Mathis Le Berre : « Je ne suis pas surhumain »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

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À quoi se joue parfois un exploit majuscule ? Pour sa première grande Classique WorldTour, Mathis Le Berre n’a pas attendu dans le peloton, en prenant l’échappée matinale du Circuit Het Nieuwsblad. Mais pas seulement. Dernier rescapé de celle-ci, il s’est accroché, encore et encore, quand les favoris ont mis en route derrière lui. Repris par Jonathan Milan, Florian Vermeersch, et surtout Dylan van Baarle, il n’a toujours pas cédé. À tel point que les deux premiers cités ont craqué avant lui. Dans la roue du coureur de Jumbo-Visma, il restait encore un monument du cyclisme à affronter : le Mur de Grammont. "Dylan van Baarle était vraiment impressionnant, même sur le plat. C’est un grand coureur, je ne pouvais pas passer avec lui, j’étais déjà à la limite. J’ai fait ce que j’ai pu. Il me demandait de passer mais j’avais déjà fait 150 bornes devant, je ne suis pas surhumain. C’est une bonne course, l’équipe m’a fait confiance quand j’étais à l’avant", se réjouit Mathis Le Berre.

Puis le pied du Mur de Grammont est arrivé, et le coureur d’Arkéa-Samsic a basculé dans une autre dimension. "J’étais déjà cuit mais c’est quelque chose qui n’existe pas dans les autres pays. Je voyais ça à la télé, quand on est dedans c’est vraiment une grosse ambiance, on voit que le public est vraiment passionné par le cyclisme. C’est la plus belle course à laquelle j’ai participé". Le néo-pro n’est pas là pour prendre des photos. Mais les premiers contreforts enterrent ses chances d’accrocher le train néerlandais. "C'est le Mur de Grammont qui m’a mis dedans. L’autre Mont, ça a été (le Bosberg, qui suivait, NDLR), mais le Grammont était vraiment raide et j’ai eu des crampes. Je n’ai pas pu suivre le rythme".

« ÇA ME PLAIT BIEN »

Dépassé ensuite par Tim Wellens, ou encore Matej Mohoric, il a vu Arnaud De Lie et Christophe Laporte le dépasser ensuite. Mais pas plus. Mathis Le Berre s’est accroché au forceps dans un groupe de costauds. En dernière position dans le final, il a décroché une place dans le Top 25, toujours en queue du groupe (voir classement). Mais sa mission est plus qu’accomplie. "Il fallait qu’on soit présent dans un groupe de sept-huit mecs, c’était le cas. Après j’ai essayé de bien gérer mon échappée, parce qu’en Espagne j’étais déjà dedans mais j’avais fait beaucoup d’efforts, et j’étais juste sur la fin. C’est comme ça que je vais apprendre. On verra dans les années futures, je prendrai sûrement un petit peu de caisse et ce sera toujours plus facile", sourit-il.

L’ancien vainqueur du Tour de Normandie s’est donc offert une partie de manivelles avec le dernier vainqueur de Paris-Roubaix, à qui il a tenu tête. "Il voulait que je passe mais je lui ai dit non. J’étais dans l’échappée au kilomètre 5, je ne pouvais pas rouler, je viens d'arriver chez les pros, je n’ai que 21 ans. Mais c’est normal, c’est la réaction que j’aurais eu à sa place". Mathis Le Berre s’est régalé sur l’épreuve belge. Et ça pourrait continuer. "Je vais faire quelques courses belges. Je n’avais jamais vraiment couru sur le pavé, avoir un coup d’avance c’est toujours un peu plus facile, ça enlève de la pression. On arrive à se situer un peu plus facilement. Ça me plait bien pour le moment", sourit celui qui va enchainer avec le GP Criquielion et le GP Jean-Pierre Monseré. "C’est bien que l'équipe me fasse confiance, c’est important". Et cette confiance, Mathis Le Berre l’a bien rendue.

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