Auber sur le fil du rasoir

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Stephan Gaudry est dans le milieu depuis des décennies et pourtant, il n’a pas le souvenir d’avoir connu pareille situation auparavant. Ce jeudi matin, au Tour féminin de l'Ardèche, il est monté dans la voiture de sa formation St-Michel-Mavic-Auber 93 pour diriger… deux filles, et ce alors qu’il restait encore pas moins de cinq jours de compétition sur l’épreuve. Cette situation est dûe à un concours de circonstances malheureux.

Tout d’abord, la Conti francilienne ne s’est présentée qu’à cinq au départ de l’épreuve, alors qu’il y avait la possibilité d’aligner six concurrentes. Puis Marion Bunel, comme imaginé avec le grand départ, n’a pu tenir que quelques kilomètres lors de la première étape tracée entre Bourg-Saint-Andéol et Ruoms, la faute à une grosse douleur au genou (lire ici
).

La 4e place de Margot Pompanon à l’arrivée de cette même première étape laissait tout de même entrevoir de belles choses pour une équipe en quête de points UCI cette semaine. Mais le lendemain, cette même Margot Pompanon est lourdement tombée dans le dernier virage, dans les rues de Nîmes, alors qu’elle était idéalement placée, au troisième rang derrière les deux athlètes de Human Powered Health. Lourdement touchée (lire ici), elle n’a bien sûr pas pris le départ jeudi matin. Pas plus que Dilyxine Miermont, embêtée par la Covid-19 et trop affaiblie physiquement pour continuer. “Elle avait de la fièvre, les analyses de sang n’étaient pas bonnes, les globules blancs étaient très bas”, explique Stephan Gaudry. 

CINQ JOURS À DEUX

Mercredi soir, après deux des sept étapes de l’épreuve, il ne restait donc plus que deux coureuses pour Auber. Une situation rocambolesque et, il faut bien avouer, assez déprimante.
“Franchement, c’est sûr qu’on a eu un bon coup de dep’ après cette deuxième journée… Les coureuses, le staff, tout le monde…”, concède Stephan Gaudry, lequel est rentré à l’hébergement à 3h du matin (!), après avoir accompagné Margot Pompanon à l’hôpital de Nîmes jusqu’à 1h30, le temps d’avoir les derniers résultats et de savoir s’il y avait possibilité de la ramener au camping ardéchois où logent les équipes.

Mais il a vite fallu se remettre dedans. “Ce (jeudi) matin, on a essayé de se remobiliser. Ce n’est pas encore totalement le cas. On est encore un peu dans le coaltar. Mais il faut switcher. Ce qui est dommage, c’est qu’il y avait trois étapes au sprint. Margot était dans le coup pour faire un gros truc… Maintenant, on va se concentrer sur le général. On vise les deux filles dans le Top 10 du général, ce qui est possible”. Et il ne serait que plus beau que Camille Fahy et Coralie Demay réalisent de grosses performances en étant les seules représentantes de leur formation en course.

DES AMBITIONS ÉLEVÉES MALGRÉ TOUT

La vie du groupe change-t-elle avec deux concurrentes à diriger plutôt que cinq ou six ? Les briefings sont-ils les mêmes ?
“Tout est pareil. Je leur ai dit qu’on allait continuer de bosser sérieusement, de décortiquer les étapes, comme dans une situation classique. C’est aussi comme ça qu’on se forge. Le seul problème, c’est que c’est long… Tu te dis que tu es sur le fil du rasoir… S’il se passe encore quelque chose pour l’une de nos deux filles en course, on fait quoi ?”.

Et c’est bien ce qu’il a failli se passer pour Camille Fahy, victime d’une chute lors de la troisième étape et un temps larguée loin derrière le peloton - notre photo ci-dessous -. Heureusement, elle a vite pu rentrer dans le peloton.
“Je t’ai entendu paniquer lorsque je t’ai annoncé que Camille avait un problème”, rigolait d’ailleurs après coup Coralie Demay auprès de son directeur sportif, au moment de debriefer cette troisième journée. “On va chouchouter nos deux survivantes. Elles ont envie de continuer, elles sont motivées. On va faire le max. Les étapes qui arrivent leur conviennent”. L’an passé, Coralie Demay s’était pour rappel imposée lors de la dernière étape, à Privas. Et si elle refaisait le coup d’ici lundi ? L’histoire n’en serait, cette fois-ci, que plus belle encore.


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