Cette fois, la FDJ-Suez change ses plans. Après avoir pris l’habitude de miser sur les classements généraux, les coureuses de la WorldTeam française veulent lâcher ce boulet attaché à leur pied. "C'est différent cette année. Je ne pense pas qu'on va tout miser sur un général mais plutôt sur des étapes. On va prendre des risques, jouer le All in. On vient sur ce Tour avec un autre état d'esprit. On a fait les mêmes choses pendant deux ans, maintenant c'est le moment de changer. On veut tenter et découvrir des choses nouvelles", annonce Marta Cavalli. L’année dernière, le grand moment d’émotion était venu à Épernay, lors de la victoire de Cecilie Uttrup Ludwig. "On va voir au jour le jour l'évolution des choses. L'objectif principal est de revivre les émotions qu'on a vécues l'année dernière. Gagner une étape sur le Tour... Je ne pensais que je vivrais une telle émotion. Mais une bonne place au général est forcément quelque part dans notre tête", admet néanmoins la Scandinave. 

Cette émotion de remporter une étape sur le retour du Tour de France Femmes était intervenu le lendemain de l’abandon sur chute de Marta Cavalli, qui lui avait coûté toute la fin de saison ou presque. Depuis, l’Italienne se bat pour retrouver les jambes de ses victoires à l’Amstel et à la Flèche Wallonne. "Je suis fière, je suis plus forte mentalement après ces moments difficiles. J'ai pu revenir et me rapprocher de mon meilleur niveau. Ce n'est pas encore le cas mais ça vient. La forme est très bonne. Au Giro, il a été dur de garder la forme dix jours et se battre tout le temps. Mais sur une étape, une journée, je suis capable d'être à mon meilleur". Tout comme Cecilie Uttrup Ludwig, qui rêve de changer de maillot pendant la semaine. "Je croise les doigts pour un maillot jaune. Rien n'est impossible. J'attaque toutes les courses avec un état d'esprit positif. Si tu commences battue dans la tête, tu le seras. On va essayer d'être le grain de sable dans la machine".

« METTRE UN PEU DE CONFUSION DANS LA BATAILLE »

Parmi les machines, il y en a deux qui font plus peur que les autres. D’abord, Demi Vollering et son équipe SD Worx. "Elles vont contrôler la course. Notre but va être de jouer avec plusieurs cartes. Elles sont fortes quand elles planifient quelque chose, mais on va essayer de casser ça", projette Marta Cavalli. L’autre, c’est Annemiek van Vleuten, tenante du titre et dominatrice du dernier Giro. Cecilie Uttrup Ludwig a subi la loi de la Néerlandaise en Italie. "J’y suis allée dans une logique de préparation pour le Tour. Je suis arrivée en me disant que ça n'avait pas l'air si dur, et finalement tu te dis « Wow », entre les montées, la chaleur, etc. C'était une super préparation d'avoir une course aussi dure chaque jour". Marta Cavalli ajoute qu’il "devrait y avoir une grosse bataille entre les deux. Je rêve de pouvoir être à mon maximum. Il y a des risques d'exploser mais je veux donner des émotions aux gens qui nous suivent. On va essayer de mettre un peu de confusion dans la bataille".  

Pourquoi pas commencer dès ce dimanche, lors de l’une des nombreuses étapes escarpées - sans être insurmontable pour autant - de ce Tour de France. "Sur les premières étapes ça va rouler très vite, on va faire de notre mieux", annonce Marta Cavalli, alors que sa coéquipière danoise a des idées derrière la tête. "Je pense que ça peut me convenir dès demain. Il y a pas mal d'étapes pour faire parler le punch avec des petites bosses. Je suis prête". En effet, il y aura de quoi faire avant d’arriver sur les pentes du Tourmalet, qui sera le juge de paix du Tour. "C'est différent de l'année dernière, il n’y a qu’une grosse étape de montagne. Mais les six premières étapes sont très dures, je suis désolée pour les sprinteuses, elles vont devoir supporter ça, sourit Cecilie Uttrup Ludwig. Mais moi j'aime quand c'est punchy comme ça, j'aime beaucoup ces premières étapes. On va essayer de faire le spectacle". Et le spectacle n’en serait que meilleur avec une fin heureuse.