Pauline Ferrand-Prévot : « Jamais été aussi motivée »

Crédit photo Jean-Michel Ruscitto - DirectVelo

Crédit photo Jean-Michel Ruscitto - DirectVelo

Après avoir repris sa saison sur route au début du mois de mars sur les Strade Bianche, Pauline Ferrand-Prévot a fait son retour à la compétition dans l'Hexagone, ce dimanche, à l’occasion de la manche Coupe de France de cross-country de Marseille. Deuxième de sa course, elle a été battue d’une petite poignée de secondes par la Belge Githa Michiels mais les sensations reviennent progressivement. Et ce sept mois quasiment jour pour jour après son abandon lors des Jeux Olympiques. "J'ai pété les plombs. J'avais trop galéré, mon corps n'en pouvait plus, ma tête n'en pouvait plus, et je me suis arrêtée sur le bord de la route", avouait-elle au mois de novembre. Elle revient pour DirectVelo sur cette période pendant laquelle elle a pensé "tout arrêter", avant de se tourner vers la suite de la saison.

DirectVelo : Après les Jeux, quand tu as pris du recul, pensais-tu reprendre le vélo ou envisageais-tu d'arrêter définitivement ?
Pauline Ferrand-Prévot : J’ai vraiment pensé laisser tomber. Pour moi, c’était fini car je n’avais plus envie. Le vélo c’était ce qui me plaisait le plus dans la vie mais je n’avais plus envie… J’ai découvert une vie plus normale, j’en avais besoin. 

Est-ce le manque qui t’as poussée à revenir ?
Durant les premières semaines, je voyais Julien (Absalon) partir s'entraîner et ça ne me manquait pas. J’ai fait d’autres sports plus ludiques comme l’Enduro ou la course à pied et je me suis remis au vélo petit à petit. Les premières sorties ont été dures car je n’avais aucune sensation après deux mois d’arrêt. J’étais encore plus dégoutée mais au fur à mesure c’est revenu. Aujourd’hui, je peux dire que je n’ai jamais été aussi motivée pour aller m'entraîner. Le changement d’équipe (Canyon-SRAM Racing, NDLR) a été une bouffée d’air frais. J’ai l’impression d’être supportée et d’être mise dans les meilleures conditions.  

« CE QUE LES GENS PENSENT DE MES RÉSULTATS EST SECONDAIRE »

As-tu des regrets d’être allée aux Jeux Olympiques en 2016 ?
Je regrette d'avoir poussé trop loin : j’étais tout le temps à la limite mais j’ai continué. Je n’ai pas franchement de regrets car c’est une expérience. J’en ai tiré des leçons et j’apprends encore. Je n’ai que 25 ans. Ma carrière est loin de la fin. 

Quelles leçons ?
J’étais entrée dans un système où je voulais tout le temps avoir des résultats, sur toutes les courses. Je sentais l’attente autour de moi et c’était de plus en plus dur à supporter. Je veux prendre les courses avec plus de légèreté. Sur le Trophée Binda, j’étais très bien, j’ai bossé pour une fille de mon équipe. J’ai fait ma course et j'ai fini 34e. Avant, je me serais demandé ce que les gens en pensent mais maintenant je me dis que c’est secondaire. Je sais ce que j’ai à faire. 

« APRES SIX MOIS, ÇA NE VA REVENIR COMME ÇA »

Revenons à la course d’hier (dimanche) : comment t’es-tu sentie ?
Je n’ai pas eu de chance car j’ai déraillé au moins six fois dont la dernière au sommet de la côte finale. Au moment où j'avais pris la tête. Je pensais avoir fait le plus dur… Sur le coup, j’étais déçue mais je suis quand même satisfaite de mes sensations. Même s’il me faut encore du temps pour revenir au top. C’est normal. 

Place aux courses en Belgique désormais ?
Oui j’ai prévu de courir le Tour des Flandres, l’Amstel Gold Race, la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. J’ai besoin d'enchaîner les courses pour reprendre le rythme. En plus, les parcours sont durs, ça va me faire du bien. Je sais qu’après plus de six mois sans courir ça ne va pas revenir comme ça mais je me laisse du temps. Par contre, le Championnat du Monde sera un objectif. Je sais que le parcours y est annoncé difficile...

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