Romain Grégoire : « Je n’imaginais pas le faire de cette façon »

Crédit photo Zoé Soullard - Tour du Limousin

Crédit photo Zoé Soullard - Tour du Limousin

Parti dans l’ultime difficulté, à 17 kilomètres de l’arrivée dans la côte de Saint-Goussaud, Romain Grégoire a réalisé un numéro en solitaire dans le final de la première étape du Tour du Limousin pour s'imposer à Bénévent-l’Abbaye (voir classement). Le sociétaire de Groupama-FDJ a par la même pris une belle option au général en reléguant ses plus proches poursuivants à plus de 20 secondes. Alors qu’il n’a couru qu’à la Clasica San Sebastian depuis le Championnat de France fin juin, le Bisontin de 20 ans montre qu’il est en forme avant son premier Grand Tour, la Vuelta. Romain Grégoire exprime sa satisfaction au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Tu lèves les bras dès la première étape du Tour du Limousin ! 
Romain Grégoire : Le rythme était élevé depuis le début des bosses parce que mes coéquipiers ont fait un super boulot. Michael (Storer) a mis la première mèche, puis j'ai contré. Ça faisait un peu loin mais en même temps tout le monde était un peu à fond. Je suis parti tout seul et ensuite il fallait y aller à fond. La descente qui suivait n'était pas très belle. Elle était technique, il y avait une succession de portions humides et d'autres sèches. Il y avait même de la mousse par endroit. Je suis descendu prudemment parce que je n'avais pas envie de finir par terre. Par contre, une fois sur le plat, je me suis mis en mode chrono.

« JE ME SUIS SURPASSÉ »

As-tu eu peur du retour du contre emmené par Benoît Cosnefroy avec Lorenzo Rota et ton coéquipier Michael Storer ?
Je n'ai pas trop fait attention à l'écart. Quand ils sont revenus à quatre secondes, j'ai continué mon effort comme si j'étais tout seul. Je savais que de toute façon, mon effort en solitaire profitait à Michael qui faisait de la patinette derrière. Ça m'a permis de ne pas me poser de question. Je n'avais rien à perdre.

Comment as-tu géré ce final difficile ?
On était passé sur les trois derniers kilomètres à 80 bornes de l'arrivée, donc on avait pu reconnaître le final. Je savais que ces trois derniers kilomètres allaient être durs, tout en prise, en faux-plat montant. J'ai essayé d'en garder un minimum pour ces trois derniers kilomètres et apparemment, je n'ai pas flanché, donc c'est plutôt cool.

Qu'est-ce que ça fait de sentir toute l'équipe autour de toi ?
Ça donne beaucoup de confiance et de force d'être dans cette position de leader dans l'équipe. Je n'étais pas non plus super bien en début d'étape, mais quand j'ai vu les gars se sacrifier un par un jusque dans le final, je me suis surpassé pour les remercier.

« ON NE VA PAS ME FAIRE DE CADEAU »

Dans quel état d'esprit as-tu abordé ce Tour du Limousin ?
Ce matin, j'étais assez ambitieux. Clairement, j'avais coché ce Tour du Limousin, je voulais vraiment gagner. Mais je n'imaginais pas le faire de cette façon, je pensais plus régler le sprint d'un petit groupe. On savait qu'il y avait un beau parcours qui se présentait devant nous, un parcours qui me convenait super bien. J'avais la confiance de l'équipe. Ils ont fait un super boulot et je viens les récompenser de la plus belle des manières.

Tu as pris une belle avance qui pourrait te permettre de gagner le classement général...
Il reste encore trois étapes pour essayer de gagner le Tour du Limousin, ce qui est forcément l'objectif, maintenant. En venant ici, je visais les étapes en me disant que le général viendrait peut-être avec. J'ai déjà l'étape, donc maintenant il faut viser le général. Si je peux aller gagner d'autres étapes sur ce Tour du Limousin, je ne vais pas me priver, mais le focus sera sur le général, maintenant.

Comment vois-tu la suite de l'épreuve ?
Maintenant, je m'attends à être attaqué de tous les côtés. On sait que le Limousin se joue à quelques secondes. Sur ce point-là, j'ai quand même un petit matelas, c'est assez rassurant. Mais il va falloir être très vigilant et très concentré pendant trois jours. Il ne faudra rien lâcher, parce qu'on ne va pas me faire de cadeau.

« DU BIEN À LA TÊTE EN VUE DU TOUR D’ESPAGNE »

Tu n'avais quasiment pas couru depuis un mois et demi...
C'était vraiment une période de préparation pour la Vuelta qui est l'objectif numéro 1 de cette fin de saison. Après le Championnat de France, j'ai fait une coupure d'une semaine qui m'a permis de recharger les batteries et de repartir à zéro. Ensuite, je suis parti pendant trois semaines en stage à Tignes avec l'équipe qui sera sur la Vuelta. Je suis redescendu pour courir la Clasica San Sebastien, où je n'étais pas au top. Ça m'a mis une secousse de voir que je n'étais pas au niveau, du coup je suis reparti en stage perso en Ardèche où j'ai travaillé et encore plus fait le job.

Es-tu rassuré après cette victoire ?
Je suis content de voir que le travail paie. J'ai besoin de gagner pour me rassurer. Chaque victoire est bonne à prendre. Chaque victoire chez les professionnels est prestigieuse. Ça fait du bien à la tête en vue du Tour d'Espagne qui va commencer dans une dizaine de jours. Lenny Martinez fera sûrement le classement général, moi, j'y serai plutôt dans un rôle de chasseur d'étape et en essayant de l'accompagner le plus possible en montagne quand il en aura besoin.



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