Titouan Fontaine : « C’est mon style, je suis un attaquant »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

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Titouan Fontaine a été fidèle à lui-même pour s’imposer, en solitaire, sur la prestigieuse Bernaudeau Juniors. Le puissant rouleur en a mis de partout en multipliant les attaques. Pourtant, son directeur sportif Yann Berny avait anticipé le coup et l’avait prévenu lors du briefing. “Il m’a dit qu’il fallait que j’en garde et je n’attaque pas de partout dès le début. Il m’a demandé de me canaliser. Mon problème, c’est que j’en mets souvent beaucoup trop dès le début de course”, concède-t-il auprès de DirectVelo.

« IL GUEULAIT : “PUTAIN MAIS QU’IL EST CON” »

Au chaud dans le peloton pendant une petite heure de course, le coureur du VC Villefranche Beaujolais n’a pas attendu beaucoup plus longtemps avant de lâcher les watts. “J’en ai mis une grosse dans une bosse, puis j’ai remis ça deux-trois bornes plus tard”. Titouan Fontaine attaque, une, deux, trois fois… Il se retrouve dans des tout petits groupes de deux ou trois coureurs. Avant de contrer une nouvelle offensive et de partir, cette fois-ci, pour de bon, en solitaire. “Diego Charteau était derrière moi mais j’ai vu qu’il plafonnait. J’ai insisté et j’ai creusé l’écart”. Il n’avait alors plus à se poser la moindre question. “J’ai appuyé très fort sur les pédales pour faire le trou puis je ne les ai plus jamais revus”.

Titouan Fontaine l’a donc emporté en costaud, après un gros numéro de soliste. Et a pu en plaisanter après coup avec Yann Berny. “Je sais que dans la voiture, pendant la course, il gueulait : « putain mais qu’il est con ! » (rires). Il disait ça au mécano. Mais ça l’a rassuré de voir que j’étais capable de tenir le coup et d’aller au bout comme ça”. Le « Loup » a bien conscience des limites de sa façon de courir. Il sait qu’il ne pourra pas se permettre de lâcher tant de cartouches sur les plus grosses courses internationales du calendrier. Mais pour l’instant, il ne peut pas totalement s’en empêcher, bien qu’il tente de faire des efforts. “C’est mon style, je suis un attaquant. Je n'aime pas rester dans les roues. Je ne me vois pas faire une course sans mettre une attaque. Ou plusieurs. Je sais que ça ne paie pas souvent. Quand on tombe sur plus malin que soi, c’est vite plus compliqué”.

« JE DOUTE DE MOI, C’EST POUR ÇA QUE J’ATTAQUE »

Au moment d’anticiper un scénario de course durant lequel il ne parviendrait pas à lâcher ses principaux adversaires, contrairement à dimanche dernier, il concède qu’il pourrait vite gagner en nervosité. “Sur le vélo, je suis assez impulsif. C’est pour ça que je préfère partir seul. Quand j’ai les jambes pour le faire, ça me permet de ne pas trop me poser de questions. En plus, on est en début de saison et je ne connaissais pas tous mes adversaires ici”. Ce besoin de multiplier les offensives traduit également un certain manque de confiance en lui. “Je doute de moi. C’est pour ça que j’attaque, je peux jauger mes adversaires et voir où je me situe par rapport aux autres”.

Après ce premier succès UCI qui lui fait beaucoup de bien - “c’était un objectif” - et qui lui permet de rendre la pareille à tous ceux qui œuvrent au quotidien au VCVB - “c’est une façon de les remercier, les sponsors, les bénévoles… C’est un retour sur investissement pour eux” -, Titouan Fontaine va pouvoir se concentrer sur Gand-Wevelgem, le week-end prochain. “C’est peut-être le début d’une belle série de grosses courses sur les pavés. J’aimerais faire Paris-Roubaix et la Pévèle également. Ce week-end, il y aura un très gros plateau mais j’ai hâte de voir ce que ça peut donner”. Et nul doute que cette fois-ci, il pourra plus difficilement espérer l’emporter en multipliant les attaques d’entrée de jeu. “Je vais encore essayer de me canaliser”, rigole-t-il pour conclure.

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