Quel beau symbole. Il y a un an, presque jour pour jour, Pierre Thierry avait été particulièrement frustré sur l’étape finale du Kreiz Breizh Elites, à Rostrenen. "Je ne me ferai pas avoir une deuxième fois", pestait-il à l’arrivée, après en avoir trop fait, battu à l’expérience par Bart Lemmen. Alors ce lundi, pour le dernier acte de l’édition 2023, le coureur de Morbihan Fybolia GOA n’avait pas envie d’avoir du monde dans sa roue, et a décroché son premier succès en Classe 2 de sa carrière (voir classement). "C'est fou de gagner en Classe 2. C'était un objectif pour moi cette saison et là c'est chose faite donc c'est super", se réjouit-il à l’arrivée.

« JE L’AI MISE AU BON MOMENT »

Et ce n’est pas un coup de chance qui l’a propulsé en tête de course. Plongé dans une journée infernale, où l’allure ne s’est jamais calmée, il ne fallait pas rater les bonnes vagues dans la pluie bretonne. "C'était assez dur de lire la course parce que ça partait toujours dans tous les sens. On a traversé un bourg au bout de 60 kilomètres. J'ai vu qu'il y avait une descente avec pas mal de virages. J'ai insisté et il y a une grappe d'une vingtaine de coureurs qui a réussi à partir. Ensuite, ça s'est organisé. Moi, je n'avais pas trop à faire parce que j'étais le seul de l'équipe devant. J'en ai joué et j'ai su ressortir dans le final".

Dans ce final, il y avait d’abord Clément Carisey (Charvieu-Chavagneux IC), parti comme souvent dans un baroud solitaire, alors que Pierre Thierry avait tous les leaders du général autour de lui. "Je pensais quand même que les coureurs les mieux placés au général allaient aussi jouer l'étape, mais ils n'ont pas tout mis pour rentrer sur moi. Ça m'a laissé une marge de manœuvre". Car à deux tours de l’arrivée, dans la montée de la Rue Le Hir, le Morbihannais a porté son attaqué, repris et déposé Clément Carisey. "J'attendais que l'équipe du leader ramène. Mais je voyais que les gars s'usaient. Dès qu'on est rentré sur Clément Carisey, j'ai contré tout de suite pour qu'il n'y ait pas de temps mort. Je pense que je l'ai mise au bon moment".

UN CHRONO AVANT L’HEURE

Il n’y avait plus à réfléchir, simplement se plonger dans un chrono individuel de 16 kilomètres. "On est des coureurs assez résistants dans l'équipe. Quand il ne fait pas beau, on n'est peut-être pas les meilleurs sur un effort, mais à l'usure on arrive à bien résister. C'est ce qui s'est passé aujourd'hui. J'ai réussi à prendre un coup d'avance et c'est allé au bout, donc c'est super". Avec un écart maintenu longtemps à une vingtaine de secondes, le jeu entre les leaders derrière lui plie l’affaire. La victoire est pour Pierre Thierry, avec une remontée à la 5e place du classement général. "On n'était pas très content de notre deuxième étape. On s'est fait avoir. C'est une course qui est dure à lire. Donc aujourd'hui, on était revanchard. On a su remettre les pendules à l'heure".

Ainsi, Morbihan Fybolia GOA est la seule équipe amateur à sortir du KBE avec une victoire d’étape. "Ça montre qu'on est un bon collectif. C'est bon pour la suite". Une suite qui arrive dès ce mercredi, au Championnat de France de l’Avenir chrono. Le 5e du Challenge BBB-DirectVelo rêve du maillot tricolore, qui serait une belle revanche sur la déception de Cassel. "Ce soir, je suis bien cramé, mais si j'arrive à surfer sur la forme que j'avais aujourd'hui, ça devrait être bon pour mercredi. On verra. Ça passe ou ça casse". Et ce sera avec un nouveau casque. "J'ai fait quelques tests sur la piste et j'ai vu que ma position allait mieux avec ce casque". Comme ce lundi, Pierre Thierry arrivera avec une revanche à prendre, et il a démontré sur l’étape de Rostrenen qu’il avait le goût pour remettre l’église au centre du village.