Anthony Turgis : « Ça fait mal »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

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Milan-San Remo, E3 Saxo Classic, Tour des Flandres… Toutes ces prestigieuses Classiques du calendrier printanier se feront sans la formation TotalEnergies, non conviée cette saison par les différents comités d’organisations. Sans la ProTeam vendéenne et donc sans Anthony Turgis. Pourtant brillant à plusieurs reprises sur ces épreuves-là ces dernières saisons, le Francilien doit revoir ses plans. Et ses ambitions. Entretien.

DirectVelo : Tu reviens tout juste d’un stage en altitude… au Rwanda !
Anthony Turgis : C’était top. On était logés à près de 2000 mètres d’altitude, un poil moins. On n’est jamais descendu à moins de 1600, au bord du lac, mais on remontait vite (sourire). On a parfois roulé à 2400 mètres. On est restés trois semaines, avec du beau temps, une fois même jusqu’à 38°C. C’était l’occasion de bien travailler avant la reprise des compétitions.

D’ordinaire, tu entres à cette période de l’année dans une phase de préparation pour les premiers Monuments du calendrier, Milan-San Remo et le Tour des Flandres. Mais cette fois-ci, tu ne participeras ni à l’un, ni à l’autre…
Ce sont les deux plus grosses courses de mon calendrier habituellement. Je suis forcément déçu. Je savais qu’en n'étant pas invité d’office, il y avait un risque. Je me doutais que ça serait serré car il y a beaucoup de candidats, notamment des équipes qui sont en plein développement. D’un côté, c’est normal que ça tourne. De l’autre, quand on a brillé plusieurs fois sur des courses comme Milan-San Remo, on s’attend quand même à être invité. On voit qu’il n’y a pas que l’aspect sportif qui entre en compte. Il y a aussi toutes les notions de partenaires, de sponsoring… Mais c’est la règle et il faut l’accepter.

« CE SONT DES COURSES IRREMPLAÇABLES »

Statistique forte : tu as toujours terminé dans le Top 10 sur Milan-San Remo ces trois dernières saisons, avec même une 2e place il y a deux ans. Au « Ronde », tu as terminé 4e puis 8e en 2020 et 2021… Mais ce n’est pas suffisant !
Il y a d’autres coureurs, d’autres talents qui peuvent eux aussi marcher et prétendre à un Top 10 dans les équipes qui ont été sélectionnées à notre place. C’est sûr qu’avec ces résultats-là, ça pouvait faire un argument de poids. Mais apparemment ce n’était pas assez convaincant. Ça fait mal. Et ça fait bizarre de se dire qu’on ne va pas participer. J’y pense forcément mais c’est ainsi. Je vais me remobiliser pour d’autres courses.

Qu’est-ce que cette situation va changer dans la construction de ta saison ?
Quelques adaptations. Par exemple, je vais faire mon retour sur le Samyn alors que je n’y allais jamais (une seule participation en 2015, NDLR). D’habitude, ça faisait trop avec l’enchaînement Nieuwsblad et Kuurne, dans la perspective des Monuments. Mais cette fois, j’y serai. C’est une course que je suis heureux de retrouver. Il y a quelques autres ajustements également mais dans tous les cas, Milan-San Remo et le Tour des Flandres sont des courses irremplaçables.

« J’EN VEUX UNE BELLE »

Il te reste tout de même un Monument : Paris-Roubaix !
C’est forcément un rendez-vous coché. J’y ai été moins en réussite qu’à San Remo ou aux Flandres jusque-là mais on ne sait jamais. Une année, j’étais très bien, à l’avant avec pas moins de cinq coéquipiers dans le premier peloton mais j’ai chuté dans le troisième secteur. On sait que c’est toujours la loterie à Roubaix et qu’il faut être dans un très grand jour pour espérer faire un truc. Mais j’y crois toujours. Tout est possible. Si je prends l’exemple de Kuurne par exemple, j’y ai fait 2e derrière Mads Pedersen (en 2021, NDLR). Une autre année, j’étais aussi là pour la gagne mais je m’étais fait totalement déborder par une grosse vague dans le sprint. Je peux jouer sur chacune de ces courses. 

Gagner une belle Classique avant de poser le vélo au garage serait-il synonyme d’une carrière réussie ? Est-ce ta priorité ?
C’est ça ! J’en veux une belle. J’ai déjà gagné à tous les niveaux de compétition sauf en WorldTour. J’en cherche une, même si j’ai déjà des résultats qui parlent, comme cette 2e place à San Remo. Le problème, c’est que même si je n’ai jamais gagné une grande Classique, je suis régulier et on me connaît. Certains de mes coéquipiers ont déjà pu faire un gros coup sur un Paris-Nice, un Dauphiné ou autre car ils étaient moins connus par les plus grandes stars du peloton. Je ne peux pas miser sur l’effet de surprise. Ce n’est pas simple mais je vais tout faire pour y arriver, un jour ou l’autre. 

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