Pour Alice Brédard et la Bretagne, c’était bien au-delà du sport

Crédit photo Cloé Colinet - DirectVelo

Crédit photo Cloé Colinet - DirectVelo

L’arrivée de la course Juniors Femmes du Championnat de France de Plédran n’avait plus grand-chose à voir avec le vélo. Déjà à quelques mètres de la ligne, lorsque la victoire de Léane Tabu est annoncée, devant Alice Brédard, on comprend que dans le clan breton cette médaille d’argent n’est pas qu’une petite déception de passer à côté du titre. L’histoire va bien au-delà. "Automatiquement, c’est un sentiment de tristesse, même si c’est quand même une médaille, aujourd’hui, il n’y avait que le titre qui comptait pour elle", raconte Aurélien Vauléon, CTR de Bretagne. Si Léane Tabu lâche la pression, assise par terre et en larmes après son triplé, à quelques mètres, ce sont d’autres larmes qui coulent, pour des raisons bien différentes. La semaine passée, Alice Brédard a perdu sa mère brutalement, et comptait bien lui rendre un magnifique hommage sur ce Championnat de France.

Il ne faut pas s’approcher très près pour entendre des cris résonner dans le camp breton. "Maman ! maman !", entend-on, à de multiples reprises. Au milieu, c’est une Alice Brédard inconsolable, dans un état second, dont les nerfs ont totalement lâché. Sous le regard de photographes, journalistes, mais aussi beaucoup d’autres coureuses et surtout sa famille, tout aussi bouleversée. Le silence est oppressant autour du cercle formée par les différentes concurrentes, qui se succèdent une à une au côté de la malheureuse 2e du jour. Margot Marasco, 4e ce dimanche, ne s’arrête pas et file directement retrouver les Bretonnes. La concurrente du Grand Est passe de longs instants à leurs côtés, en larmes. Après avoir repris ses esprits, celle-ci laisse encore échapper des larmes avant de répondre au micro de DirectVelo, en voyant Alice Brédard se diriger vers le podium. "Désolée… Je suis un peu… Pfiou...", souffle-t-elle dans un sanglot.

« ELLE VOULAIT TELLEMENT CE MAILLOT »

Les tentatives de consolation ne feront pas mouche, bien que chacune et chacun lui répètent "elle était là, elle est fière de toi", le maillot tricolore n’est pas là. "Alice savait pourquoi elle prenait le départ. Son objectif était de gagner. Aujourd'hui elle avait à cœur de jouer sa carte et d'aller au bout. Mais elle est tombée sur plus forte qu'elle avec Léane (Tabu)", note Yann Le Normand, son directeur sportif. Cette médaille d’argent vient après avoir décroché le même métal sur le contre-la-montre, et le bronze lors du relais mixte, où Alice Brédard avait déjà eu du mal à contenir ses nerfs une fois la ligne franchie. "C’est dommage pour Alice, c’est encore un titre qui lui passe sous le nez. Trois courses, trois médailles, ça fait quand même beaucoup. Elle voulait tellement ce maillot, c’est vraiment dommage pour elle", compatit Aurélien Vauléon.

Si elle ne repart pas avec l’or tant convoité, Alice Brédard a pu compter sur le soutien de ses coéquipières toute la semaine. "Ce sont des filles qui sont soudées. Ça fait dix jours qu’elles sont ensemble, à se réconforter. Depuis cinq jours, on a fait des ajustements pour que les filles viennent à l’hébergement pour soutenir Alice. On la soutient dans ces moments difficiles. À l’arrivée, j’ai vu des filles en pleurs, de tristesse pour elle de passer si près du titre. On l’a vu vendredi, on  avait une équipe focalisée sur le maillot, pour elle. C’est vraiment dommage qu’elle ne le décroche pas sur ces trois épreuves", ajoute un Aurélien Vauléon ému, qui a partagé à distance les émotions vécues par son clan. "Être médaillé sur un Championnat de France, ça reste exceptionnel", applaudit un Yann Le Normand fière de sa protégée. Et nul doute qu'il n'y a pas que son staff qui est fier d'Alice Brédard.



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