Le plaidoyer des clubs bretons pour rester au Tour de Bretagne

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Cette année, il y a cinq équipes de N1 au départ du Tour de Bretagne. C'est une de plus qu'en 2022 mais il y en aura deux de moins l'an prochain. En effet, l'organisation du Tour de Bretagne, qui croule sous les demandes (80 cette année), a décidé de réduire à trois le nombre de places réservées aux N1 bretonnes et d'instaurer un système de qualification basé sur les points au classement FFC des six meilleurs coureurs de chaque club. Six comme le nombre de partants par équipes dans la course 2.2 (lire ici). Le premier jet du projet voulait faire une photographie au 1er janvier 2024 avec l'effectif de la nouvelle saison, donc après les mutations. Mais après une discussion avec les directeurs sportifs, Christophe Fossani a revu sa copie. Ce seront les points au 31 octobre des six meilleurs coureurs de l'effectif 2023 qui permettront de classer les trois premières N1 et de leur offrir une invitation.

LE PUBLIC VIENT VOIR LES N1

Les directeurs sportifs bretons acceptent ce nouveau règlement et sont conscients de la nécessité de l'organisation de faire des choix. "Christophe est le patron du Tour de Bretagne, c'est à lui de décider", résume Léo Moréac pour DirectVelo. Mais le manager de Morbihan Fybolia GOA a aussi son avis, "en tant que patron d'équipe". Ce vendredi, l'étape a traversé le Porhoët sur les terres de Fybolia. "Nous avons 50 invités. Aujourd'hui, tout le monde a pris ses RTT dans le pays de Locminé pour venir voir l'arrivée. Les bars de Locminé passent le Tour de Bretagne sur la télé pour avoir du monde", ajoute-t-il. "C'est une très belle vitrine, poursuit Sébastien Cottier, le directeur sportif de Cre'Actuel-Marie Morin-U 22. Il y a plus de médias que sur les autres courses, la couverture télé est importante". La présence des cinq N1 bretonnes ajoute à l'ambiance de la course. "On a des équipes dans chaque coin de Bretagne, le public vient les voir", décrit Léo Moréac. "Ce serait dommage dans le pays du vélo, avec un public présent, que toutes les N1 bretonnes ne soient pas présentes", regrette Claude Carlin qui dirige cette semaine Dinan Sport Cycling, l'équipe tenante du titre avec Johan Le Bon, dernier vainqueur.

Justement, comme le dit Sébastien Cottier, "on ne vient pas que pour la visibilité, on vient aussi pour être performant". Dinan l'a été l'an dernier avec Johan Le Bon et Clément Alléno, vainqueur du maillot bleu des points chauds et qui doit au Tour de Bretagne son passage chez les pros. Au bout de quatre étapes, c'est encore un Dinannais, Ilan Larmet, qui porte ce maillot distinctif. Les Cre'Actuel-Marie Morin-U 22 peuvent aussi en remontrer aux autres équipes présentes dans ce Tour de Bretagne avec ses états de service. Deux victoires finales grâce à Julien Fouchard et Fabien Schmidt et des victoires d'étapes d'Owen James et Ewen Costiou. Morbihan Fybolia GOA a gagné le maillot vert en 2021 avec Jean-Louis Le Ny et une étape avec Mickaël Guichard, l'an dernier. Et ce vendredi, Pierre Thierry a décroché la 2e place au sommet de Cadoudal. "Les équipes bretonnes ne sont pas à la rue", synthétise Léo Moréac.

« FORMER DES FUTURS COSTIOU, LE BERRE, LE NY, ALLENO OU GACHIGNARD »

Une des missions confiées aux N1 est de former les coureurs. "Être présents au Tour de Bretagne permet aux Espoirs qui ne sont pas en Conti de découvrir ce niveau. On travaille sur la formation des athlètes", souligne Jason Yon Snoeck, le DS des Sojasun espoir-ACNC. La découverte du niveau des Classe 2 peut toutefois s'avérer brutale. "Ils passent du rêve à la réalité, décrit Claude Carlin. Un gars comme Tanguy Dervily souffre mais apprend et ça pourra lui servir pour performer dans les prochaines années". Ce haut-niveau apporté par les réserves des équipes pro et les ProTeams, comme Tudor cette année, est aussi un facteur d'apprentissage. "Le plateau est de plus en plus relevé, c'est bien pour nos jeunes, ils voient le chemin à parcourir". Et les coureurs passés par le Tour de Bretagne sous le maillot d'une DN ont déjà tracé leur sillon. "Ce sont sur les Classe 2 qu'on forme des futurs Costiou, Le Berre, Le Ny, Alléno ou Gachignard. Surtout que le Tour de Bretagne est la plus belle Classe 2 en France", est persuadé Sébastien Cottier.

Le classement FFC qui va servir aussi pour désigner les équipes de N1 et N2 des deux prochaines années va donc servir pour sélectionner les N1 du Tour de Bretagne. Est-ce que les cinq directeurs sportifs jettent un œil sur le baromètre ? Jason Yon Snoeck reconnaît "commencer à regarder le classement". Gaëtan Lemoine, en revanche, ne le surveille pas encore. "Ce serait aller dans le mauvais sens que de demander à mes gars de courir pour les points". Chez Cre'Actuel-Marie Morin-U 22, "on est là pour avoir des résultats toute l'année, pas pour regarder le classement par points". Avec les résultats de ses coureurs, dix victoires pour quatre coureurs différents, Léo Moréac peut être confiant pour le verdict du 31 octobre 2023. Mais après ? "La vérité d'un jour n'est pas celle du lendemain", relativise-t-il. Pour les deux équipes qui perdront leur place pour l'an prochain, ce sera "une déception", répondent en chœur les directeurs sportifs bretons. "C'est notre petit Tour de France", ajoute Jason Yon Snoeck. Son confrère Sébastien Cottier redoute la "perte de visibilité pour nos partenaires".

« QUEL AVENIR POUR LES N1 ? »

La concurrence entre les N1 bretonnes et les Conti, réserves ou pas, pour les places pose des questions qui dépassent le cadre du Tour de Bretagne. "C'est de plus en plus compliqué pour les N1 de se faire inviter", constate Jason Yon Snoeck qui s'interroge : "quel est l'avenir des N1 dans ce paysage cycliste avec les Conti réserve. Quel sera le sens des N1 quand on n'aura plus les meilleurs Espoirs parce qu'ils seront dans les Conti ?".

Et recruter les Espoirs bretons sans aller au Tour de Bretagne sera tout aussi difficile. "Ce sera difficile d'attirer les coureurs qui pourraient mettre des points pour l'année d'après", prévoit Gaëtan Lemoine. "Tous les coureurs bretons veulent faire le Tour de Bretagne, poursuit Sébastien Cottier. À nous d'être parmi les meilleurs".

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