Adria Moreno, au nom du père

Crédit photo Philippe Pradier

Crédit photo Philippe Pradier

Adria Moreno n’a pas été en réussite, le week-end dernier. Vainqueur de la 2e étape du Tour du Pays Roannais en costaud, l’Espagnol s’était présenté sur la dernière étape dominicale dans la peau du leader du classement général. Alors qu’il espérait contrôler son adversaire principal, Adrien Guillonnet (SCO Dijon), dans les différentes ascensions, l’Espagnol a finalement été écarté de la course à la victoire finale suite à une crevaison au pire des moments, après avoir déjà perdu trois de ses coéquipiers sur chute, dès le tout début de course. Malchanceux, Adria Moreno préfère tout de même retenir le positif de cette épreuve, lui qui fait actuellement preuve d’une grande régularité, en témoigne sa 6e place au Challenge BBB-DirectVelo (voir ici). Au moment de marquer une petite coupure, le coureur de 27 ans fait le point avec DirectVelo.

DirectVelo : Il s’est passé beaucoup de choses sur ce Tour du Pays Roannais, notamment le dernier jour !
Adria Moreno : (Rires). C’est sûr qu’il y a pas mal de choses à raconter, mais j’ai vu qu’Adrien Guillonnet avait déjà raconté ce qu’il s’était passé et la malchance qui a été la mienne (lire ici). J’ai gagné la 2e étape et j’ai pris le maillot de leader. Il restait donc l’étape du dimanche pour défendre ce maillot. Je me sentais très bien et l’équipe était également forte et très motivée à l’idée de gagner le général. Mais dès le quatrième kilomètre, trois de mes coéquipiers sont tombés dans une grosse chute. Je me suis retrouvé assez vite esseulé. Leonardo (Bonifazio) a fait un bon travail jusqu’au pied de la principale difficulté puis Adrien (Guillonnet) et ses coéquipiers ont monté l’ascension à un rythme très élevé, ce qui a fait la sélection. J’ai réussi à répondre à toutes les attaques, même si Adrien semblait très fort.

« MENTALEMENT, J’AI ESSAYÉ DE RESTER FORT, MAIS C'ÉTAIT IMPOSSIBLE »

Tout semblait sous contrôle, malgré le fait que tu sois seul de l’équipe…
Jusqu’à ce que je sois victime d’une crevaison. La voiture de dépannage neutre m’a changé la roue mais ça ne fonctionnait pas très bien… Ca n’allait pas avec le vélo. Je ne pouvais pas bien freiner et je voulais changer de matériel. Je me suis retrouvé à une trentaine de secondes du groupe, et je n’ai jamais pu rentrer. Clairement, je n’ai vraiment pas eu de chance. A la limite, si j’avais crevé à un autre moment, plus tôt dans la course, j’aurais eu le temps de régler tout ça. Mais là, ce n’était pas le moment pour être embêté. On venait de faire l’effort dans la montée et tout seul face au groupe lancé à l’avant, c’était cuit. Mentalement, j’ai essayé de rester fort, mais c’était impossible de rentrer. J’ai vite compris que j’allais perdre la course…

Pour rester positif, tu es quand même reparti du Roannais avec une victoire d’étape !
Oui, c’est quand même le moment qu’il faut retenir de ce week-end. Nous sommes à peu près à mi-saison et gagner maintenant, sur une course de ce niveau, c’est important. Je tournais autour mais je commençais à ressentir la pression du succès. C’était frustrant de ne pas gagner, alors que j’avais le sentiment de passer près assez souvent. Je crois que j’avais quelque chose comme dix-neuf Top 10 jusqu’à présent. Là, ça y est, c’est fait, j’ai gagné ! Et on dit souvent que la première victoire est la plus dure à aller chercher.

« CHAQUE COUP DE PÉDALE, C’EST POUR LUI »

Lors de cette victoire d’étape au Pays Roannais, tu as pointé un doigt vers le ciel à l’arrivée. Tu as dédié ce succès à une personne disparue ?
Oui, c’était pour mon père, qui nous a malheureusement quitté au mois d’août dernier. Je tenais à lui dédier cette victoire, comme toutes les autres. Désormais, je me bats sur le vélo en sa mémoire et il me donne la force d’aller chercher au bout de mes forces. Chaque coup de pédale, c’est pour lui, dans le but de passer professionnel, ce dont nous avons rêvé tous les deux, ensemble. Il n’avait jamais fait de cyclisme lui-même, mais il m’a toujours accompagné et aidé au maximum dans mon projet. Il me soutenait totalement. Le plus beau, ce serait que je puisse un jour participer au Tour de Catalogne. C’est une épreuve que nous allions voir tous les deux pendant des années, près de la maison, et ce serait formidable que je puisse y participer un jour. Ce serait la plus belle des dédicaces.

Si l’on regarde tes résultats des dernières semaines, tu as terminé 2e du Tour de la Manche, 6e de la SportBreizh, 11e du Tour de Savoie Mont-Blanc et donc 7e du Tour du Pays Roannais dans les conditions que l’on connaît : c’est très intéressant, non ?
C’est vrai que j’ai été très régulier ces dernières semaines. J’étais arrivé très motivé en Savoie et j’ai réussi à obtenir un Top 10 sur l’étape reine, par exemple. Je ne suis pas mécontent de la façon dont se déroule ma saison, c’est sûr. Mais ce n’est pas fini. J’ai pris le temps de souffler quelques jours en Espagne cette semaine mais je vais vite me concentrer sur la suite, à commencer par la prochaine manche de la Coupe de France DN1 (Entre Brenne et Montmorillonnais, NDLR). Pour le reste, je pense aussi au Tour Alsace, qui pourrait être une belle épreuve pour moi. Et bien sûr, il y aura les dernières manches de la Coupe de France, qui sont importantes pour l’équipe. De mon côté, j’espère que l’on me donnera une opportunité de passer professionnel. Que ce soit en France, en Espagne ou ailleurs, peu importe (sourires). Mais j’y crois et je vais continuer de me battre pour cela.      

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Portrait de Adrià MORENO SALA