Jonathan Castroviejo, de l'or pour conjurer le mauvais sort

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

Jonathan Castroviejo est devenu, ce jeudi, le premier Champion d'Europe Elites contre-la-montre de l'histoire. Le coureur espagnol, qui venait pourtant d'enchainer les Jeux Olympiques et le Tour d'Espagne - jusqu'à Madrid - aura donc trouvé les ressources pour aller chercher ce grand titre qui manquait à son palmarès, après de nombreuses places d'honneur. DirectVelo s'est entretenu avec le rouleur de la Movistar au pied du podium protocolaire.

DirectVelo : Voilà le grand titre qui manquait à ton palmarès ! 
Jonathan Castroviejo : Je venais de terminer 2e du contre-la-montre de la Vuelta (derrière Chris Froome, NDLR) et j'avais vraiment envie de gagner cette fois-ci. J'étais quand même bien fatigué après toutes mes dernières courses, mais c'était le cas également pour beaucoup d'autres coureurs. J'étais vraiment dans un bon jour et finalement, ça l'a fait. 

« C'EST VRAIMENT IMPORTANT POUR MOI » 

Tu étais souvent passé tout près sur les Championnats, avec une 2e place sur le Championnat d'Espagne cette année et des 4e places sur les Mondiaux de Richmond et plus récemment aux J.O de Rio...

J'ai pris l'habitude de terminer deuxième ou au pied du podium. Et là, je décroche enfin un titre et c'est vraiment important pour moi. C'est clairement une récompense après toutes ces places d'honneur depuis plusieurs années. C'est également une médaille importante pour l'Espagne.
C'est l'une de mes plus belles victoires, même si la première sur une étape du Tour de Romandie était sans doute la plus belle de toutes (en 2011, NDLR).

Que représente ce titre européen ? 
C'est important pour moi. Il sera difficile de gagner un Mondial, alors c'est un beau cadeau de pouvoir porter ce maillot de Champion d'Europe pendant un an. 

D'autant que tu es le premier coureur titré dans la catégorie Elites...
C'est tout nouveau pour les pros et je suis certain que c'est un évènement qui va devenir de plus en plus important au fil des années. Clairement, c'est un titre important et il prendra peut-être encore plus d'importance avec le temps. Je serai à jamais le premier dans le palmarès. 

« TOUT S'EST FAIT SUR LA FORME » 

On aurait pu t'imaginer en bout de course, après ta participation aux Jeux Olympiques puis au Tour d'Espagne...

J'ai beaucoup enchainé depuis le Tour de Suisse et je ne sais pas dans quelle condition j'allais arriver ici. J'aurais très bien pu passer complètement à côté de mon sujet mais finalement, j'étais dans un bon jour. 

Tu n'avais pas du tout préparé ce chrono européen ?
Non, tout s'est fait sur la forme du moment car je n'ai pas eu une seule journée pour le préparer. Il n'y avait que quatre jours entre la fin de la Vuelta et mon arrivée ici, et j'ai passé la moitié de ce temps dans le transports. Visiblement, c'était la bonne stratégie à adopter (sourires).

Ce jeudi, tu as prouvé qu'il était donc possible d'enchainer le Tour d'Espagne et un résultat sur ce Championnat d'Europe, alors que certains avaient fait l'impasse...
Je pense que tout dépendait de la façon dont on terminait la Vuelta. Personnellement, je revenais déjà des J.O. J'avais beaucoup enchainé et j'ai dû faire un gros travail pour l'équipe en début de Vuelta. Du coup, j'étais un peu pendu après une dizaine d'étapes (rires). Mais j'ai essayé de gérer et de garder un peu de jus ces derniers jours, même si ce n'était pas évident avec également le voyage de l'Espagne vers la Bretagne.

« J'AI ENCORE LE TEMPS D'EVOLUER » 

Peux-tu garder cette forme jusqu'aux Mondiaux ?

Je ne sais pas si je serai encore en jambes pour le Championnat du Monde, mais ce n'est pas dans si longtemps non plus, et ça restera un objectif. Il faut simplement que j'arrive à maintenir une bonne condition physique dans les prochaines semaines en gérant au mieux ma forme.

Maintenant que tu as ce titre européen contre-la-montre, t'imagines-tu viser des victoires finales sur des courses par étapes d'une semaine ?
J'aimerais pouvoir le faire. Je vais y réfléchir cet hiver. J'ai déjà passé cinq années à la Movistar, mais je n'ai que 29 ans et j'ai encore le temps d'évoluer. Peut-être qu'il faudrait changer certaines choses car effectivement, je pense pouvoir gagner des courses d'une semaine.

Certaines courses d'une semaine avec un contre-la-montre semblent en tout cas parfaitement correspondre à tes qualités... 
Il y en a quelques-uns. Je me suis bien amélioré dans la montagne et comme je suis bon contre-la-montre, il y aura forcément des possibilités à l'avenir. Avec le nouveau calendrier du World Tour, il pourrait être intéressant de disputer de nouvelles courses comme le Tour du Qatar ou le Tour de Californie. Tous les meilleurs mondiaux ne pourront pas aller sur ces rendez-vous, ni les leaders de la Movistar, et ce sera peut-être des opportunités pour moi de gagner des courses World Tour.

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