Anthony Ravard : « Ça nous pousse à la réflexion »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

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En janvier dernier, Anthony Ravard se disait “prêt à former pour n’importe quelle équipe” (lire ici). Le CIC U Nantes Atlantique venait alors de recruter Nolann Mahoudo, qui initialement devait être accompagné en parallèle par la défunte B&B Hôtels-KTM, le Polonais Hubert Grygowski, suivi par Arkéa-Samsic, et Noa Isidore toujours en lien avec AG2R Citroën, après avoir couru dans l’équipe Juniors. Mais tout va très vite en cyclisme et dès 2024, les deux WorldTeams lancent une équipe Continentale et n’auront plus besoin du travail de la formation nantaise. Ce qui pousse Anthony Ravard à revoir ses plans. Pour DirectVelo, le manager de la Continentale fait le point et évoque le projet de passer en ProTeam dans un futur proche.

DirectVelo : L’arrivée d'autres réserves en Continental est-elle une mauvaise nouvelle pour le CIC U Nantes Atlantique ?
Anthony Ravard : Si déjà on a pris ce créneau, c'est parce qu'on voyait bien que le cyclisme mondial évoluait et que les jeunes allaient sur des épreuves de Classe 1 et 2 pour être prêts pour le WorldTour. J’avais eu cette idée de création d'académie. Après ça ne change rien au problème, mais est-ce qu'on arrivera à avoir les meilleurs Français ? Parce que l'objectif est quand même d'avoir les meilleurs chez nous et de former les meilleurs pour gagner des courses, pour nos partenaires et pour aussi montrer qu'on fait du bon travail. C'est sûr qu'avec l'arrivée de deux autres équipes de développement, ça ne remet pas en question totalement le projet mais ça nous pousse à la réflexion en tout cas. On doit voir comment faire par la suite si on veut toujours attirer et faire évoluer les meilleurs.

Justement, comment faire ?
C’est assez simple. On a l’idée de passer au-dessus pour toujours être dans la formation et faire quelque chose de plus intéressant et continuer d'être toujours sur des Classe 2 en parallèle. C'est la réflexion qui a été menée dès cet hiver. On l'avait anticipé mais on ne pensait pas que ça irait aussi vite. On savait qu'AG2R Citroën avait cette volonté d’avoir une équipe Continentale mais on ne pensait pas que ça allait arriver dès 2024. 

« ÉVOLUER AU PLUS VITE D’ICI 2025 »

L’idée est donc de monter en ProTeam en 2024 ?
Pour 2024, c'est déjà presque trop tard. L’an prochain, on sera sur la même chose qu'aujourd'hui et ensuite notre volonté sera d'essayer d'évoluer vers une ProTeam pour proposer un calendrier différent, plus varié. Pour l'instant, la réflexion c'est d'évoluer au plus vite d'ici 2025. 

Le projet fonctionne très bien cette saison, est-ce frustrant de déjà chercher à faire autre chose ?
Je me dis qu’on n'a pas le temps de se reposer. Il a fallu se battre pour créer l'académie et passer en Conti en 2022. Mais c'est le monde du travail, il faut toujours avancer. C'est pour ça que cet hiver on avait anticipé pour monter le nouveau projet. Donc le projet on l'a, il va falloir le présenter et que nos partenaires adhèrent. Pour l'instant, on est dans la phase de présentation et on verra si ça plait. On n'a pas le choix que de passer par là si on veut performer comme cette année où on prend énormément de plaisir. On voit les jeunes arriver et se découvrir au fil du temps. Nolann Mahoudo a connu un début de saison un peu compliqué et pendant le printemps, il a gagné une étape au Tour de Bretagne et fait 2e du général. On a beaucoup de révélations. On a nos grimpeurs Jordan Jegat et Yäel Joalland, on a forcément Noa Isidore et aussi Rasmus (Pedersen). On en a encore d'autres derrière. Pour notre petite écurie, ça fait déjà pas mal de coureurs. Ils progressent, c'était l’objectif.

« D’AUTRES CORDES À NOTRE ARC »

T'attends-tu à beaucoup de départs ?
On est un peu victime de notre succès mais l'objectif, c'est de les faire passer au-dessus. On a quelques coureurs qui sont en contact avec des équipes supérieures. Il faut donc renouveler tous les ans notre effectif. Mais quelque part, ce n'est que du positif.

Comment vas-tu faire pour attirer de très bons jeunes pour 2024 ?
Nous avons d'autres cordes à notre arc. On a une très belle école sur Nantes, c'est important à cet âge-là de ne pas délaisser l'école. On va pouvoir faire des cours à distance grâce à cette école, mais les jeunes pourront aussi venir en présentiel. L'objectif n'est pas de former que des athlètes mais aussi les adultes de demain. On cherche beaucoup de solutions pour accompagner les meilleurs jeunes et qu'ils s'épanouissent avant tout. Il est clair qu'il faut qu'on avance sinon on ne va recruter que des garçons de 23 à 25 ans plutôt que des jeunes de 19 à 22 ans comme c’est le cas cette année. Je ne pense pas que le réservoir soit si large et qu'ils aient tous la possibilité d'être tout de suite bien à ce niveau-là. Si ça se trouve, ça va très bien fonctionner l'année prochaine parce qu'on arrivera à avoir d'autres bons coureurs. En tout cas, la réflexion est menée. 

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