Tour de France : Sur les traces de... Julien Bernard

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

C’est reparti pour un Tour ! Une nouvelle fois, tout au long de la “Grande Boucle”, DirectVelo vous propose de partir “Sur les traces de” coureurs du Tour de France, en évoquant grâce à un coéquipier, un adversaire, un dirigeant ou un proche, ses saisons dans les catégories de jeunes, ou en Amateurs. Aujourd’hui, Sébastien Grédy nous parle de son expérience, en tant que coéquipier puis que directeur sportif, auprès de Julien Bernard, au SCO Dijon. Ce dernier dispute désormais son premier Tour de France avec la Trek-Segafredo. 

« J’ai été coureur avec lui, au SCO Dijon. Je me souviens de ma victoire sur Châtillon-Dijon, où il avait roulé pour moi. Il y avait un gros vent de côté et il était directement venu rouler pour moi, sans se poser de questions, alors qu’il aurait pu s’en foutre. Lui aussi avait gagné cette même course par la suite (en 2015, voir classement). D’ailleurs, on a souvent gagné sur des courses en commun. Sur le Tour de Côte d’Or, il avait gagné la 1ère étape, on avait perdu le maillot sur le chrono du lendemain matin puis j’avais moi-même gagné l’étape de l’après-midi même. Du coup, on s’était mutuellement payé un coup à boire ! 

« IL A PETIT À PETIT PRIS CONSCIENCE QU’IL POUVAIT FAIRE CARRIÈRE »

Il a un nom qui parle dans le vélo, mais il ne se la pétait pas, en tant que “fils de Jean-François Bernard”. Il était plutôt humble, et c’est d’ailleurs ce que j’ai bien aimé chez lui. Je me doute que ça ne doit pas être évident à vivre pour lui, il doit être souvent comparé à son père. Dans l’équipe, on n’évoquait pas tout ça. Je lui avais simplement dit que si j’avais commencé le cyclisme, c’était parce que j’étais fan de son père. Mais sinon, on ne parlait pas de cette situation et de comment il pouvait bien la vivre.

Il a souvent été impressionnant. Je me souviens notamment des 4 jours des As-en-Provence, en 2014. Il avait gagné l’épreuve et ça s’était joué à la place sur le dernier sprint (voir classement). Tous les copains avaient roulé pour lui puis il avait assuré, alors qu’il n’est pas spécialement sprinteur. Mais il s’était fait violence pour faire une bonne place et rester dans la roue du coureur le plus menaçant au général. A cette période-là, il était devenu un coureur important de l’équipe, un leader, même. Il poussait le groupe, il faisait monter tout le monde d’un cran. Surtout, il était sérieux, il s’entraînait correctement et donnait l’exemple aux autres. Comme ça marchait, les autres se disaient que c’est sûrement comme ça qu’il fallait travailler… Cela dit, Julien avait d’abord pris ça à la rigolade. On se marrait bien dans l’équipe, et lui le premier. Il a petit à petit pris conscience qu’il pouvait faire carrière, mais la rigolade et le sérieux ne sont pas forcément opposés. Ce n’était pas un garçon timide, il déconnait beaucoup. Il était super pote avec Guillaume Barillot à l’époque, mais lui ne s’était pas assez entraîné alors que finalement, il avait peut-être un poil plus de talent que Julien. Mais encore une fois, c’est le travail qui fait la différence, et Julien savait ce qu’il voulait.

« LA COFIDIS A DIT “NON”, IL ÉTAIT DÉGOÛTÉ »

Sur ses deux dernières saisons au SCO, il n’avait plus peur de prendre la parole dans le groupe, avant les briefings par exemple. Il motivait les mecs et il avait clairement pris en maturité. On le sentait prêt à passer au-dessus. Il avait déjà des qualités variées, notamment au chrono. En général, lorsque tu es bon contre-la-montre, tu fais un bon coureur. Par contre, sa grosse lacune était le placement dans un peloton. Mais quand je le vois à la télé aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’il a bien progressé dans ce domaine (sourires). De toute façon, on voit bien qu’il a progressé partout, même en montagne.

Il est passé pro assez tardivement, finalement, mais il n’a jamais lâché l’affaire. Il a quand même douté. Durant l’été 2015, je sais qu’il était en contact avec la Cofidis. Il y croyait fort… Et puis la Cofidis a dit “non”. Il était dégoûté, il me l’avait dit. Mais je sais qu’il était prêt à refaire une saison au SCO Dijon. Le problème, c’est qu’il commençait à se demander ce qu’il pouvait faire de plus chez les Amateurs pour convaincre une équipe pro de le prendre. Il accusait le coup… Mais à peine deux jours plus tard, la Trek-Segafredo l’a appelé ! Il a été stagiaire là-bas puis il y est de suite passé pro pour l’année suivante. Trois ans plus tard, le voilà sur le Tour de France. Je lui ai envoyé un petit message récemment pour lui dire qu’il allait devenir un vrai coureur ! J’espère que ça marchera bien sur ce Tour, mais je ne suis pas inquiet pour lui ».

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