Sven Vanthourenhout : « Aucune garantie de victoire »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Ce lundi, au siège de Belgian Cycling, Sven Vanthourenhout a dévoilé sa sélection pour le Championnat du Monde à Glasgow (lire ici). Avec Remco Evenepoel - notre photo -, Wout van Aert et Jasper Philipsen, la Belgique aura un triple atout dans son jeu. L'occasion pour DirectVelo de faire le point avec le coach national.

DirectVelo : À l'exception de Remco Evenepoel, tu choisis des coureurs présents au Tour de France. Est-ce un hasard ?
Sven Vanthourenthout : Le parcours de Glasgow est long (272 kilomètres, NDLR) et difficile. Je pense qu'il faut avoir de la caisse. Tu peux aller en altitude ou courir ailleurs. Le Tour, c'est trois semaines d'efforts. C'est la bonne préparation. Remco Evenepoel est une exception. Il peut devenir Champion du Monde ou gagner la Clasica San Sebastian sans compétition, mais tout le monde n'est pas Remco. Je ne veux pas parler de trois leaders, je dirais plutôt trois gagnants potentiels.

Était-ce une sélection difficile à mettre en place ?
J'ai eu plus de mal avec celle des Espoirs (pour rappel, il est également coach des U23, NDLR). Comme à chaque fois, j'ai choisi les deux derniers noms en fonction du parcours et du type de course. Victor Campenaerts est revenu en forme après sa blessure durant les Classiques. Il est en grande forme sur ce que je vois au Tour de France. Frederik Frison a le profil parfait pour contrôler la course. Il a également réalisé un solide printemps. Il est bien intégré au groupe, mais cela ne veut pas dire que je le considère meilleur que Tim Declercq. Tim Wellens était aussi un gars sur lequel je comptais sur ce circuit technique, mais il n'a roulé que le Tour de Slovénie depuis sa chute au Tour des Flandres. 

« WOUT VAN AERT POURRA COURIR PLUS LIBREMENT »

Quelle est la répartition des rôles entre les trois gagnants potentiels ?
Avec Remco Evenepoel, nous pouvons courir offensivement et désormais avec Wout aussi. Jasper sera en défense. Avec ces coureurs, nous pouvons gagner la course dans n'importe quel scénario. Les autres coureurs sont conscients qu'ils s'en vont en tant que coéquipiers. Mais ça ne veut vraiment rien dire. Après tout, nous ne pouvons pas prédire l'évolution de la course. Quelqu'un comme Jasper Stuyven a aussi un monument à son nom et peut se retrouver dans une situation pour la gagne. Le plus important, c'est que la Belgique se pare d'or, peu importe avec qui.

Wout van Aert aura donc un rôle différent de l'an dernier ?
L'an dernier, il était en effet l'homme qui devait attendre un éventuel sprint. Ce rôle est maintenant dédié à Jasper, ce qui signifie que Wout pourra courir plus librement. Mais la course de Wout sera largement déterminée par le cours des évènements. Je m'attends à ce que Mathieu Van der Poel se fasse remarquer, ce qui influencera la manière de rouler de Wout.

Le plan semble écrit à l'avance. Comment surprendre la concurrence ?
Il faut avant tout veiller à ne pas se faire surprendre nous-même. Il faut éviter qu'elle ne soit pas trop offensive. Si on commence à courir derrière les faits, on va avoir des problèmes. Imaginons qu'on ait un groupe devant avec des Soren Kragh Andersen, Rémi Cavagna ou Nils Politt, il faudra aller les rechercher sur ce tourniquet. Ce sera important d'avoir un gars aussi dans ce genre de coup. C'est là qu'un Jasper Stuyven ou Tiesj Benoot aura son importance. Sagan est devenu Champion du Monde trois fois sans équipe. Nous avons trois gars du Top 8 mondial dans l'équipe, mais ça ne donne aucune garantie de victoire. Les attentes sont élevées, mais on peut très bien finir deuxième, troisième ou quatrième.

« UN SEUL SPRINTERA »

Si Jasper Philipsen et Wout van Aert sont présents dans la dernière ligne droite, lequel va sprinter ?
Alors, ils doivent décider entre eux en toute honnêteté qui fera le sprint. Je peux garantir une chose : un seul sprintera. Je tiens à souligner que la chance est plutôt faible que cela aboutisse à un vrai sprint. On parle de 3 500 mètres de dénivelé positif sur un circuit local avec 42 virages.

As-tu hésité à prendre Jasper Philipsen après ses déclarations durant le Tour de France où il a dit qu'il ne roulerait pas contre son coéquipier chez Alpecin-Deceuninck, Mathieu Van der Poel ?
L'année dernière est arrivée trop tôt pour Jasper et si vous m'aviez demandé en février s'il participerait au Mondial, j'aurais eu certainement des doutes. Ce ne sont pas ces propos qui vont me faire changer d'avis. Il était à côté de Mathieu Van der Poel à ce moment-là. Ils sont dans la bulle du Tour. Mathieu l'a emmené trois fois magistralement au sprint. Il ne se voyait pas dire autre chose. Je lui ai fait part de mon agacement par rapport à cette déclaration. Il s'est excusé pour sa réponse. Posez-lui la question une semaine avant le Championnat du Monde et vous aurez une réponse différente. Pour être clair : je n'ai aucun doute sur l'attitude de Jasper Philipsen. 

 

 

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