Grand Est-Komugi-La Fabrique : « C’est une découverte »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Tout est allé vite cet hiver. Laurent Goglione a monté son équipe Continentale féminine, baptisée Team Grand Est-Komugi-La Fabrique. Avec un recrutement express pour prendre la suite des Macadam’s Cowboys & Girls, la première année reste une saison de découverte. Chloé Charpentier a d’ailleurs offert le premier succès UCI à son équipe, sur une étape du Tour de Féminin, et ce après avoir fait carton plein au Loire Ladies Tour, épreuve nationale. Au Championnat de France de Cassel, Laurent Goglione est revenu avec DirectVelo sur les premiers mois de ses féminines à cet échelon, et ce quelques jours avant que son équipe masculine de N2, le Team Macadam’s Cowboys, ne soit contrainte de s’arrêter à la fin de l’année.

DirectVelo : Comment se passe cette première moitié de saison ?
Laurent Goglione : C'est une découverte. Même si on a eu quelques prémices en venant de la N1, car on avait déjà été invité. Mais quand on commence à faire une saison pleine, ce n'est plus la même chose. Il faut se caler sur le matériel, le staff, les déplacements... On apprend en roulant. Mais c'est un bon début, on a trouvé assez vite nos marques et les résultats ont suivi donc ce n'est pas désagréable.

Qu'est-ce qui peut être amélioré ?
On a construit l'équipe tardivement car c'était une année un. Il fallait avoir les autorisations, sur le fait qu'on soit viable. Donc on n'a pas fait de stages de pré-saison en novembre et décembre. On n'est pas parti en Espagne en février. Ça a manqué dans la préparation. C'est la première chose qu'on va changer pour l'année prochaine. On va certainement aller courir un peu plus loin aussi. Travailler peut-être sur un deuxième front pour gagner quelques points UCI précieux. Mais on va continuer doucement, le but du jeu n'est pas de franchir trop vite les échelons.

Tu évoques justement le calendrier. Est-il à la hauteur de tes espérances ?
Il y a des courses tout le temps. Il faut parfois aller en chercher plus loin. La République Tchèque nous a bien réussi avec la victoire de Chloé Charpentier. Mais c'est bien équilibré, on a eu la chance d'être invité au Tour de Suisse, avant d'aller au Championnat de France donc c'est agréable. On reviendra dans le Nord en fin de saison avec plusieurs Classiques, le calendrier est équilibré et riche pour une première année.

« ON PEUT NE PAS ÊTRE D’ACCORD, MAIS QUAND C’EST DÉCIDÉ, ON Y VA »

Quels sont les petits défis de cette deuxième moitié de saison ?
Le week-end des Championnats est important, on a une paire de nationalités, sept différentes, donc sept Championnats. J'espère qu'on aura glané quelques points (objectif atteint avec plusieurs filles, NDLR). C'est important, et même si ça ne fait pas tout, les gens comme les instances regardent ça, il faut l'avoir en tête. On va continuer à se montrer, prendre des points, de l'expérience. On va commencer à se régler sur 2024. La réglementation change. On va passer pro à 100% avec que des contrats, l'encadrement et les filles. Là on est en mix donc on travaille dessus. Sur le recrutement aussi, on regarde à droite et à gauche. On doit être visible.

Ces contrats changent beaucoup de choses ?
Oui, beaucoup. C'est une logique implacable. On ne peut pas crier sur tous les toits qu'il faut l'égalité hommes/femmes et continuer à payer les filles au lance-pierres. C'est une réalité. Ça ne doit pas aller trop vite sinon les clubs peuvent avoir du mal à suivre. Nous on sait que l'année prochaine on saura faire. Ça peut avoir des mauvais effets aussi, car ça peut arrêter certaines équipes, ou faire fuir dans des pays où il n'y a pas de contraintes. Mais ça peut donner aussi envie à des étrangères de signer en France. Ça peut être bien sportivement pour augmenter les niveaux, mais ça peut aussi être néfaste pour des coureuses françaises qui se feront prendre leur place. Mais ça va professionnaliser le système et c'est une bonne chose. La petite lumière qui s'allume, c'est qu'on a toujours respecté les règles, ce que faisaient l'UCI et la Fédé. On peut ne pas être d'accord mais quand c'est décidé, on y va. Alors on y va et on va faire ça bien. J'espère que les gros organisateurs, et dans un coin de la tête ASO, verront qu'on a fait les efforts, et qu'on sera récompensé par des invitations dans les grandes courses.

« ON AMBITIONNE D’ÊTRE PROTEAM »

Est-ce difficile financièrement de faire cohabiter une équipe masculine et féminine (cet entretien a été réalisé quelques jours avant que le Team Macadam’s Cowboys n’annonce son arrêt à la fin de l’année, lire ici) ?
Ce sont deux choses différentes. Les trois sponsors principaux des filles ne sont pas chez les garçons. Il y a la région dans une politique de mobilité, et Komugi et La Fabrique qui n'interviennent pas chez les garçons. Il faut les dissocier. Le contexte économique chez les hommes est compliqué. On voit Dunkerque, Podiocom, Sojasun, Chambéry en sommeil... La difficulté est qu'on fait vivre ces équipes de manière professionnelle. Dans l'organisation, le staff, les coureurs... Mais on n'a pas la visibilité et il faut des gros moyens. On est chez les amateurs comme chez les pros, mais pour les partenaires, la visibilité est limitée. Donc ça va commencer à être compliqué. On est dans un monde où soit on est des vraies équipes amateurs à l'ancienne, soit on bascule chez les pros avec réellement des vrais gros budgets. Et avec les Cowboys on est à mi-chemin entre les deux.

Quel est le cap à un peu plus long terme, chez les femmes ?
L'année prochaine, on va consolider avec l'idée de renforcer sportivement pour passer un cap, et un programme plus visible et international, avec de plus grosses courses. On veut aussi continuer notre politique internationale de loger les filles. On a une volonté de mettre de l'humain. D'ici 2025-2026, si la catégorie est créée, on ambitionne d'être ProTeam, car ce sera une logique de faire le chemin Conti-ProTeam-WorldTour. Le but est d'aller au plus haut un jour, clairement.

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