Glasgow : les Bleus surpris par le circuit

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

L’équipe de France se présente à Glasgow (Ecosse) avec un collectif, une fois encore, très solide et homogène. Mais sur le papier, les Bleus ne sont pas favoris. “On est outsiders”, assure Thomas Voeckler. Et nul doute que le sélectionneur national ne le dit pas pour mettre la pression sur ses adversaires mais parce qu’il considère bel et bien qu’il sera (très) difficile d’aller chercher un troisième titre en quatre éditions, après le doublé de Julian Alaphilippe (2020-2021) et les médailles d’argent de Christophe Laporte (2022) et de Romain Bardet (2018), soit quatre podiums en cinq ans. 

« IL FAUT ÊTRE TORDU POUR FAIRE UN CIRCUIT PAREIL »

Ce circuit urbain de Glasgow laisse les Bleus sceptiques. Beaucoup le trouvent à leur convenance mais sont tout de même dans l’incompréhension. “Ce n’est pas le plus beau parcours pour un Championnat du Monde. C’est un peu spécial, il y a beaucoup de virages, pas forcément sur de belles routes. Il y a du gravier, ce n’est pas super”, explique Christophe Laporte à l’hôtel des Bleus, à Stirling, pour DirectVelo. Le Varois reste poli mais Florian Sénéchal est plus cash : “c’est un circuit de merde. Faire 270 kilomètres sur un circuit comme ça…. Je veux bien comprendre que ça peut être pour le spectacle mais sur un Championnat du Monde, il n’y a pas de spectacle. Les meilleurs coureurs au monde sont là, il faut un minimum de respect pour les coureurs”, lâche le Nordiste.

Benoît Cosnefroy en remet une couche : “l’approche dans la campagne avant le circuit est magnifique. Puis, on arrive dans la ville et c’est très spécial. Je pense que ce n’est pas un circuit digne du Championnat du Monde… Il y a 48 virages par tour… En deux tours, je n’ai rien compris au truc. Je suis incapable de le retracer si on me donne une feuille, assurait le Normand ce vendredi en fin d’après-midi. Il faut être tordu pour faire un circuit pareil, le gars qui l’a tracé était bourré (rires). Mais personnellement je l’adore sur la filière énergétique et sur mon physique. Ça ne va pas être télégénique, on ne va pas se rendre compte de la difficulté dans le peloton…”. L’habituel puncheur d’AG2R Citroën enchaîne : “le bitume n’a pas été refait. Il y a beaucoup de choses au sol, des plaques d’égouts. La route n’est pas lisse, propre. Ça peut être dangereux mais on va tous être en file indienne”. Presque paradoxalement, Benoît Cosnefroy ou Florian Sénéchal, bien que surpris, “aiment ce circuit”. Le premier cité précise : “il me correspond mais c’est particulier”.

« TRÈS DUR PHYSIQUEMENT ET NERVEUSEMENT »

Ce circuit est ce qu’il est et il faudra de toute façon faire avec. Alors, comment appréhender ce Mondial 2023 ? “Il vaut mieux être devant que derrière. C’est un circuit qui avantage l’échappée, c’est une certitude. L’équipe qui va prendre en main pour chasser sera désavantagée, assure l’ancien double vainqueur de l’épreuve. Il faudra beaucoup se parler. Tout le monde aura les mêmes consignes. Il y a des virages où ça passe un par un. Chacun voudra se placer aux points stratégiques. La course sera rapide et fera mal”. Et Montrose Street et son passage à 13% ? “C’est dur mais pas forcément assez pour créer la différence. L’année dernière, on a vu une montée bien plus difficile et au final, Remco (Evenepoel) est parti sur le plat. Il ne faut pas trop se focaliser sur cette montée”, pense Benoît Cosnefroy.

Probablement carte n°1 des Bleus, Christophe Laporte sait qu’il ne faudra jamais baisser la garde en terres écossaises. “Ça va frotter une fois arrivé sur le circuit et on ne pourra pas trop remonter puis la course devrait vite se décanter et on peut vite partir à la faute. Vu le nombre de virages, il faudra rester concentré toute la course. Ce n’est pas chose facile après 250 kilomètres. Ce sera très dur physiquement et nerveusement aussi”. Le coureur de la Jumbo-Visma pourrait compter sur l’appui de Julian Alaphilippe, qui assure ne pas être à 100%. “Mais les derniers jours se sont bien passés, on verra”. Valentin Madouas est également cité, par la majorité de ses coéquipiers, comme une probable carte maîtresse des Bleus ce dimanche. Qu’en dit le sélectionneur ? “Sur le papier, Christophe semble être la meilleure carte. Pour moi, il ne faut pas nécessairement se fier au Tour. Dimanche, on mettra tous les compteurs à zéro par rapport à la domination de certains. On n’est pas au Tour, on n’est pas à Liège, pas à Roubaix ou au Tour des Flandres… C’est un Championnat du Monde. Un coureur comme Julian est un bon exemple. Sur une journée, ça peut être un autre coureur que sur le Tour, où Il a couru au panache parce qu’il n’avait sans doute pas les jambes pour gagner une étape à la pédale. Même chose pour Benoît aussi”. Finalement, une fois encore, les cartes semblent nombreuses.

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