Anthony Turgis a couru après le temps perdu

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Le Tour des Flandres 2023 ne laissera pas de grands souvenirs à Anthony Turgis, pas plus qu’à l’ensemble du Team TotalEnergies. Thomas Bonnet, Sandy Dujardin, Peter Sagan, Dries Van Gestel et donc Anthony Turgis : tous les coureurs précédemment cités ont goûté au bitume durant l’épreuve. Le Francilien a été pris dans l’énorme chute causée par Filip Maciejuk. Le début d’une longue série d’ennuis. “On était très bien positionnés à l’approche du premier passage au Quaremont. Mais par la faute d’un coureur, il y a eu cette grosse chute et j’ai été retardé. Je ne me suis pas fait mal car je suis tombé sur des coureurs qui étaient déjà au sol. J’aurais pu revenir très vite mais je me suis rendu compte que j’avais une hernie sur le pneu, qui frottait la fourche”. Alors que sa voiture de direction sportive se trouve très loin, il décide de poursuivre sur sa machine mais ne peut pas s’employer à 100%. “Je voyais que ça s’aggravait et c’était pire si je me mettais à bloc. J’ai vu Wout van Aert me doubler mais je n’ai pas essayé de le suivre car ça empirait l’état du pneu…”. Un pneu qui a fini par exploser quelques kilomètres plus loin. “J’ai fait tout le centre-ville, jusqu’au Quaremont, sur la jante. Le temps qu’ils dépannent Sandy (Dujardin) et Peter (Sagan), je n’ai pas vu la voiture tout de suite”. Il est alors en compagnie de Julian Alaphilippe, “mais déjà très loin de la tête de course”.

« IL Y A TOUJOURS UN PEU DE PLACE »

Un peu plus tard, il se retrouve cette fois-ci à pied après qu’un coureur l’a accroché par l’arrière. “Paul (Ourselin) m’a dépanné en me filant son vélo mais j’ai encore dû faire des efforts pour rentrer”. Ainsi lorsque l’intéressant groupe de contre s’est formé, avec des solides comme Kasper Asgreen, Benoît Cosnefroy ou encore Mads Pedersen, aucun coureur de la ProTeam vendéenne n’a pu y aller. “J’avais besoin de récupérer après avoir fait de gros efforts pour revenir, et j’ai loupé cette grosse vague. Dries (Van Gestel) est tombé lui aussi et a été retardé de la même façon. On a tous eu notre lot de malchance”, regrette Anthony Turgis, qui termine tout de même dans le Top 20 (voir classement) malgré cette seconde partie de course très délicate.

Très malchanceux durant les Flandriennes l’an passé, l’athlète de 28 ans tente de relativiser cet acharnement du mauvais sort sur ces Monuments auxquels il tient tant. “Ce sont des courses où on sait très bien qu’il va y avoir des chutes. Malheureusement, ça fait partie du jeu”. Sans ces pépins, pense-t-il qu’il aurait pu jouer un podium, malgré l’impression folle laissée par Tadej Pogacar et Mathieu Van der Poel ? “Ils sont un bon cran au-dessus mais on peut toujours faire une bonne course. Il n’y a qu’à voir ce qu’a fait Mads Pedersen, il a très bien joué le coup. Christophe Laporte a lui aussi réussi à accompagner les meilleurs pendant un temps. Il y a toujours un peu de place”.

« IL FAUDRA UNE BONNE LECTURE DE LA COURSE »

Sur l’ensemble des Flandriennes, les hommes de Jean-René Bernaudeau ne sont pas parvenus à briller cette année. Circuit Het Nieuwsblad, Kuurne-Bruxelles-Kuurne, E3 Saxo Bank Classic, Gand-Wevelgem, A travers la Flandre, Tour des Flandres… Lors de ces six épreuves prestigieuses, le collectif ne sera pas parvenu à décrocher le moindre Top 15, même si Anthony Turgis a terminé dans le Top 10 à Milan-San Remo entre-temps. Comment expliquer ces résultats en-deçà des attentes ? “On a récemment perdu (Maciej) Bodnar qui est tombé à San Remo, et Daniel (Oss) qui était trop juste physiquement. Ça s'est ressenti sur ce Tour des Flandres notamment, ce sont des éléments précieux pour faire le travail sur toute la première partie de course, nous replacer etc. Personnellement, lors de Gand-Wevelgem je n’ai pas bien joué tactiquement en prenant un risque et je l’ai payé dans le final. Mais les sensations sont bonnes, il y a de quoi faire”.

Cela tombe bien : il reste encore Paris-Roubaix dimanche prochain. Une épreuve qui n’a jamais aussi bien réussi à Anthony Turgis que le « Ronde », même s’il a déjà pris place dans le Top 20 à deux reprises - 18e en 2019 puis 13e en 2021 -. “Je pense qu’il est possible de faire un bon résultat. Il faudra une bonne lecture de la course et les bonnes jambes si possible (sourire). C’est une course sur laquelle il faut d’abord courir à l’économie, en espérant ne pas avoir de pépins. J’aimerais pouvoir lisser au maximum mon effort, et ça peut passer par de l’anticipation. Je préfère éviter les énormes coups de gaz des principaux favoris qui sont capables de rouler extrêmement fort par séquences”. Il effectuera la reconnaissance jeudi, avec ses coéquipiers, avant de se lancer dans « l’Enfer du Nord » 72h plus tard. 

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Portrait de Anthony TURGIS