Mais à quoi joue le peloton du Tour de France Femmes ?

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

C’est un scénario qui surprend chaque jour un peu plus bon nombre de suiveurs dans la grande bulle du Tour de France Femmes. Vendredi, pour la troisième fois de la semaine, une attaquante est parvenue à résister au peloton pour l’emporter. Après Yara Kastelijn à Rodez et Ricarda Bauernfeind à Albi, c’est Emma Norsgaard, dans les rues de Blagnac (Haute-Garonne), qui a trompé la vigilance des sprinteuses. Les échappées auront ainsi eu le dernier mot trois jours de suite sur ce Tour de France. Sans oublier que mardi, sur les routes de Montignac-Lascaux, la pauvre Julie Van de Velde n’avait été reprise qu’à 200 mètres de la ligne, avant la victoire de Lorena Wiebes. 

« TOUT LE MONDE EST FATIGUÉ »

Si mercredi, l’échappée était très imposante - 14 unités - et avait compté plus de dix minutes d’avance, Ricarda Bauernfeind a en revanche résisté seule au peloton dans le final de la cinquième étape. Même chose ce vendredi avec Emma Norsgaard, qui n’était accompagnée que par deux autres concurrentes. Mais alors, comment expliquer de tels scénarios ? Au pied des bus, beaucoup de directeurs sportifs évoquent “l’état de fatigue très avancé” de bon nombre de filles du peloton. “C’est le cas depuis trois jours avec ces échappées qui vont au bout, tout le monde est à bloc”, lance Sandra Alonso, qui était dans la bonne ce vendredi mais qui a craqué sur l’accélération d’Emma Norsgaard dans le dernier faux-plat montant. “On manquait peut-être un peu de fraîcheur”, considère Léa Curinier.

“Je pense que tout le monde est fatigué avec des étapes parfois très longues. On n’a pas l’habitude d’enchaîner des étapes de quatre/cinq heures tous les jours. Ça aide les attaquantes”, répond pour sa part Aude Biannic. Preuve de cet état de fatigue prononcé dans le peloton, la formation Lidl-Trek a annoncé, ce samedi en fin de matinée, le retrait d’Elisa Balsamo, rincée par les six premières étapes du Tour et qui souhaite garder un minimum de jus pour le prochain Championnat du Monde, à Glasgow. Candidate au podium, la leader de la structure américaine, Elisa Longo Borghini, est également non-partante mais pour raison médicale (infection au niveau de la cuisse qui lui fait terriblement mal). Les 21e et 22e abandons de ce Tour de France.

« PEUT-ÊTRE QU’IL FAUDRAIT QUE L’ON APPRENNE À COMPTER »

Sous couvert d’anonymat, certaines filles évoquent également pour DirectVelo la volonté de laisser la SD Worx-ProTime se débrouiller. “Elles sont tellement fortes… On n’a pas envie de les emmener pour qu’elles gagnent toutes les étapes. Elles n’ont qu’à assumer leur supériorité !”. De son côté, la maillot jaune Lotte Kopecky assume ce nouveau raté. Avec ironie. “Je ne sais pas comment expliquer tout ça… Peut-être qu’il faudrait que l’on apprenne à compter. Plusieurs équipes ont roulé à fond pour mener la poursuite. C’était une étape très rapide encore une fois. L’échappée était simplement plus forte”. Même dépit pour Marianne Vos, qui va repartir bredouille de ce Tour de France après sa 4e place ce vendredi. Très frustrée, la Néerlandaise n’a d’ailleurs pas souhaité répondre à la presse après l’arrivée et s’est contentée d’une brève réaction auprès de son attachée de presse. “Je me suis retrouvée devant un peu trop tôt mais de toute façon, il nous manque dix mètres… La mission a échoué”, regrette l’ancienne triple Championne du Monde. “La chasse était plutôt bonne, je trouve, mais les filles de devant étaient simplement très fortes”, considère Charlotte Kool, 2e de l’étape et première des piégées à Blagnac.

Enfin, outre la grande fatigue du peloton et, à la marge, la volonté de laisser la SD Worx-ProTime se débrouiller - mercredi et jeudi plus que vendredi, en l'absence de Lorena Wiebes -, une troisième raison est évoquée : celle du tracé de ce Tour de France 2023. “Avec ce parcours et deux étapes décisives en toute fin de Tour, tout le monde compte peut-être ses coups de pédales et, finalement, joue un peu trop”, résume la Colombienne Paula Patino, qui traduit en réalité le sentiment de bon nombres de filles de ce peloton. Et ces deux étapes décisives, c’est justement pour maintenant, avec les ascensions de l’Aspin et du Tourmalet ce samedi, puis le chrono final à Pau dimanche.

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Portrait de Sandra ALONSO DOMINGUEZ
Portrait de Léa CURINIER
Portrait de Charlotte KOOL
Portrait de Lotte KOPECKY
Portrait de Marianne VOS