Florentin Lecamus-Lambert : « Ça a failli être très grave »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

On l’avait laissé hurlant de douleur, étalé au milieu de la chaussée, cassé de partout sur la route des 3 Jours de Cherbourg (Coupe de France N1) où il était en train d’atteindre un nouveau pic de forme. Bilan : une triple fracture des vertèbres dorsales, après avoir eu le temps d’entrevoir le pire. Un mois et demi plus tard, le Breton donne de ses nouvelles à DirectVelo. Et se tourne vers l’avenir, le regard conquérant.

DirectVelo : Question toute simple, comment vas-tu ?
Florentin Lecamus-Lambert : Ça va beaucoup mieux. J’ai enlevé mon corset la semaine dernière alors qu’il était d’abord prévu que je le garde trois mois. Finalement, je l’ai gardé deux fois moins longtemps. J’ai attaqué la rééducation et je suis remonté sur mon home-trainer.

« UN RISQUE DE PARALYSIE »

Revenons à cette chute, que s’est-il passé ce jour-là ?
On était en file indienne, c’était en train de relancer très fort. On était dans une descente, j’étais aux alentours de la vingtième position. Un copain m’a expliqué après coup que j'avais pris un caillou. J’ai perdu le cintre et je me suis retrouvé assis sur le cadre, à 70 km/h… J’ai tapé un talus montant. Puis j’ai rebondi et je suis retombé sur la route. Par chance, même si la quasi-totalité du peloton est passée ensuite, personne ne m’a percuté. On m’a évidemment tout de suite transporté à l'hôpital mais à Cherbourg, il n’y avait pas de spécialistes à proprement parler, pour ma situation. Ils ont envoyé mon scanner à Caen, à un neuro-chirurgien. Il était question d’un risque de paralysie. Il y avait un gros doute et forcément, ça a été un grand moment de stress pour moi.

Fort heureusement, il n’en a rien été…
Je m’en suis tiré avec ces fractures aux vertèbres mais rien de plus. J’ai vite relativisé. Ça a failli être très grave, j’en ai conscience. Forcément, à ce moment-là, le vélo est devenu secondaire, même si c’était quand même aussi un coup dur pour moi. Mais j’ai eu le temps de faire une belle saison. S’il m’était arrivé la même chose en février, je n’aurais évidemment pas pu faire tout ce que j’ai fait cette année.

Comment t’occupes-tu depuis cette lourde chute ?
J’ai trouvé le temps long, clairement. J’ai fait beaucoup de marche car c’était l’une des seules choses que j’avais le droit de faire (sourire). C’était frustrant car je comptais faire pas mal de choses en cette période de l’année mais je n’avais évidemment pas le droit de porter de charges lourdes par exemple.

« J’IMAGINE QU’ILS N’AVAIENT PAS ENVIE DE PRENDRE LE RISQUE »

Comment imagines-tu l’avenir désormais ?
Je vais repartir avec le VC Rouen 76 pour une saison supplémentaire. Puis on verra pour la suite. Le staff m’a directement dit que c’était bon pour continuer, il n’y a pas eu de problème. Il faudra, maintenant, voir si je n’ai pas d’appréhension sur le vélo au moment de reprendre l’entraînement puis les compétitions, mais je ne pense pas qu’il puisse y avoir de problème. Ce qui est sûr, c’est que j’ai très envie de reprendre.

Même si, comme tu l’as dit, le vélo est évidemment - un temps - devenu secondaire et que la situation aurait pu être plus grave, cette chute t’a tout de même peut-être privé d’une place chez les pros, après un quatrième (!) stage pro l’été dernier…
C’est vrai que je crois que j’ai battu un record (rires). Quatre stages pro sans passer, c’est quelque chose ! Forcément, j’y pense et je me dis que j’ai raté une occasion de passer à cause de cette chute. J’ai fait une grosse saison et j’étais revenu à un pic de forme à Cherbourg. J’avais battu mes records lors de la première étape. Tout allait bien, j’étais en condition optimale pour finir fort. Mais dans ces conditions, et étant donné la gravité de la chute sur le coup, je comprends qu’une équipe pro n’ait pas souhaité prendre le risque de me prendre. S’il s’agissait d’un coureur qu’ils avaient déjà dans l’équipe, ils l’auraient sûrement gardé pour une année supplémentaire pour ne pas le laisser comme ça. Mais aller chercher un amateur dans ces circonstances, c’est différent. J’imagine qu’ils n’avaient pas envie de prendre de risque.

À quelle période penses-tu pouvoir retrouver la compétition ?
Je serai là dès les premières courses, en février, comme tout le monde. C’est prévu comme ça, il n’y aura pas de problème. Je vais reprendre l’entraînement sur la route d’ici très peu de temps, comme tous les potes. Je serai prêt pour le début d’année. Avec la rage de vaincre comme jamais, c’est clair. Je compte bien refaire une aussi grosse saison qu’en 2022. Je vais rentrer dedans directement, j’ai envie de frapper fort dès les premières courses.  

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