Benjamin Thomas : « Sans le public, j’aurais lâché l’affaire »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Un Airbus au décollage aurait fait moins de bruit. C'est dans une ambiance assourdissante que Benjamin Thomas a terminé la course aux points, dernière manche de l'Omnium, après avoir doublé le peloton dans les tout derniers mètres, en compagnie du double Champion du Monde, Ethan Hayter. Les vingt points lui assurent la médaille d'argent alors qu'il n'était encore que 5e à 20 tours de l'arrivée. Malgré cette deuxième place, le Tarnais affichait un grand sourire à l’issue de la journée. Il faut dire que l'habituel coureur de Cofidis partait de loin après avoir fini 6e du scratch puis 8e de la course tempo sans peser sur la course. Il a su rebondir en dominant l’élimination, en faisant déjà exploser le public du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines aux tribunes remplies, avant donc de rétablir la situation in extremis dans la course aux points. Il revient sur sa journée au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Cette médaille était-elle espérée après les deux premières épreuves ?
Benjamin Thomas : Si on m'avait dit ce matin que j’allais finir sur le podium, j’aurais répondu, « qu’est-ce qu’il s’est passé ? Ils sont tous tombés ? ». Je n’étais vraiment pas bien. Ça a été un Omnium très dur. L'élimination a été un vrai déclic pour moi. Les spectateurs m’ont poussé à donner le meilleur de moi-même. Sans le public, j’aurais lâché l’affaire, fini 5e ou 6e. Je suis arrivé sur ce Championnat du Monde en étant un peu en bout de course et j’arrive à ramener un résultat. Je suis content. Il y avait un haut niveau sur cet Omnium, c’est satisfaisant. La première place était loin d’être accessible. Ethan Hayter est le nouveau boss de la discipline (il avait déjà été Champion du Monde en 2021, NDLR).

Il y a eu un sacré spectacle sur la course aux points !
Ça a été un match de boxe. (Niklas) Larsen a pris un premier tour puis un second. Je savais qu’il fallait gagner les deux derniers sprints mais Hayter a emmené tellement fort avant le dernier sprint qu’on est sorti à deux. Je n’ai plus réfléchi. Les gens criaient tellement fort qu’il fallait que je donne tout. On a fait un beau baroud d’honneur. Il passait des gros relais, moi j’étais à fond. Il m’a emmené vers cette médaille d’argent. Je n’ai rien lâché, je suis très content pour le public et pour l’équipe de France.

« JE PENSAIS VIVRE UNE JOURNÉE VRAIMENT DIFFICILE »

Finalement, tu as su bien gérer ta journée...
J’ai essayé de courir à l’économie, de ne pas faire trop d'efforts. Le Japonais (Shunsuke Imamura, NDLR) et l’Australien (Kelland O’Brien, NDLR) ont eux beaucoup donné et sur la course aux points, ça se paie. Quand on a pu s'économiser le reste de la journée, ça se voit dans les 20 ou 30 derniers tours de la course aux points. C’est une médaille qui s’est construite tout au long de la journée.  

On te sent ravi alors que tu as déjà été Champion du Monde…
Il y a des médailles d’argent qui font plus plaisir que des titres. Je ne m'y attendais vraiment pas, je pensais vivre une journée vraiment difficile. Depuis un an et demi, je ne faisais pratiquement plus d’Omnium, je n’y prenais presque plus de plaisir après Tokyo (où il avait fini 4e, NDLR). J’avais la boule au ventre ce matin. Puis ça n’avait pas super bien démarré. Je n’avais pas les sensations que je voulais. C’est souvent comme ça quand on est sur le vélo, je ne me suis pas affolé. Le staff, les autres coureurs et mes proches m’ont soutenu toute la journée, j’ai eu des petits messages. Et à la fin, ça fait la différence.

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