Gustavo Miño, marchand de cycles et Mondialiste

Pour la deuxième fois consécutive, Gustavo Miño a eu "la chance de participer au Championnat du Monde contre-la-montre". Inconnu du grand public, le coureur paraguayen attendait ce rendez-vous depuis des mois. "C’est génial, je peux côtoyer les meilleurs rouleurs du Monde durant cette journée. C’est quelque chose de très spécial pour moi, puisque je n’ai pas l’habitude de courir avec eux", explique-t-il pour DirectVelo.com.

Ce mercredi après-midi, Gustavo Miño a terminé à 9’46’’ du nouveau Champion du Monde de l’effort solitaire, Bradley Wiggins. Une éternité. Mais l’essentiel n’est pas là pour le coureur de Start-Trigon, une équipe Continentale paraguayenne. "C’est très difficile pour moi de venir ici et d’être compétitif. Dans mon pays, le niveau n’est pas du tout le même que dans les pays traditionnels de cyclisme. Alors je profite simplement de cette semaine pour acquérir un maximum d’expérience, apprendre des choses, mais aussi et surtout profiter car ce n’est pas tous les jours que je participe à ce genre d’évènements". Double Champion du Paraguay contre-la-montre en titre, Gustavo Miño se dit surtout fier de pouvoir arborer le maillot de son pays sur les routes espagnoles. "C’est important de pouvoir représenter son pays sur un évènement comme celui-ci. Et j’espère que cela donnera l’envie à d’autres coureurs paraguayens de devenir cyclistes à leur tour. Etre ici, c’est une grande expérience pour moi, mais ça doit aussi l’être pour les futurs coureurs de mon pays qui viendront courir un jour, je l’espère, un Championnat du Monde".

« AU PARAGUAY, LES SAISONS SONT BEAUCOUP PLUS COURTES »

Gustavo Miño espère voir le cyclisme paraguayen se développer dans le futur, mais il a conscience que ce ne sera pas une mince affaire. "Quand je viens courir en Europe, j’ai beaucoup de mal à suivre, et même à finir les courses. Le problème, c’est que je cours beaucoup moins que les gars que j’affronte en Europe. Et quand je cours au Paraguay, le niveau est beaucoup plus faible. Dans ces conditions, c’est logiquement beaucoup plus difficile de suivre un rythme plus élevé. Au Paraguay, les saisons sont beaucoup plus courtes qu’ici en Europe, où l’on peut courir sans arrêt", regrette-t-il. Finalement, le Championnat du Monde, au-delà d’être une parfaite vitrine pour son pays, est aussi et surtout sa plus grosse chance de progresser. "L’année dernière déjà, j’avais beaucoup appris lors du Mondial en Italie. Depuis, j’ai vraiment eu envie de continuer de travailler cet exercice pour participer à nouveau au Mondial. Je pense que j’ai pu progresser avec ces deux expériences aux Championnats du Monde."

« LES AMATEURS FRANCAIS SONT PLUS FORTS »

Considéré comme le meilleur coureur paraguayen de sa génération, Gustavo Miño n’a jamais pu percer en Europe pour autant. Il a même dû abandonner chacune de ses sept dernières courses sur le sol européen, preuve s’il en est du gouffre qui sépare le niveau sud-américain, hors Colombie, de l’Europe. "Honnêtement, que ce soit les professionnels ou les amateurs européens, dans les deux cas, je n’ai pas le niveau de suivre ces coureurs-là", avoue-t-il. Cet été, il avait eu l’occasion de participer à deux épreuves de Classe 2 en France : le Grand Prix de Pont-à-Marcq et le Grand Prix des Marbriers, deux courses respectivement remportées par Benoît Daeninck et Yann Guyot, alors que le Paraguayen avait là aussi dû se résoudre à l’abandon. "Ces courses-là en France étaient très dures aussi pour moi. Même s’il y avait beaucoup d’amateurs. Ils sont plus fort que moi".

A 30 ans, Gustavo Miño ne gagne pas sa vie grâce au cyclisme. "Je travaille à côté. Je suis marchand de cycles dans mon pays. Du coup, c’est vrai que je ne peux pas vraiment me consacrer exclusivement au cyclisme. Cela n’aide pas...". Passé inaperçu sur ce Championnat du Monde, lâché sur les Classe 2 en France, Gustavo Miño aura donc eu la chance de participer au Championnat du Monde contre-la-montre Elites pour la deuxième fois, et aura de belles choses à raconter à ses proches à son retour. En attendant, pourquoi pas, de reprendre part à la plus prestigieuse des compétitions l’année prochaine, à Richmond.

Crédit photo : Nicolas Mabyle - www.directvelo.com
 

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