Julien Noël : « C’est énorme de réussir à faire ça »

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Philippe Wagner Cycling gravit les échelons. Après une première victoire en Coupe de France N1, en début de saison, grâce à Gwen Leclainche, c’est ce même garçon qui permet à l’équipe de décrocher son premier succès en Classe 2, à Paris-Troyes ce lundi. Un triomphe auquel il faut joindre Clément Braz Afonso, puisque les deux garçons ont livré un Baracchi dans le final de la course, pour piéger tout le monde et savourer ce nouvel accomplissement. Au rang des nouveautés, c’est aussi une année de rêve pour Julien Noël, au volant de la voiture de la N1 depuis le début de l’exercice. À bientôt 24 ans, le directeur sportif est encore en études, et vit toute cette nouvelle aventure aux premières loges. À l’occasion de ce Paris-Troyes dominé, Julien Noël est revenu avec DirectVelo sur cette démonstration, mais aussi son parcours personnel, lui qui connait très bien certains coureurs de l’équipe, et qui n’arrive donc pas complètement en terrain inconnu.

DirectVelo : La journée est plus que réussie !
Julien Noël : Forcément, c'était top. C'est énorme de réussir à faire ça en Classe 2. On n'avait pas encore réussi à gagner à ce niveau-là. On fait 2 du général de la Mirabelle hier. Ça montre qu'on a le niveau des ambitions affichées dernièrement. C'est vraiment une satisfaction. Les coureurs ont couru à l'instinct, c'est ce que je leur répète depuis le début de saison. On a peut-être commencé trop bridés, et là ils ont réussi, au-delà de ce que j'avais dit, à faire quelque chose d'exceptionnel.

« ILS SONT TRÈS SOUVENT ENSEMBLE »

Ils t'ont surpris sur ce numéro à deux ?
Pas spécialement. À partir du moment où ils sont partis à deux, j'avais ce petit sentiment. J'avais presque l'impression que c'était bon. J'avais confiance en eux. Clément et Gwen se connaissent bien depuis un petit peu de temps maintenant. Ils sont très souvent ensemble dans le peloton, encore dernièrement à la Mirabelle. Ça ne m'a pas surpris de les voir faire ça ensemble, et de les voir manœuvrer comme ça dans le final. Je ne vais pas dire qu'on s'attendait à faire ça, mais à partir du moment où les deux étaient devant, je savais qu'ils allaient bien gérer tactiquement.

Tu parles d'instinct. Ce n'était donc pas le plan prévu au départ ?
Non, partir à deux n'était pas du tout prévu à la base (sourire). Je n'avais donné aucun rôle. Quand on faisait demi-tour après 15 kilomètres et qu'on prenait vent favorable, je connaissais les routes car je suis du coin de Troyes, et je savais que ça allait monter, descendre, les virages, les villages... Ça allait s'étirer, être débridé et courir devant. On devait faire un point au fil de la course, ils ont réussi à être devant avec Clément puis Gwen malgré qu'on ait perdu Jérémy Lecroq très vite. Ils ont manœuvré par eux-mêmes dans le final. Je suis très content car ils montrent qu'ils sont capables de faire de belles choses. Ils ont l'intelligence au-delà d'être forts.

Comment tu as vécu ces derniers kilomètres ?
Je stressais un peu moins à cinq kilomètres de l'arrivée, en voyant les temps. J'ai savouré de mon côté, il y avait quelqu'un de la communication et le mécano, on a chacun savouré à notre manière. Ce sont mes routes en plus, on est chez moi, je connais beaucoup de gens ici donc j'ai pu profiter un peu. Ce n'était pas une explosion comme à Aix, parce que là ils étaient déjà devant. On a pu prendre le temps de savourer et de se rendre compte de ce qu'il se passait. Je pense au staff, à tout le monde. C'est la réussite de tous.

« PAS FACILE DE DIRIGER UNE ÉQUIPE DE COUREURS QUI ONT MON ÂGE »

Comment t'es-tu retrouvé projeté DS à Philippe Wagner Cycling ?
J'ai commencé l'année dernière avec les Juniors. J'ai commencé un peu avec la DN et maintenant on a pris les rênes de l'équipe avec Jacques Decrion. C'est ma première vraie année, avec un groupe sous la main. Ça se passe vraiment bien, c'est une super première expérience.

Comment es-tu venu à cette équipe particulièrement ?
Je terminais ma Licence à Besançon. On a reçu un mail dans la boite de la fac d'une équipe régionale qui cherchait des alternants. Il y avait aussi Rémi Micolon qui est un ami, et qui est dans le projet avec les Juniors. On s'est dit qu'on allait y aller. J'ai fait un entretien d'embauche avec Philippe. L'équipe n'existait pas encore, c'était en avril 2021. Tout s'est lancé depuis. Il y a eu un bon feeling. Au début l'équipe DN a été donnée à d'autres personnes et j'ai donc commencé chez les Juniors. Et ça s'est fait comme ça, par le biais d'une alternance pour mon Master.

Tu es assez jeune !
J'ai couru jusqu'à Espoir 1-2. Avec les études j'ai un peu ralenti. J'ai un peu les mêmes âges que les gars, j'ai été coéquipier avec Clément dans l'équipe de l'UV Aube et au Macadam's. Ce n'est pas facile de diriger une équipe de coureurs qui ont mon âge. Tout le monde me dit que je suis jeune. Mais ça peut aussi être une force. Je suis accompagné par Jacques qui est quelqu'un d'expérience donc on arrive à faire la balance entre les deux. Philippe Wagner nous a fait confiance tous les deux, ça se passe bien. On verra au fil de la saison mais on est dans les clous au niveau des objectifs.

« ON EST LÉGITIME MAINTENANT »

Tu expliques que tu as couru avec certains de tes coureurs, tu es de la même génération. Quel est ton lien avec eux, y a-t-il une barrière entre coureurs et directeur sportif ?
Je sais que les coureurs ont du vécu. Quelqu'un comme Jérémy a beaucoup d'expérience. Je le connais aussi d'avant, c'est aussi une raison pour laquelle il est venu chez nous. J'étais dans le club d'Argenteuil en Junior, le même club que lui. Je n'arrive presque pas à expliquer ce lien. Je suis plus du genre à prendre cas par cas, parler en individuel. Certains ont besoin d'être rassurés, d'autres d'un coup de pied aux fesses. Je pense que c'est ce qui fait que ça a pris un peu de temps aussi avec certains. Maintenant le fait de considérer coureur par coureur nous permet d'avoir les résultats qu'on a aujourd'hui et de créer un groupe. J'ai aussi la chance d'avoir des bons éléments, moi je ne pédale pas (sourire). Mais il y a beaucoup de moments où ce sont aussi les coureurs, je ne fais pas tout. Il y a quelque chose qui s'est crée.

Bien que ce soit une première expérience, tu commences directement avec une équipe qui a pour ambition de passer Continental dès l'année prochaine !
On va dire que je ne suis pas livré à moi-même. Je suis très bien entouré, par des gens qui connaissent très bien le vélo. Notamment ici autour de Troyes. J'ai Jacques et d'autres personnes d'expérience, ça m'aide dans mes prises de décision. J'essaie d'adapter ça avec les nouvelles technologies, les choses que j'apprends, car je suis encore en études, en Master en STAPS d'Entrainement, à Besançon. Au début je n'étais pas sûr de la manière dont ça allait marcher. Au fur et à mesure on apprend sur chaque course. Et depuis un gros mois, quelque chose se crée. On a trouvé un vrai équilibre dans l'équipe entre tout le monde.

Tu prétends à participer à l'évolution de l'équipe en Continental ?
Normalement, je devrais en faire partie, oui. Je n'ai pas la certitude à 100%, mais avec Jacques on doit en être. Donc pour moi, à mon âge, c'est déjà un bel objectif de mettre un pied chez les professionnels. C'est aussi une motivation en plus. Tout le monde est tiré vers le haut avec un projet comme ça.

Le cap passé cette année légitime aussi le projet...
Je comprends certaines critiques qui disent qu'on arrive comme ça, directement en première division. Que l'esprit sportif n'était pas forcément là. L'année dernière beaucoup de choses n'étaient pas vraiment en place parce qu'on était tout nouveau. On avait besoin de se poser, il y avait beaucoup de mouvements. Je pense que c'est la résultante de tout ça et ce qui fait la différence avec cette année. Je suis content qu'on prouve cette année qu'on n'a pas simplement un bon budget pour la N1, et que ça marche aussi très bien au niveau sportif. On a cet objectif de Top 5 à la Coupe de France. On est légitime maintenant.

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