne Ardenne Classic (1.1) la semaine suivante.

« POURQUOI DÉPENSER PLUS SI ÇA MARCHE BIEN ? »

Quand on voit le succès de ce Van Rysel-Arden Challenge, est-on en droit d'imaginer une montée au calendrier national, à l'avenir ?
Nous n'avons pas d'ambition de passer au niveau national : pourquoi dépenser plus si ça marche bien ? De toute façon, nous n'avons pas les moyens de faire un tour au niveau national. Organiser cinq courses régionales à la suite et instaurer un classement aux points, c'est jouable financièrement. Malheureusement, il n'y a pas une culture du vélo en Province de Luxembourg. Il y a pourtant des moyens mais on ne se plaint pas : on arrive à l'organiser en tant que course régionale. Notre budget est en équilibre et nous ne demandons pas des sommes exorbitantes aux villes, que nous remercions d'ailleurs de nous accueillir. Si nous demandions 8 000 ou 10 000 euros, je ne suis pas sûr que nous aurions encore des candidats. Imaginons maintenant monter en UCI 2.2, est-ce que nous aurions pour autant plus de monde ? Nous n'avons pas de contrainte au niveau du choix des équipes : en tant que course régionale, nous pouvons un peu faire ce que l'on veut et ça nous permet d'avoir un beau plateau. Alors, pourquoi changer une formule qui marche ?

Cap désormais sur tes prochaines organisations et, notamment, la Famenne Ardenne Classic qui aura lieu le 2 octobre. Après deux annulations successives, tu dois attendre son retour avec impatience...
Nous avons du mal à trouver les équipes. Nous en sommes à 15 actuellement. Je pense que c'est dû aux annulations des deux dernières éditions. On s'est quitté en 2019 avec Mathieu Van der Poel comme tête d'affiche, la fin de carrière de Maxime Monfort et, de surcroît, une grosse présence médiatique. Ensuite, les deux éditions suivantes ont été annulées à cause du report de Liège-Bastogne-Liège, en 2020, et de Paris-Roubaix en 2021, tout cela sans aucune considération. Mais, encore une fois, je ne veux pas me plaindre : on aura la course que l'on aura avec les équipes que l'on aura. On repartira à zéro avec une plus petite édition. Concernant le parcours, la partie en ligne sera un peu modifiée et le circuit local, lui, restera identique. Ce ne sera pas très dur, mais en même temps c'est compliqué de faire plat dans la région...

Mots-clés