Il s’est placé une trentaine de mètres derrière la ligne d’arrivée, quelques instants seulement avant le dénouement de l’épreuve. En toute simplicité et en toute discrétion. Sur son vélo Time et avec son cuissard Cofidis de l’époque durant laquelle il était encore professionnel, David Moncoutié a pu immortaliser le moment avec son téléphone et filmer la première victoire de son fils, Mattéo, sur une Fédérale Juniors. Le sociétaire du VC Villefranche Beaujolais a réglé ses compagnons de fugue au sprint dans les rues d’Aubenas lors du Prix du Conseil Départemental de l’Ardèche (voir classement). “À vrai dire, je n’avais pas forcément prévu de venir car je dois être à Paris demain (dimanche) pour commenter Liège-Bastogne-Liège. Mais il faisait moche à Lyon alors je me suis dit que j’allais prendre mon vélo et venir rouler en Ardèche, pour voir la course. Et je ne regrette pas !”, se réjouit l’ancien quadruple meilleur grimpeur du Tour d’Espagne.

4e du Souvenir Jean Clapisson à Villette-sur-Ain puis vainqueur du Grand Prix de Romans-sur-Isère ces deux derniers week-ends, Mattéo Moncoutié savait qu’il montait en puissance et comptait bien le prouver au niveau supérieur. “Il fallait passer le plus grand GPM. Je n’avais pas forcément prévu de sortir en échappée mais j’ai senti le coup au bon moment. Mes coéquipiers ont bien contrôlé à l’arrière. On est sorti à quatre après la descente puis on a été rejoints dans les cinq derniers kilomètres par trois autres coureurs. Ça nous a aidés pour résister au peloton. Sur l’arrivée à sept, je savais que j’étais capable de gagner au sprint, j’étais confiant. J’aurais été déçu de ne pas gagner”. Si son père était un pur grimpeur, Mattéo, pour sa part, se décrit comme un athlète “polyvalent”, capable de briller sur différents types de terrains. “Je suis un bon sprinteur mais je ne suis pas un peintre en montagne non plus”, rigolait-il sur le podium protocolaire au micro de Jean-Claude Comby, le speaker de l’épreuve.

« ON N’A PAS LES MÊMES CARACTÉRISTIQUES »

Mattéo Moncoutié a débuté le cyclisme par le BMX, en disputant deux-trois épreuves par-ci par-là, sans même être licencié au sein d’un club. Il a attendu les rangs Cadets pour se mettre véritablement à la route. “Ça fait un an et demi qu’il s’y met à fond. Pour l’instant, ça marche bien. Ça fait toujours plaisir, je suis content pour lui. Je sais la joie que peut procurer une victoire, c’est encourageant pour la suite, ça motive”, se satisfait David Moncoutié, lequel confirme les différences physiques avec son fils. “On n’a pas les mêmes caractéristiques. Il a une bonne pointe de vitesse alors que moi, sur une arrivée à deux, je faisais 2. Il descend bien. Il ne grimpe pas trop mal même si j’arrive encore à le lâcher. Mais bon, plus pour longtemps !”.

Les deux hommes partagent des sorties d’entraînement ensemble et visiblement, l’ancien double vainqueur d’étapes sur le Tour de France - Figeac 2004 et Digne-les-Bains 2005 - a encore de bons restes. “S’il courait avec les Elites aujourd’hui et qu’on le posait au pied d’un col, il ne serait pas du tout ridicule”, promet Mattéo, qui tâche de tirer bien sûr un maximum de bénéfices de l’expérience de son père. “Il a passé seize ans chez les pros alors il a beaucoup d’expérience. Mais il ne me met aucune pression, il est très cool”. David Moncoutié souhaite laisser les « Loups » du VCVB et le staff de la Groupama-FDJ - qui le suit - guider son fils vers le haut niveau. “Je les laisse faire, ils sont de bons conseils. Bien sûr, quand il est à la maison, parfois on analyse les courses. Avec de petits debriefings, mais je ne suis pas trop derrière lui non plus”. Avec ce succès, le J1 compte bien “convaincre le comité régional” de lui donner sa chance dans les semaines à venir. Avec, notamment, une course bien précise en tête : la Classique des Alpes. Histoire de montrer qu’il n’est “pas qu’un sprinteur” mais qu’il peut aussi se distinguer en montagne. Comme son père.