Les Français ont dû chasser leurs fantômes

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

A la lecture du classement du Championnat du Monde Juniors de Bergen (Norvège, voir ici), difficile d'être satisfait dans le clan tricolore. Le premier français, Matis Louvel, s'affiche au quatorzième rang, suivi d'Antoine Raugel, seizième. Au-delà du résultat brut, les Bleus semblent ne jamais avoir été en mesure de jouer le titre ou même une médaille sur les routes scandinaves. Le sélectionneur national, Julien Thollet, revient sur le Mondial de ses protégés pour DirectVelo.

DirectVelo : Ce résultat est une vraie déception pour le clan français...
Julien Thollet : Oui, on est forcément déçu puisqu'on attend toujours un bon classement sur un Mondial. Au regard de ce que l'on sait faire habituellement, on cherchait mieux. Ce que je retiens de ce Championnat, c'est que l'on a subi tout le temps. Certes, il ne fallait pas aller dans n'importe quel coup au début mais quand même... On n'était jamais vraiment devant. Lorsqu'un bon groupe est sorti, puis qu'ils ne se sont retrouvés qu'à vingt secondes du peloton, ça aurait été à nous de tuer le poussin dans l'oeuf : de condamner cette échappée pour en créer une autre, avec des gars de chez nous. On ne l'a jamais fait.

Y compris dans les moments clefs !
Sur le final, quand les costauds sont sortis, on n'a pas été capable de faire le saut. Il fallait d'abord avoir les jambes, même s'il faut aussi courir juste tactiquement. Et peut-être que les gars n'avaient simplement pas les jambes. A notre décharge, on a eu trois incidents majeurs avec Florentin (Lecamus-Lambert) qui a été écarté sur changement de vélo, Théo (Nonnez) qui a été victime d'une crevaison et a changé de vélo... Crevaison aussi pour Antoine (Raugel). Cela a beaucoup pesé sur le final. Il faut quand même souligner que Matis (Louvel) et Paul (Lefaure) ont tenté.

« C’ÉTAIT POUR LES COSTAUDS »

On a le sentiment que l'équipe a toujours couru à contre-temps...
On a pris la course dans le mauvais sens, on a subi. Nous n'avons jamais été acteurs, ou dans une situation favorable. Et pourtant, ça aurait pu se faire à trois tours de l'arrivée. On a senti que la course aurait pu basculer autrement mais bon... Cela dit, Johansen était un extra-terrestre, il était au-dessus de tout le monde aujourd'hui. Les Danois ont bien retourné la situation en leur faveur.

Chez les Espoirs comme chez les Juniors, l'aspect tactique semble ne pas avoir énormément joué, les plus forts se retrouvant de toute façon devant dans le final ?
Le parcours était compliqué et physiquement difficile. Alors c'est sûr que les meilleurs sont devant. Les vainqueurs sont des Champions. Même chez les Juniors Dames, c'était comme ça aussi. C'était pour les costauds. Alors, est-ce que physiquement on était simplement un peu en-dessous ? Peut-être. En tout cas, on ne pouvait pas jouer les premiers rôles.

« LA COURSE NE SE FAIT PAS DANS UN CANAPÉ »

Peut-être que cette année, la génération française est simplement un petit ton en-dessous de ce qui se fait de mieux au Monde ?
Il y a des individualités dans les autres nations qui nous sont supérieurs, intrinsèquement. On a quand même obtenu de très bons résultats cette année à l'international mais sur des pics de forme précis... Quand les mecs étaient vraiment au top du top.

Mais les garçons n'arrivent pas "au top" pour le Mondial ?
L'environnement Championnat reste compliqué pour tout le monde. Hier (vendredi) soir, nous n'avons pas dormi à l'hôtel. On est venu se rapprocher et déménager pour éviter le transfert très tôt le matin (l'Equipe de France réside cette semaine à proximité de l'aéroport de Bergen, soit à 18 kilomètres du centre-ville. Les Juniors sont donc venus au centre ville vendredi soir, NDLR). En plus, c'était l'euphorie à l'hôtel de l'Equipe de France après le titre de Benoît Cosnefroy et c'était sans doute bien pour les Juniors de les extraire de cette folie-là. Mais quand même... Hier, évidemment, je n'allais pas leur interdire de vivre la course Espoirs et de regarder la télé. Ils ont vécu le truc, ils ont vibré. Et au briefing, il a bien fallu leur dire : "Attention les gars, ne soyez pas spectateurs de votre propre Championnat. Il va falloir passer en mode action". Car sinon, tu te mets simplement à rêver mais c'est ton fantôme qui pédale. La course ne se fait pas dans un canapé.

« UN PEU PLUS DANS LA MOYENNE »

Y'a-t-il malgré tout du positif à retenir de ces Mondiaux ?
L'Equipe de France est une grosse machine et je pense qu'ils l'ont réalisé sur ces Mondiaux. C'est tout un contexte, dans un grand événement, et je pense qu'ils vont en ressortir grandis. On voit des mecs qui arrivent à se transcender le Jour-J. Il faut prendre exemple.

Es-tu content de la saison 2017 de l'Equipe de France Juniors ?
Tous les ans, on repart de zéro ou presque. Au 1er février, sur les six coureurs présents sur ce Mondial, je ne connaissais que Flo. C'est un travail à vitesse accéléré. On était pas mal en Coupe des Nations même si on se fait sortir du podium par les Italiens aujourd'hui. Il y a une petite pointe de regrets là-dessus mais on fait toujours partie des meilleures nations Juniors malgré tout. Certaines années, tu as des superbes individualités et parfois, tu es simplement un peu plus dans la moyenne. Cela dit, quand on pense à tous les jeunes Français présents ici, j'ai envie de dire que l'avenir leur appartient. A eux de bosser.  

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