Maxime Pasturel : « Je ne voulais pas être noyé »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Maxime Pasturel est à n’en pas douter l’une des belles surprises de la saison 2018. Relativement discret à l'échelle nationale chez les Juniors malgré quelques résultats intéressants, le Breton s’est révélé cette année en collectionnant pas moins de 21 Top 10 pour ses débuts parmi l'Elite, sous les couleurs de Laval Cyclisme 53. Courtisé par différentes formations de DN1 du grand ouest en fin de saison, le résident de Guipry-Messac (Ille-et-Vilaine) a pourtant fait le choix de rester fidèle à Laval, où réside sa petite amie. En 2019, il continuera également de travailler, dès 5h du matin, avant d’aller s’entraîner les après-midi. DirectVelo a fait le point avec un coureur qui devrait encore faire parler de lui la saison prochaine.

DirectVelo : Il était difficile de t’imaginer réaliser une telle saison en 2018 !
Maxime Pasturel : Je suis très satisfait. J’ai passé le cap facilement en passant des Juniors aux Élites et je n’ai pas trop vu la différence de niveau. J’ai commencé la saison en deuxième catégorie et finalement, j’ai rapidement fait de bons résultats. Je me suis retrouvé à marcher en Élites assez vite, sur Redon-Redon (4e), qui était d’ailleurs mon premier objectif de l’année. Ensuite, j’ai très régulièrement été dans les Top 10, jusqu’en juillet et au Tour des Deux-Sèvres. J’ai fini complètement cramé là-bas, après avoir bien enchainé, puisque j’étais arrivé aux Deux-Sèvres juste après avoir fait Mareuil. Puis avec mon entraîneur, on a fait la bêtise de vouloir tester quelque chose : on a opté pour une coupure totale d’une semaine, sans vélo, enchaînée avec deux semaines d’entraînement, sans compétition. Ce n’est pas à refaire (sourires).

Ce n’était pas une bonne idée ?
Je l’ai payé cash par la suite. C’est bête car en fait, j’aurais sans doute pu continuer sur ma lancée jusqu’à la fin de la saison, même si on ne le saura jamais. Quand il a fallu retourner au boulot, j’ai eu du mal. Mentalement, j’avais l’impression de revenir de vacances et je n’ai pas réussi à me remettre dedans. C’est quand même bien revenu sur la toute fin de saison, avec un nouveau Top 10 au Tour de Rhuys, alors que j’ai fait toute la course devant sur Paris-Tours Espoirs. J’étais bien content !

« IL Y AVAIT UNE QUINZAINE DE BRETONS MEILLEURS QUE MOI »

Tu as totalisé vingt-et-un Top 10, en étant Espoir 1, alors que tu n’avais cumulé “que” huit Top 10 à l'échelle nationale sur l’ensemble de tes deux saisons Juniors au préalable. C’est une progression impressionnante !
Depuis les Minimes, je ne cesse d’évoluer tout le temps. Par contre, je n’arrive jamais à être le meilleur. Quand je me compare à des garçons de ma génération comme Alexis (Renard) ou Florentin (Lecamus-Lambert), je vois bien qu’ils ont un truc en plus. Mais bon, je suis là, dans les Top 10, sans arrêt. C’est déjà très bien, en attendant peut-être mieux.

N’es-tu pas surpris d’une telle progression ?
Si, quand même… C’est vrai que quand ça roule super vite, j’arrive à bien tenir, avec les hommes forts. C’est une fierté. Je travaille à fond pour ça, pour faire partie des meilleurs. Je réalise que j’ai beaucoup progressé. Je parlais à l’instant d’Alexis et Florentin : il y a un an ou deux, il y avait une quinzaine de Bretons meilleurs que moi en Juniors. Cette année, je fais partie des tous meilleurs Espoirs 1, alors que d’autres n’ont pas forcément confirmé. C’est très plaisant.

« UN EMPLOI DU TEMPS SUPER SPEED »

Tu as bouclé la saison à la 7e place du Challenge BBB-DirectVelo des Espoirs 1ère année…
J’ai bien suivi le Challenge. J’étais même 4e avant ma fameuse coupure du mois de juillet (sourires). Avant ça, j’essayais de grappiller les moindres points un peu partout, mais j’ai perdu des places pendant l’été. Théo Nonnez a gagné ce Challenge et pendant l’été, il m’est arrivé de faire jeu égal avec lui. C’est le genre de choses qui me boostent énormément pour les années à venir. En plus, quand je vois comme je bosse à côté, je me dis que j’ai encore une sacrée marge de progression.

Tu travailles en parallèle de ta pratique du cyclisme ?
Oui. Cette année, je bossais 35 heures par semaine dans un magasin de vélos. C’était vraiment difficile car j’avais un emploi du temps super speed. J’avais deux voire trois heures de pause à midi et j’en profitais pour aller rouler, un peu moins de deux heures. Mais quelle galère ! Parfois, j’avais à peine le temps de manger un truc à l’arrache et je retournais au boulot. Ce n’était vraiment pas l’idéal.

« SI JE DOIS ME LEVER À 4H LE LUNDI MATIN... »

Tu emploies le passé…
J’ai mis un terme à cet emploi mais je travaille toujours. Depuis la rentrée scolaire, je bosse à Intermarché, 30 heures par semaine, cette fois. Ce sera sans doute un peu plus simple car j’aurai plus d’aménagements. Je serai en week-end dès le vendredi midi, ce qui me laissera du temps pour mes week-ends de compétition. Je suis également en train de voir si je pourrai, à partir de février, passer en 25 heures et avoir également mes lundi, histoire de pouvoir récupérer des compétitions. Car si je dois me lever à 4h le lundi matin, ça risque d’être un peu compliqué.

A 4h ?
Je commence à 5h le matin, voire à 6h parfois. Mais ce n’est pas un problème. J’ai l’habitude, mes parents sont boulangers. C’est une habitude à prendre. Je bosse très tôt mais au moins, à midi, c’est fini. Je vais rouler l’après-midi et je m’autorise une sieste de 40 minutes (sourires). Je pense faire ça pendant un an. Ensuite, on verra.

« DE NOUVELLES PORTES S’OUVRENT »

Avec les résultats que tu as obtenus cette saison, beaucoup auraient fait le choix de ne se consacrer qu’au vélo…
Je préfère assurer mes arrières, et j’ai besoin d’un peu d’argent. C’est bien de gagner sa vie. Je veux savoir ce que c’est, si je ne fais pas carrière dans le vélo. Pour être honnête, j’ai été contacté par plusieurs formations intéressantes ces derniers mois. En fait, toutes les DN1 du coin m’ont appelé : Sojasun, Loudéac, Rouen, Nantes… Mais je ne voulais pas rejoindre une DN1 maintenant.

Pourquoi ?
C’était trop tôt et je ne voulais pas être noyé dans un groupe trop fort, où j’aurais sans arrêt fait l’équipier. Je n’ai pas envie de passer trois ou quatre ans dans une DN1… J’irai sans doute dans une équipe comme ça un peu plus tard, et ce sera pour y faire une très grosse saison et essayer de passer pro juste après. C’est possible. Il n’y a qu’à voir les parcours de garçons comme Théo Nonnez, Alexys Brunel, Clément Davy et d’autres… Avec une équipe comme la Conti Groupama-FDJ, de nouvelles portes s’ouvrent. C’est très encourageant. En attendant, je suis les conseils de mon “cousin” Arnaud Courteille (le mari de sa cousine, NDLR), avec qui il m’arrive régulièrement de rouler. Il est passé par là et je sais qu’il sera toujours de bons conseils. Je voulais rester à Laval l’an prochain et je sais que je ne regretterai pas ce choix. Si je fais encore une grosse saison en 2019, peut-être que je prendrai une autre décision pour l’année suivante. Mais on n’en est pas encore là.

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