Raphaël Parisella veut poser ses valises

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Raphaël Parisella retrouve les pelotons amateurs de l'ouest, un an après les avoir quittés. Néo-pro chez B&B Hôtels-KTM l'an passé, le Canadien de 20 ans n'a pas obtenu de place dans un groupe sportif UCI après le naufrage de l'équipe. Toujours Espoirs, il espère donc rebondir avec le Dinan Sport Cycling et retrouver le niveau qui fut le sien en 2021 quand il en épatait plus d'un à son arrivée en France, aux Sables Vendée Cyclisme. Mais pour pouvoir s'entraîner au mieux, il cherche un pied-à-terre en Bretagne pour repartir d'un bon pied, comme il l'explique à DirectVelo.

DirectVelo : Comment s'est passé ton retour dans le peloton Amateur ?
Raphaël Parisella : C’est sûr qu’avec tous les pros qui redescendent, il y a un gros niveau. Il y a toujours eu du niveau en Amateur. C’est plus organisé que ce que j’avais connu en DN2 (aux Sables Vendée Cyclisme, NDLR). À part ces petits changements, les courses sont les mêmes, c’est toujours dynamique, ça flingue de partout puis au final c’est un groupe de costauds qui sort à l’avant et qui se joue la gagne. À ce niveau là, je ne suis pas dépaysé par le type de course, mais il faut toujours une petite adaptation comparé au style professionnel où les courses sont beaucoup plus contrôlées, et où ça met du temps à lancer la course. C’est sympa de revenir dans ce peloton, en plus je suis revenu avec Lukas (Carreau), un pote du Canada que je connais depuis longtemps, avec lequel j’ai couru aux Sables et en Juniors.

« LUKAS A JOUÉ UN GRAND RÔLE »

Est-ce que c’est Lukas qui t’a fait choisir Dinan ?
C’est sûr, Lukas a joué un grand rôle. Si je devais retourner en amateur, il était important d'avoir des gens proches autour de moi. Je sais que la Bretagne est une région qui me convient, je n’avais pas d’intérêt à aller courir dans les Alpes ou dans d’autres régions où j’avais des options mais qui correspondaient moins à mes caractéristiques. En Vendée et en Bretagne, j'ai des amis. C’est plus facile à vivre quand tu viens de l’autre bout du monde.

Tu avais donc des propositions d'autres clubs français ?
J’en avais en amateurs mais mon objectif était de rester chez les pros, même s’il fallait pour ça redescendre en Continental. Avec la date tardive à laquelle nous avons su que l’équipe ne repartirait pas, c’était compliqué de retrouver chez les pros. J’avais des propositions mais c’était compliqué au niveau de leur budget de reprendre un coureur. Certaines équipes étaient prêtes à me prendre mais il fallait apporter son budget. Malheureusement, après une fermeture d’équipe, où on te doit le quart de ton salaire, c’est compliqué d’avoir de l'argent de côté et d’avoir ton budget.

« J'AI CONTINUÉ À TRAVAILLER SÉRIEUSEMENT »

Tu fais partie des coureurs de B&B à qui on doit encore de l’argent de l’an dernier ?
Comme tout le monde, je pense. C’est une situation assez complexe, il y a des avocats qui s’en occupent. Quand une équipe met la clef sous la porte, ce n’est jamais simple pour toutes les parties. Je pense qu'il manque soit des primes, soit des frais de déplacement, soit des mois de salaire à tous les coureurs de l'équipe. C’est la vie, on passe à autre chose mais c’est sûr que ça ne permet pas d’avoir beaucoup d’argent de côté pour rester en Europe indéfiniment.

Quand t'es-tu décidé à redescendre en Amateurs ?
J’ai continué à travailler sérieusement quand j’ai su que le camp d'entraînement de décembre n’aurait pas lieu. J’étais dans l’appartement que j’occupais l’an dernier à Gérone pour m’entraîner. Ça me permettait de continuer à bosser et de me tenir prêt si une opportunité s’offrait à moi. Malheureusement, ça ne s’est pas concrétisé, je suis resté en contact avec Lukas tout ce temps-là. Quand j’ai vu que ça n’avançait plus vraiment dans les recherches d’équipe et que les réponses se faisaient de plus en plus rares, j’ai décidé de donner ma réponse à Dinan pour intégrer l’effectif. Ça m’a permis de courir rapidement, car dans la tête c’est compliqué de rester concentré et sérieux quand tu ne sais pas si tu vas courir dans la saison. J’ai donné mon accord une semaine avant l’Essor Basque où j’ai commencé la saison lors du second week-end.

« MÊME SI JE NE SUIS PAS À 100%, JE SUIS CAPABLE D'ÊTRE DEVANT »

Sportivement, que t'a apporté cette première année chez les pros ?
J’ai appris énormément, j’avais un super groupe de coureurs expérimentés autour de moi. Je cours beaucoup mieux que je ne courais avant, je le vois directement. Mon niveau de forme est loin de celui que je souhaite, je ne suis pas à mon niveau aujourd’hui. Au niveau des mes capacités à courir, je cours différemment qu’en 2020 ou 2021, mais même sans ma forme habituelle, je suis capable d’être devant et d’être utile. Sur ce point, je vois une énorme différence. L’année dernière, je n’ai pas eu la saison souhaitée avec le Covid ou d’autres pépins. Ça a été une grosse transition de passer d’une DN2 à une ProTeam, il y avait beaucoup d’apprentissage. Ça n’a pas été une saison à la hauteur de mes attentes. Après la vie fait bien les choses, on verra si j’arrive à passer une nouvelle fois chez les pros.

À la Route Bretonne, tu étais dans le bon coup, c’était pour faire des efforts, chercher des sensations ?
Sur cette course, je n'étais pas le coureur protégé. Je sais que si je suis en forme, sur une course comme ça je suis largement capable d’être devant et de jouer la gagne. Mais je sais où j’en suis physiquement en ce moment, je ne suis pas à mon niveau, c’était plus pour aider nos leaders (Damien Poisson et Ilan Larmet, NDLR). Mon objectif était que l’un d’eux rentre devant puis que je puisse les propulser dans le final. Malheureusement, ça ne s’est pas concrétisé et j’étais un peu juste dans le final pour jouer devant. J'ai prévenu le DS pour relancer derrière. On sait qu'en Amateur, c’est débridé, ça ne se passe pas comme prévu dans le briefing. J’ai fait des bons efforts pour la suite. Ça fait du bien de voir que même si je ne suis pas à 100%, je suis capable d’être devant et que je mérite ma place.

« JE FAIS RÉGULIÈREMENT MES VALISES DEPUIS UN MOIS ET DEMI »

Tu te donnes quelle échéance pour retrouver un niveau pour jouer la gagne ?
Il n’en manque pas beaucoup, je me suis bien préparé cet hiver, c’est vraiment de la finition. C’est compliqué vu que je n’ai pas un logement fixe, je bouge beaucoup entre les domiciles des mécaniciens et des assistants de l’équipe. Je fais régulièrement mes valises depuis un mois et demi lorsque j’ai quitté mon appartement. C’est complexe d’être dans une situation plus difficile que celle-ci.

Tu changes donc régulièrement de routes d'entraînement ?
Oui, j’ai passé dix jours à Redon et après dix jours à Dinan dans le service course, ensuite je suis allé chez un autre mécanicien de l’équipe sur Rennes. J’ai vraiment hâte d’avoir mon pied à terre personnel pour pouvoir m'installer et être mieux dans la tête également. Je ne me donne pas d’échéance particulière, je pense qu’une fois que j’aurai mon propre domicile, je serai à mon top niveau dans deux mois. Après, mon objectif est de prendre du plaisir et d’aider au mieux le collectif. Si ma place est chez les pros, ça se fera naturellement. L’an dernier le vélo était devenu un métier donc cette année je cherche un peu plus le vélo plaisir, le vélo du début qui m’a poussé à commencer.

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