Florian Pavia : « Tout le monde connaît la Ligue des Champions »

Crédit photo UCI Track Champions League

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La troisième édition de la Ligue des Champions commencera le 21 octobre à Majorque. La compétition s'étend sur quatre week-ends consécutifs pour se terminer le 11 novembre à Londres. Comme les deux premières éditions, 72 athlètes (36 hommes et 36 femmes) y participeront, dont 18 pour le sprint et 18 pour l'endurance. Pour rappel, la qualification pour la Ligue des Champions passe par les résultats au Championnat du Monde, les classements UCI sans oublier les 24 invitations pour repêcher des coureurs ou pour encourager des jeunes talents à venir se tester face aux meilleurs du monde. Côté français, ils seront trois à participer : Melvin Landerneau, Quentin Lafargue et Tom Derache. Mathilde Gros, tenante du titre de la vitesse, sera absente mais elle sera en revanche bien présente aux 3 Jours de Grenoble qui tombent en face de la manche de Berlin. Nicky Degrendele et Tuur Dens seront les Belges engagés dans cette compétition. DirectVelo a fait le point avec le directeur de la compétition Florian Pavia.

DirectVelo : Le Championnat du Monde sur piste était cet été un moment de qualification mais également de négociation avec les coureurs.
Florian Pavia : C'était un moment décisif pour la constitution de notre plateau. On parle avec eux, on essaye de connaître leurs intentions. On passe toute la semaine à échanger avec les athlètes. Avec les coachs aussi parce que c’est important qu’ils comprennent la démarche. Maintenant, tout le monde connaît la course, reconnaît le logo. C’est plus facile de se présenter maintenant que les premières années. Les athlètes connaissent particulièrement bien. Pour les coachs et les fédérations, il y a encore du travail à faire. On a encore de la marge pour s’améliorer. On n’est pas là que pour parler aux athlètes, on est aussi là pour parler du futur. Le but de notre action, c’est d’offrir le maximum de courses aux athlètes. On veut éviter de les mettre en face de choix, entre plusieurs courses.

Comme c’était arrivé l’année dernière avec les Six Jours de Gand.
Du coup, on n'avait pas eu d’athlètes belges. On a donc avancé le calendrier pour plusieurs raisons. Déjà, on ne veut pas être trop loin des Championnats du Monde. On veut s’éloigner un maximum des Championnats d’Europe et des JO pour que les athlètes puissent partir dans des blocs d’entraînement après la Track Champions League. Et ce changement permet également de ne pas être en compétition avec les 6 Jours de Gand. Le résultat se voit déjà puisqu’on a des athlètes belges, qui une fois qualifiés, confirment assez rapidement.

« ON LES PREND UN PEU SOUS NOTRE AILE »

Un autre point compliqué est d’attirer les stars de l’endurance.
L’année dernière, c’était les sprinteurs. On a eu des discussions beaucoup plus avancées que l'année dernière avec eux. Une des raisons pour laquelle on a déplacé la TCL, c’est pour ne pas entrer en conflit avec les stages de début de saison, qui commencent à se mettre en place dès novembre ou décembre. Ces stages ne sont pas tellement importants sportivement mais c’est le moment où les équipes réunissent tout le monde, font les photos, etc.. C’est vraiment un moment que les athlètes ne peuvent pas louper. Je pense qu’à terme, il y aura vraiment une amélioration du plateau endurance. Mais dans ce cas là, il y a les équipes sur route, ça rajoute une couche pour les négociations.

Qu'en est-il de l'objectif de permettre aux sprinteurs de gagner leur vie ?
Ce que l’on fait en parallèle, le prize money, on ne va pas l’augmenter, ni le diminuer, mais avec les équipes en interne, on réfléchit à comment on peut, en dehors des prize money de la Track Champions League, aider les athlètes à générer et à monétiser leur présence. Un de nos objectifs est de professionnaliser le sport, de créer des profils attractifs pour qu’ils puissent se vendre à des sponsors. William Tidball, Champion du monde du scratch, veut venir mais il demande de l’aide pour comment trouver un sponsor. On les accompagne là-dessus, on fait des études sur la valorisation de leur sponsor sur les maillots, on leur partage ça après les courses. On crée des offres presque sur mesure qu’ils peuvent partager avec leurs partenaires. On leur donne un maximum de chiffres sur l'épreuve pour pouvoir monétiser leur présence. On fait ce travail d’accompagnement supplémentaire parce qu'un athlète qui vient sur nos événements n’est plus avec sa fédération ou son équipe. Il y a des gros écarts sur l’accompagnement. Donc, on les prend un peu sous notre aile.

Vous prenez tout en charge au niveau des frais de déplacement des athlètes ? 
On leur réserve leur avion, on leur couvre deux jours d’hôtels sur l’événement. Et là, ce qu’on va faire en plus, on leur organise des sessions d’entraînement dans les vélodromes entre deux événements. On leur trouve des salles de musculation pour qu’ils puissent continuer de s’entraîner. Pour certains athlètes, ça leur permet de bien s'entraîner et de voyager le moins possible. Un aller-retour en avion, c’est 3 jours d’entraînement de perdus.

« NE PAS ÊTRE EN CONCURRENCE AVEC UN SAMEDI DE PRIME-TIME  »

Au niveau du programme de la soirée, vous êtes satisfaits de la formule actuelle ? 
Sur le format sportif, on ne change pas. Lorsque tu arrives avec un nouveau Championnat avec l'objectif de rendre la piste plus accessible, tu ne peux pas changer les formats au bout de trois ans, Il faut aussi croire en son produit. Ce qui va changer, c’est l’ordre des courses et l'heure de début et de fin de l’événement. Cette année, on va commencer beaucoup plus tôt, à 17h30, pour terminer à 21h. Auparavant, on débutait à 19h et on finissait à 22h30.

Pourquoi ce changement ?
Ce sont des événements qui sont avant tout des produits pour la télévision. On a consulté en interne tous les spécialistes : le producteur, la programmation. On veut voir quels sont les meilleurs créneaux pour ce genre de programme. On a constaté que commencer un peu plus tôt, pour ne pas être en concurrence un samedi avec un prime-time ou des émissions pas forcément sportives qui commencent à 21h, ça peut être bien. On peut beaucoup plus facilement garder l’audience du programme précédent sur Eurosport. Il y a un trou un peu moins gros. On a fait ça aussi pour les athlètes, pour qu’ils terminent moins tard avec un temps de repos plus long. La Track Champions League, quand on est parti, c'est un cirque qui se déplace et on ne s’arrête plus. On s’occupe du transport de leurs vélos. Et l’année dernière, à 22h30, ils sont tous un peu fatigués même s’ils ne font pas beaucoup de courses.  Avec les jeux de lumière et la sono, ils sont très sollicités. Dès que l'événement est fini, ils doivent tous mettre leurs vélos dans les boîtes et les mettre dans le camion pour qu'il puisse être à l’heure le lendemain ou deux jours plus tard. Donc, ça leur donne un peu plus de temps, ils sont plus détendus.

Vous avez également lancé le métaverse, un monde virtuel pour regarder la Track Champions League. As-tu déjà des retours ?
L’année dernière, c’était encore expérimental. C’était pour les médias et des invités. Avec le métaverse, nous voulons changer la façon de consommer le cyclisme. Cette saison, ça va être plus accessible au grand public. On développe deux nouvelles choses. On va créer une fonctionnalité qui répond au besoin des médias qui ne peuvent pas se déplacer. On va produire un espace virtuel pour organiser des conférences de presse, ce qui n’est pas possible avec le jour-même de la Track Champions League. La journée, une fois qu’elle est partie, ça ne s’arrête plus entre les sessions d’entraînement et la course, c’est compliqué. C’est difficile de créer une vraie conférence de presse course après course. Le métaverse sera un succès si on a doublé le nombre de médias qui s’y intéressent et qui y participent, soit sur place ou à travers le métaverse de la Track Champions League.

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