Les frères Ducrocq ne l'imaginaient pas

Crédit photo Aurélie Tscheiller

Crédit photo Aurélie Tscheiller

Dimanche dernier, les frères Ducrocq ont trusté les deux premières places du Championnat du Grand Est (voir classement). “C’est énorme. On ne s’y attendait pas. Même dans nos rêves, on n’imaginait pas ça. C’est ce qui pouvait nous arriver de mieux“, se réjouit auprès de DirectVelo le vainqueur, Joris. “Je suis super content. Je ressens de la fierté. Ça concrétise toutes les années de vélo qu’on a faites ensemble“, avoue le 2e, Quentin.

« ON A PRÉFÉRÉ FAIRE COMME ÇA MÊME SI ÇA AURAIT ÉTÉ SUPER BIEN DE FINIR À DEUX »

À 50 kilomètres de l’arrivée, Quentin est sorti en compagnie d’un autre concurrent. Cinq bornes plus loin, Joris a suivi Sloan Horny (UC Haguenau). “Quand j’ai vu Joris derrière, j’ai levé le pied pour qu’il rentre plus facilement“. Les quatre cyclistes se sont retrouvés ensemble. Les deux collègues d’échappée qui les accompagnaient ont ensuite été distancés. Quentin et Joris n’étaient plus que tous les deux jusqu’à cinq kilomètres du terme. “Il y avait un grand circuit, puis il y avait une dernière petite boucle avec une bosse. Mon frère a commencé à avoir des crampes. Il m’a d’y aller, j’ai fini tout seul. Au niveau des écarts, on avait un peu peur. On ne savait pas si on pouvait s’attendre. On a préféré faire comme ça même si ça aurait été super bien de finir à deux“, admet Joris.

Quentin acquiesce. “Quand on est passé sur la ligne, on avait 1’30". Lorsqu’on a fait la relance pour prendre la bosse, j’ai senti les crampes arriver. En basculant le petit plateau, j’ai senti que ça brûlait. J’ai préféré qu’il aille chercher le titre. Si je me faisais reprendre, ce n’était pas grave“. Finalement, il a pu terminer 2e. “Quand j’ai basculé, j’ai vu que derrière, c’était relativement loin. Je savais que c’était bon. On aurait pu s’attendre mais on a préféré assurer le coup plutôt qu’il m’attende et qu’on se fasse reprendre bêtement“.

« IL M’EN FAIT BAVER »

Les deux frères, qui ont deux ans d’écart, ont commencé le vélo vers 18 ans dans le sillage de leurs cousins Maxime et Nicolas Devie. “J’ai commencé le vélo deux ans après lui. On est parti sur le Tour de France comme spectateurs et on a vu une pub. Il a racheté un vélo et moi j’ai repris le sien“, explique Quentin. Après avoir commencé au BC Rémois, leurs chemins se sont séparés avant de se recroiser de 2017 à 2020. Puis en 2021, Joris a décidé de rentrer à l’UV Aube, tandis que Quentin a voulu rester à l’ASPTT Nancy. “Je pouvais rester en 2 et faire ce que je voulais. Je n’étais pas obligé d’être sur les courses tous les week-ends“, indique Quentin.

Côté professionnel, les deux frangins travaillent dans la même entreprise en tant qu’ouvriers viticoles. Ils habitent non loin de Reims, Joris à Bezannes et Quentin à Val-de-Vesle. “On est super proches. On s’est toujours super bien entendu. Si on peut partir en vacances ensemble pour rouler, on le fait“, avoue Quentin. Joris a un palmarès plus fourni que Quentin. “C’est son premier podium en Toutes Catégories. C’est un peu nouveau d’être devant pour lui. Il manque un peu de confiance en lui. Il n’ose pas des trucs“, glisse Joris. “Je n’ai jamais été très fort. J’ai souvent bossé pour des leaders, mais j’ai un peu ma chance à Nancy. Quand on a l’occasion d’aller monter des cols avec Joris, il m’en fait baver. Il a vraiment de la force. Quand il prenait des relais au Championnat, il faisait mal. Il appuyait plus fort et il sait lire la course. J’ai appris à courir avec lui. À 15 bornes de l’arrivée, c’est lui qui m’a dit qu’on avait quasiment course gagnée et qu’il fallait que je m’accroche“, détaille Quentin.

CHAUFFEURS AU TOUR DE FRANCE

Depuis quatre ans, ils vont ensemble sur le Tour de France en tant que chauffeurs de voiture ouvreuse pour les invités. “On y est rentré grâce à Didier Durin, le président du BC Rémois, qui travaille chez ASO. Les invités sont à vélo, en simulation comme sur une course. Ils font les 40-50 derniers kilomètres environ mais ça peut descendre à 20 en fonction du niveau. Avec mon frère, on a chacun un groupe qui peut varier de 10 à 30“, expliquent Joris et Quentin. En juillet, Quentin sera au Tour de France masculin et Joris au Tour de France féminin avec le passage de l’épreuve à une semaine. “On inversera l’an prochain. On est obligé de prendre des congés et ça faisait beaucoup qu’on soit absent tous les deux cinq semaines d’affilée“.

D’ici-là, Joris Ducrocq, le nouveau champion du Grand Est, va jouer sa place au Championnat de France à Cholet le week-end prochain lors de la SportBreizh. “Avec l’UV Aube, on est dans les trois premiers de la Coupe de France N3, donc on a le droit à trois places. J’en ai déjà participé à quatre“. Il pensait arrêter à la fin de l’année et ne prendre part qu’à des cyclosportives en 2023. Mais son titre pourrait lui faire changer d’avis. “Ça m’embête un peu de ne pas porter le maillot pendant une année entière. Du coup, je ne sais pas. Je vais réfléchir jusqu’à la fin de saison et je prendrai une décision“.

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Portrait de Joris DUCROCQ
Portrait de Quentin DUCROCQ