Victor Guernalec : « Je me suis souvenu de tout ce que j’avais traversé »

Crédit photo Elise Chauveau - DirectVelo

Crédit photo Elise Chauveau - DirectVelo

Plus qu’une victoire, c’est un soulagement pour Victor Guernalec. Dimanche dernier, le sociétaire de Bourg Ain Cyclisme a remporté le Championnat Auvergne-Rhône-Alpes, à Saint-Jean-Saint-Maurice-sur-Loire. Bien qu’il n’avait pas gagné depuis juillet 2019, cette victoire n’est qu’une demi surprise tant il était fort ces derniers temps. “Dès le début de course, j’avais de super jambes. Ça m'a presque fait peur, confie-t-il à DirectVelo. J’étais impatient, même mes coéquipiers l’ont senti”. Lorsqu'un groupe d’une vingtaine de coureurs se détache à l’avant, Victor Guernalec fait le jump avec Antony Chamerat-Dumont, le vainqueur sortant. “Il a fait chaud et le parcours était difficile. On s’est vite retrouvé entre costauds”. À 70 kilomètres de l’arrivée, il s’isole en tête avec trois autres coureurs : Axel Chatelus, Théo Thomas et Antony Chamerat-Dumont. Le coureur burgien tente alors d’attaquer pour lâcher le tenant du titre. “Antony me faisait peur en cas de sprint. J’ai attaqué et me suis retrouvé seul devant avec Axel Chatelus. On s’est entendus jusqu’à 10 kilomètres de l’arrivée, et là, je l’ai attaqué et j’ai réussi à partir”. C’est donc en solitaire que le Breton a pu lever les bras.

« POUR MOI, LE VÉLO, C'ÉTAIT FINI »

Franchir la ligne en premier a été une délivrance pour Victor Guernalec. Cette victoire lui permet de tirer un trait définitif sur plusieurs années de galères. “Je me suis souvenu de tout ce que j’avais traversé. Surtout que ça a duré plusieurs années. Pour moi, à un moment, le vélo, c’était fini. Je pense que beaucoup de personnes se sont demandées pourquoi je continuais. Pour elles, j’étais fini”. Malgré ses doutes, le coureur de 23 ans a continué d’espérer retrouver son meilleur niveau, et à raison. “J’ai continué d’y croire. Je savais que j’en étais capable. Alors quand j’ai passé la ligne en vainqueur, je me suis dit « putain, c’est bon, tu l’as fait ! », et j’ai savouré encore plus”.

Malgré presque quatre années de disette, Victor Guernalec ne s’est pas inquiété et n’a jamais douté sur sa capacité à lever les bras. “En jeune, j'ai eu la chance de beaucoup gagner. Du coup, je n’ai pas eu de blocage lorsque je tournais autour de la victoire, je n’ai pas eu cette peur de gagner. Cette expérience m’a servi dimanche par exemple. Je n’ai pas bégayé, je me suis dit que j’allais aller la chercher”.

« J'AI PRIS CONSCIENCE QUE ÇA POUVAIT ÊTRE MON ANNÉE »

L’année 2023 a été l’occasion de renouer avec la réussite pour Victor Guernalec, qui est allé crescendo dans sa forme. Après avoir commencé sa saison relativement tard, au Grand Prix de Saint-Etienne, le déclic est arrivé un mois après au Trophée Walkowiak. “J’ai terminé 2e derrière Clément Carisey. Là, j’ai pris conscience que ça pouvait être mon année”. À partir de ce moment, la machine était lancée. “Au Gévaudan, on fait un gros coup collectif. Personnellement, je termine 4e sur une Coupe de France, c’était top. Et sur le Tour de la Mirabelle, je confirme encore en finissant 7e”.

Cette spirale positive est aussi insufflée par le gros collectif de Bourg Ain Cyclisme. “Dans l’effectif, on n'a que des clients. Sten (Van Gucht) est beaucoup marqué parce qu’en cas de sprint, il est quasiment imbattable, comme Martin (Tjotta) qui est l’homme fort de l’équipe. Pour les autres, c’est plaisant parce qu’on n’a pas la pancarte alors qu’on marche fort”. Au-delà même du sportif, c’est un groupe qui vit bien ensemble que dirigent Christian Milesi et Vincent Garin. “On s’entend tous bien. Quand on part en course, on passe un super week-end. On a l’impression d’être en colonie de vacances. Quand tu rentres chez toi, tu as réussi sur le vélo et en plus tu as passé de bons moments avec tes potes”.

Victor Guernalec compte bien surfer sur cette dynamique et se projette maintenant sur ses prochains objectifs. “Ce week-end, il y a le Tour du Beaujolais. Il y aura Sten pour les victoires d’étape, mais aussi Charlie (Paige) et Baptiste (Huyet) qui joueront gros. C’est bien, on aura plusieurs cartes”. Après le Beaujolais, le Finistérien va couper, pour arriver le plus frais possible au Championnat de France. “Vu le dénivelé, les pavés, la chaleur ou la pluie, ça va être très ouvert. Malgré tout, je pense qu’on retrouvera les hommes forts à l’avant. C’est sûr qu’on ira avec de grosses ambitions”. Après le maillot de Champion Auvergne-Rhône-Alpes, et si Victor Guernalec allait chercher le tricolore ? Réponse fin juin.

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