On a retrouvé : Clément Bourgoin

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Clément Bourgoin était proche de réaliser un très gros coup à Quelneuc, le 8 janvier 2012, sur le Championnat de France Élites de cyclo-cross. À la lutte avec les favoris jusque dans les derniers mètres de course, l'ancien pensionnaire de Charvieu-Chavagneux IC, battu d'un souffle par Francis Mourey pour la troisième marche du podium, a dû se contenter de la médaille en chocolat (voir classement). La saison suivante, terrassé par des blessures à répétition, le Rhônalpin, à la recherche de son meilleur coup de pédale, n'a plus jamais été en mesure de rééditer une telle performance. Aujourd'hui âgé de 30 ans et éloigné des sous-bois, il revient sur sa passion du cyclo-cross et sur son expérience à Charvieu-Chavagneux IC pour DirectVelo.  

DirectVelo : En 2012, suite à ta 4e place sur le Championnat de France Elites, tu confiais être déçu (lire ici). Depuis, as-tu pris du recul sur cette performance ?
Clément Bourgoin : Oui, aujourd'hui, ça reste un super souvenir. En ce début d'année 2018, j'ai regardé le Championnat de France de cyclo-cross à la télévision avec émotion car j'avais plein de souvenirs qui remontaient à la surface. À l'époque, j'étais très exigeant envers moi-même et au vu de la course que j'avais réalisée ce jour-là, la quatrième place ne pouvait pas me satisfaire. Avant ce Championnat de France, je n'étais pas sélectionné pour les Mondiaux mais cette performance m'avait permis d'obtenir mon billet pour Coxyde, dans le sable, en Belgique. Là-bas, c'est la Mecque du cyclo-cross. C'était impressionnant et une superbe expérience. À l'époque, de toute manière, quelque soit la course et son importance, je prenais du plaisir.

Pourquoi avoir mis un terme à ta carrière, en août 2013 ?
Cette année-là, j'ai eu plusieurs blessures à répétition. En 2012, j'ai été victime d'une tendinite au genou. Pendant quatre ou cinq mois, j'étais contraint de faire des séances de kiné. Quand j'ai voulu reprendre la compétition, je me suis fracturé la clavicule le 14 juillet 2012 sur ma course de reprise, au Grand Prix de Charvieu-Chavagneux (lire ici). C'était le pire moment possible pour être blessé. Après, j'ai peiné pendant toute la saison de cyclo-cross. Je n'avais pas de sensations. À la fin de l'hiver, j'avais de nouveau mal au genou. Rouler était devenu un enfer, je ne me faisais plus plaisir. Je me suis dit que je ne pouvais pas continuer comme ça.

Et depuis, es-tu remonté sur le vélo ?
J'ai arrêté pendant trois ans et je me suis remis au vélo cet été. Je n'ai pas tellement le temps de rouler avec mon emploi du temps. Je travaille dans un bureau d'industrialisation. Je m'occupe de tout ce qui est prototype des pièces en carbone pour les hélicoptères et les avions. Je roule pour le plaisir, une fois par semaine avec des amis, sans prise de tête, ni aucune contrainte !

« RALLUMER CETTE FLAMME »

Quel regard portes-tu sur l'évolution du cyclo-cross depuis ta fin de carrière ?
Je trouve ça vraiment dommage que le cyclo-cross intéresse moins les gens qu'il y a quelques années. Je pense que ça peut être une discipline intéressante pour les sponsors. En 2012, aux Championnats de France de Quelneuc, le maillot de Charvieu-Chavagneux IC passait à la télévision pendant toute la course, ça faisait plaisir. Le club était vraiment content. D'ailleurs, c'était une déception de ne pas avoir montré les couleurs du club sur le podium.

Justement, ton ancienne équipe, Charvieu-Chavagneux IC lance une équipe UCI en cyclo-cross...
C'est clairement une bonne chose ! Quand je l'ai appris, j'étais hyper content. Il y a un gros niveau en Rhône-Alpes depuis de longues années. Il ne faut pas le perdre. Je pense que Charvieu-Chavagneux IC va faire beaucoup pour le cyclo-cross français. Une équipe qui marche fort va forcément intéresser les coureurs étrangers. Monter un gros team en France serait grandiose. J'espère que ça contribuera à élargir la culture du cyclo-cross en France et à ramener du monde dans la discipline, comme c'était le cas plusieurs années en arrière. Il y avait vraiment un engouement pour le cross, c'était une grande famille et aujourd'hui, il faut rallumer cette flamme. Si Charvieu-Chavagneux IC y parvient, ça serait génial. C'est une équipe qui a compté pour moi.

Et pendant tes années vélo, aurais-tu aimé intégrer une telle structure ?
Oui, forcément. Rejoindre une équipe comme celle-là est une opportunité que l'on ne peut avoir cinquante fois dans sa vie. D'ailleurs, aujourd'hui, il n'y en a que deux en France. Un club qui met autant de moyens pour suivre ses coureurs et les emmener à un tel niveau, c'est grandiose. J'aurais aimé avoir ça mais je n'ai jamais manqué de quoi que ce soit à Charvieu-Chavagneux IC.


« LA CULTURE DU CYCLO-CROSS EST ANCRÉE À CHARVIEU »


Et à l'époque, comment ça se passait à Charvieu-Chavagneux IC ?
Quand je courais, Daniel Calabrin était le président du club. Il n'y avait pas vraiment d'équipe dédiée au cyclo-cross même s'ils ont toujours aimé ça. Le club m'a tout de suite mis un mécano à disposition et un entraîneur. Le président était à fond derrière moi. En fait, Charvieu-Chavagneux IC a toujours eu cette culture du cyclo-cross. J'avais un soutien financier et moral. C'était un espèce de team personnel. Le président vient de changer, c'est maintenant David Aberbour. C'est énorme et très fort ce qu'il fait, il amène de la jeunesse et du renouveau. C'est dommage que l'équipe UCI n'existait pas à l'époque où je courais, mais il faut vivre avec son temps.

Tu étais donc bien encadré !
Oui surtout que mes parents m'ont également beaucoup soutenu sur les cyclo-cross régionaux. Sur les manches de Coupe de France, c'était mon mécano qui gérait tout, qui nettoyait et préparait mes vélos. Je n'avais qu'à penser à ma course. Mon job, c'était de pédaler et de gagner des épreuves.

As-tu le sentiment d'avoir contribué à ancrer la culture du cyclo-cross à Charvieu-Chavagneux IC ?
Ce n'est pas moi qui ai amené cette culture, d'autres personnes l'ont fait avant comme Christophe Morel par exemple. J'avais justement choisi de signer à Charvieu-Chavagneux IC parce que je savais qu'ils ne me mettraient pas de bâtons dans les roues pour faire du cyclo-cross. J'espère avoir amené des jeunes à vouloir faire du cross et avoir apporté un petit plus. La culture du cross est tellement ancrée au club de Charvieu-Chavagneux IC que c'est une véritable passion pour tout le monde là-bas. Je n'ai plus de liens directs avec eux, mais quand je vais sur une course, je ne peux pas m'empêcher d'aller les voir.

« AUTANT DE PASSION QUE DE MOYENS »

Le projet a donc tout pour réussir ?
Je pense qu'ils ont mis dans le projet autant de moyens que de passion. Christophe Morel, pendant longtemps, était un exemple pour moi. Aujourd'hui, il suit le projet, c'est un grand nom du cyclo-cross. Le nouveau président, David Aberbour, est hyper passionné. Avec tout ça, ils peuvent aller très loin. J'en serais super heureux.

A l'époque, imaginais-tu la création de cette nouvelle équipe UCI ?
Non, je ne m'y attendais pas du tout. Ça faisait un moment que j'avais coupé les ponts avec le monde du vélo. Durant cet été j'ai renoué le contact, j'allais sur DirectVelo pour suivre les résultats. Pendant des années, après avoir arrêté la compétition, j'ai mis ma passion entre parenthèses. Le vélo n'était plus un plaisir. Aujourd'hui, ma passion pour le cyclo-cross est revenue et elle ne s'effacera pas du jour au lendemain... D'ailleurs, je ne le souhaite pas.

De quoi avoir à nouveau envie d'accrocher des dossards sur les cyclo-cross ?
Personnellement, j'aime courir, j'aime le challenge et me battre sur la machine. J'ai envie de monter sur un vélo quand je regarde des courses. Encore aujourd'hui, ça me fait un pincement au cœur. Dans un sens, ça me donne envie de me remobiliser et de me battre pour retrouver un bon niveau. Pourtant, je ne suis pas prêt à refaire tant de sacrifices que j'en ai fait et sans sacrifices, il est impossible d'avoir un bon niveau.

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